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La chute du prédicateur Tariq Ramadan

La chute du prédicateur Tariq Ramadan

Tariq Ramadan est en prison. Le prédicateur suisse d’origine égyptienne a été inculpé, vendredi 2 février, pour viol de personne vulnérable, avant d’être incarcéré. Récit de la chute du théologien.

20 Octobre 2017. Alors que la parole se libère sur les réseaux sociaux en pleine affaire Weinstein à Hollywood, une femme, du nom de Henda Ayari, porte plainte contre Tariq Ramadan. Cette ancienne salafiste – aujourd’hui militante « laïque et féministe », comme la présente la presse française – l’accuse de l’avoir agressée en marge d’un congrès de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) en 2012.

« J’ai gardé le silence depuis plusieurs années par peur des représailles car en le menaçant de porter plainte pour le viol dont j’ai été victime, il n’avait pas hésité à me menacer et à me dire également qu’on pourrait s’en prendre à mes enfants, j’ai eu peur et j’ai gardé le silence tout ce temps », explique Henda Ayari sur Facebook.

Alors que Tariq Ramadan conteste les faits qui lui sont reprochés, le parquet de Paris ouvre une enquête.

Quelques jours plus tard, le 27 octobre ; une seconde plainte est déposée par une femme de 40 ans, présentée sous le pseudonyme « Christelle ». Elle souffre d’un handicap après un accident de voiture et dit avoir été victime de violences sexuelles dans une chambre d’hôtel à Lyon en 2009. À l’époque, cette femme, une Française convertie à l’islam, entretenait une correspondance avec Tariq Ramadan.

Il faut attendre le lendemain pour que l’intellectuel très médiatique sorte enfin du silence. Dans un message publié sur son compte Facebook (suivi par plus de deux millions de personnes), il dénonce une « campagne de calomnie » enclenchée par ses « ennemies de toujours ». Car, si l’islamologue bénéficie d’une certaine popularité dans les milieux conservateurs musulmans, il est aussi honni par d’autres -et pas seulement dans les milieux laïcs- qui mettent en garde contre « le double discours de Ramadan ». Parmi eux, figurent même des personnalités politiques influentes, à l’image de l’ancien premier ministre Manuel Valls.

D’autres révélations compromettantes pour le petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans Hassan el-Banna vont suivre. En Suisse, quatre anciennes élèves du théologien l’accusent d’abus commis pour certaines quand elles étaient encore mineures. Cette fois-ci, l’intellectuel ne pourra pas dire qu’il est attaqué pour ses idées.

Si la présomption d’innocence existe et exige alors la prudence, le mal est fait. L’image de l’intellectuel musulman, marié et père de quatre enfants -qui a toujours défendu une morale rigoriste – est écornée. Il faut dire que depuis des années, le charismatique prédicateur a construit sa réputation sur cette image d’homme pieux qui condamne notamment les relations sexuelles hors mariage. Et, ce même homme fait désormais l’objet de deux plaintes pour viols.

| LIRE AUSSITariq Ramadan inculpé pour viols et incarcéré à Paris

Ces révélations mettent dans l’embarras le milieu universitaire. En l’occurrence, la prestigieuse université d’Oxford où Tariq Ramadan est professeur d’études islamiques contemporaines, une chaire financée par le Qatar. Dans un communiqué, publié le mardi 7 novembre, l’université britannique indique que « les obligations d’enseignement, de supervisions et d’examens du professeur Ramadan seront redistribuées et il ne sera pas présent à l’université ou au collège ». La direction ajoute qu’elle a « constamment reconnu la gravité des allégations portées contre le professeur Ramadan, tout en insistant sur l’importance d’un juste équilibre, du principe de justice et du respect de la procédure ».

Même au Qatar, pourtant généreux sponsor du prédicateur, Tariq Ramadan n’est plus le bienvenu, croit savoir Le Point. « Selon mes sources à Doha, cela va encore plus loin : Ramadan serait interdit de séjour. On lui a vivement conseillé de ne plus mettre les pieds dans l’émirat afin d’éviter de gros ennuis. », explique au journal français, Antonio Amaniera, responsable du site Worldnewsmedias.com, dédié au Qatar.

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