Les tensions entre la France et l’Algérie montent d’un cran. Paris a mis à exécution sa menace de remettre en cause l’accord bilatéral de 2013 portant exemption réciproque de visa pour les porteurs d’un passeport diplomatique. Selon France Info, les ressortissants algériens qui détiennent un tel document sont désormais soumis à l’obtention d’un visa pour pouvoir entrer en France.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait déjà annoncé mercredi dernier l’expulsion de tous les diplomates algériens porteurs d’un passeport diplomatique mais qui n’ont pas de visa, en réaction à la demande exprimée dimanche 11 mai par l’Algérie de rapatrier l’ensemble des agents français affectés en Algérie dans des conditions irrégulières.
Avant cet épisode, les deux pays avaient procédé à la mi-avril à des expulsions réciproques d’agents consulaires. À l’incarcération d’un agent consulaire algérien en France, Alger a réagi en déclarant persona non grata 12 fonctionnaires de l’ambassade et des consulats de France placés sous l’autorité du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Paris a répliqué par l’expulsion du même nombre d’agents consulaires algériens et le rappel pour consultations de l’ambassadeur en Algérie Stéphane Romatet.
Le visa pour la France obligatoire pour les Algériens porteurs d’un passeport diplomatique
Ce samedi 17 mai, France Info a rapporté que le visa est désormais obligatoire pour les ressortissants algériens porteurs d’un passeport diplomatique. D’après un document de l’état-major de la direction générale de la police nationale (DGPN) que le média dit avoir consulté, « tous les ressortissants algériens, titulaires de passeports diplomatiques ou de service, sont soumis à l’obligation de détenir un visa pour franchir les frontières extérieures françaises« .
Le document ajoute que tout "ressortissant algérien, titulaire de passeport diplomatique ou de service qui ne détient pas de visa (…) fera l’objet d’une procédure de non-admission/refoulement« . L’état-major de la police a aussi demandé aux agents des forces de l’ordre de « rendre compte de toute difficulté rencontrée » dans l’application de cette mesure.
Le 23 avril, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait indiqué que la prochaine étape de ce qu’il appelle la "riposte graduée" vis-à-vis de l’Algérie pourrait être la remise en cause de l’accord de 2013 d’exemption de visa pour les porteurs d’un passeport diplomatique.
Jeudi 15 mai, la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a reconnu que les choses "ne bougent pas« et ont »empiré« entre Paris et Alger et fait part de la possibilité de prendre d’autres mesures »plus importantes" qui pourraient toucher la diaspora algérienne en France.
"Aujourd’hui, le ministre des Affaires étrangères, le président de la République et le Premier ministre travaillent sur d’autres dispositions plus importantes, en particulier sur une partie de la diaspora algérienne", a-t-elle dit.