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La malédiction des présidents algériens

La malédiction des présidents algériens

En Algérie, aucun président de la République n’a jamais terminé son mandat normalement depuis 1958. Même avant l’indépendance du pays, le poste du chef de l’Etat était marqué par l’instabilité. Ferhat Abbas, premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), en 1958, est écarté en 1961 pour des considérations politiques.

On critiquait son attitude qualifiée de molle face à la France. Il a été remplacé par Benyoucef Benkhedda qui ne reste à la tête du GPRA que treize mois. La crise de l’été de 1962, la guerre entre le GPRA et « le clan d’Oujda », mettent Benkhedda à l’écart de l’action politique.

Benyoucef Benkhedda, Ferhat Abbas, Hocine Lahouel et Mohamed Kheirddine connaissent une longue traversée du désert et un bannissement avec confiscation de biens imposée par le régime militaire de Houari Boumediène.

Ce dernier s’est allié en 1962 avec Ahmed Ben Bella pour le faire porter au pouvoir au nom d’une logique de clans. Mais, Ben Bella ne reste pas longtemps chef d’Etat, à peine deux ans. Il est reversé le 19 juin 1965 par le colonel Houari Boumediène. Le coup d’Etat militaire, soutenu par Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, est qualifié de « redressement révolutionnaire ».

Deux colonels et un général

Houari Boumediène, qui se débarrasse de ses opposants, commandite des assassinats et suspend l’action du Parlement, reste au pouvoir pendant treize ans avant d’être emporté par une mystérieuse maladie. Il aurait été empoisonné, selon des médecins russes.

Refusant toute contestation de son action et toute opposition, Boumediène aurait resté aussi longtemps que possible au pouvoir, d’après ceux qui l’ont connu. A sa mort, le colonel est remplacé par un autre colonel en 1979, Chadli Bendjedid qui dirige le pays jusqu’à 1992.

Il ne termine pas, lui aussi, ses mandats. Il est poussé à la démission par les militaires dans ce qui ressemble à un coup d’Etat blanc après la victoire de l’ex-FIS aux élections législatives de décembre 1991. Chadli Bendjedid cède sa place à un historique, Mohamed Boudiaf qui n’a même pas le temps de bien comprendre la situation politique complexe de l’Algérie. Il est assassiné le 29 juin 1992 par un militaire alors qu’il entendait engager une vaste opération contre la corruption en présidant le Haut Comité d’Etat (HCE).

Ali Kafi, un ancien colonel de la guerre de libération, prend le relais pour gérer le pays entre juillet 1992 et janvier 1994 avant d’être remplacé par le général Liamine Zeroual.

Zeroual conduit une brève période de transition d’une année avant d’être élu en 1995. Il ne reste que trois ans à la présidence de la République. Il décide de démissionner le 11 septembre 1998 pour ouvrir la voie à Abdelaziz Bouteflika, élu en avril 1999. Bouteflika démissionne vingt ans après, le mardi 2 avril, et demande pardon aux Algériens. Les présidents algériens semblent frappés par la malédiction de ne jamais terminer leurs mandats d’une façon normale.

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