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La vaccination Covid en Algérie au point mort : « Où en est-on ? »

La vaccination Covid en Algérie au point mort : « Où en est-on ? »

La situation épidémiologique liée au Covid-19, qui est relativement stable en Algérie avec moins de 100 cas positifs par jour, suscite des débats sur l’immunité collective qu’auraient acquise les Algériens face à cette maladie.

Certains spécialistes l’évoquent ouvertement, mais d’autres préfèrent être prudents, alors que la campagne de vaccination est au point mort.

« Pour avoir l’immunité collective, il vous faut qu’au moins 60% de la population soit immunisée soit en ayant contracté la maladie ou bien que la majorité ait été vaccinée, ou alors les deux. Or, on n’est pas dans ce cas de figure », explique pour TSA, le Dr Mohamed Yousfi, chef du service des maladies infectieuses à l’EPH de Boufarik (Blida).

« Aucune étude ou enquête sérologique n’a été faite par le ministère de la Santé, ce qui ne nous permet pas d’avoir une idée sur le pourcentage des personnes ayant contracté la maladie. C’est sur la base de ce pourcentage qu’on peut savoir si l’on a atteint l’immunité collective ou pas », expose le spécialiste qui déplore que la vaccination contre le Covid en Algérie demeure encore à l’état « embryonnaire ».

« On n’a même pas atteint un taux de vaccination de 0,1% », appuie-t-il pour souligner le retard abyssal dans cette campagne de vaccination sur laquelle un black-out total semble avoir été décrété.

Depuis le lancement symbolique le 30 janvier de la campagne vaccinale contre le Covid-19, les autorités sanitaires n’ont fourni aucun bilan sur le nombre de personnels soignants ni sur les personnes âgées avec comorbidités, deux catégories prioritaires, ayant été vaccinées.

« Qu’est-ce qui a été fait exactement ? »

Au total, l’Algérie a acquis 300 000 doses de trois vaccins : 50 000 du russe Spoutnik V, 50 000 autres d’AstraZeneca et 200 000 du vaccin chinois Sinopharm qui plus est sous forme de don. Soit de quoi vacciner 150 000 personnes, à raison de deux doses chacune.

« Alors qu’on doit avoir au moins 30 millions de doses pour arriver à l’immunité collective. Et si l’on parle de 30 millions de doses, cela signifie qu’on va vacciner 15 millions de personnes », relève l’infectiologue.

Président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), le Dr Yousfi affirme qu’il ne peut pas chiffrer le nombre de soignants ayant reçu les injections, les données, précise-t-il, étant concentrées au niveau du ministère de la Santé.

Une certitude toutefois, elle concerne la faiblesse des quantités de vaccins reçues par l’Algérie et censées être injectées au corps soignants.

« Le quota des vaccins réceptionnés n’est même pas suffisant pour vacciner le quart des corps soignants qui sont autour de 500 000 », étaye-t-il.

Le praticien pointe l’absence de communication autour de la gestion de la campagne de vaccination. « Qu’est-ce qui a été fait exactement ? Quels sont les engagements des labos par rapport à l’Algérie ? En un mot, où en est-on ? », se demande le Dr Yousfi.

Autant d’interrogations et de zones d’ombres qui n’aident pas les professionnels de la santé pour convaincre les citoyens à se faire vacciner et à adhérer aux mesures barrières alors qu’un relâchement total est observé.

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