Politique

L’Algérie critique la présence militaire française au Mali

L’armée française est engagée dans la lutte contre le djihadisme au Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane, depuis 2013. Les autorités algériennes de l’époque avaient autorisé les avions militaires français à survoler le territoire algérien pour se rendre dans le nord du Mali.

Cependant, cette autorisation a été retirée samedi 3 octobre dernier en réaction aux propos controversés tenus le 30 septembre par le président français Emmanuel Macron à l’égard des dirigeants de l’Algérie et de son histoire.

Lire aussi : Algérie – France : le Parlement algérien contre-attaque

Le 23 octobre, le journal français Le Monde a rapporté qu’une éventuelle présence russe dans la région via la société Wagner n’est pas perçue à Alger comme « un repoussoir ».

Contactée par TSA le jour-même, une source algérienne  a soutenu qu’un rééquilibrage de la présence française n’est pas vu d’un mauvais œil par l’Algérie. « Tout ce qui peut rééquilibrer la présence militaire française dans la région n’est pas forcément mauvais », avait déclaré la source.

Dix jours après cette déclaration, un haut responsable algérien s’est exprimé sur la question et a confirmé qu’Alger ne bénit pas la présence de l’armée française dans le nord du Mali.

Il s’agit de Ammar Belhimer, ministre de la Communication. Interrogé le 2 novembre par le site Algeria Network News, M. Belhimer s’est interrogé sur l’utilité de la présence française au Mali du moment que les Nations-Unies ont mis en place la Minusma et que « les Français eux-mêmes reconnaissent que l’opération Barkhane est un échec ».

Le ministre algérien a aussi rappelé que les forces françaises ont été accusées par les autorités maliennes de soutenir des groupes armés.

« Il n’y a pas de doute que les hauts responsables maliens ont toutes les preuves qui confortent leurs déclarations quant au soutien de la France aux groupes armés dans leur pays, dans le sillage de la logique militaire française visant, selon eux, à anéantir les sources du terrorisme », dit-il.

La France, ancienne et « actuelle » puissance coloniale en Afrique 

Sans appeler directement au départ des forces françaises, Belhimer souligne qu’il s’agit d’une demande des Maliens eux-mêmes, qui l’ont exprimée dans la rue.

Ammar Belhimer ajoute qu’une enquête des Nations Unies a confirmé que les forces françaises ont tué 19 civils se trouvant dans une fête de mariage à Bounty, au centre du Mali et que « cet incident a été précédé par le meurtre de plusieurs civils dans d’autres zones, ce qui a suscité une ébullition et une grande colère parmi les Maliens ».

Enfonçant davantage le clou, le ministre de la Communication va jusqu’à qualifier la France d’ « actuelle » puissance coloniale en Afrique.

« Les Africains, notamment la jeunesse, demandent à la France de lever la main sur leurs pays », comme l’ont démontré les interventions des participants au dernier sommet France-Afrique « en présence du président de l’ancienne –disons et de l’actuelle- puissance coloniale », a indiqué M. Belhimer.

Sur la crise entre la France et l’Algérie et les relations tendues entre les deux pays, Belhimer a tenu des propos tout aussi tranchés, invitant la France à « se libérer de son complexe d’ex-puissance coloniale » et l’accusant d’héberger « des terroristes et des criminels » dans le but, dit-il, d’ « attenter à la souveraineté et à la sécurité nationale en ciblant sa stabilité et son unité ».

« Près de 100 sites électroniques marocains mènent une guerre cybernétique contre l’Algérie, en plus de l’enrôlement de traitres et de mercenaires, considérés comme des influenceurs, qui écrivent sous des pseudonymes dans des médias marocains hostiles comme Maghreb Intelligence. Des sites français et sionistes participent à cette guerre et tentent par leur haine et leurs informations fallacieuses d’influencer les positions de l’Algérie et son nouvel élan d’édification », a ajouté l’ex porte-parole du gouvernement.

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