L’Algérie est résolument engagée dans une guerre aux pratiques illégales lors des opérations d’importations qui freinent le développement de son économie et qui saignent ses ressources.
Outre la spéculation sur les produits alimentaires de base, le gouvernement a aussi dans sa ligne de mire le phénomène de surfacturation des importations que le Premier ministre assimile à un « cancer ».
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Aïmene Benabderrahmane s’exprimait ce jeudi 20 octobre à l’ouverture d’un forum sur le développement des exportations organisé à Alger par l’organisation patronale Crea, le Conseil du renouveau économique algérien.
Le chef de l’Exécutif a réitéré que l’objectif de son gouvernement était de construire une économie non tributaire des hydrocarbures, conformément à l’engagement pris par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune dans son discours d’investiture en 2019, de « bâtir une économie forte, créatrice de richesses et d’emplois ».
La stratégie en cours se résume au soutien aux producteurs nationaux, l’encouragement des exportations et la rationalisation des importations. Le gouvernement s’attèle, selon le Premier ministre, à « barrer la route devant toutes les tentatives de fuite de devises sous couverts d’opérations d’importation fictives ou l’importation de produits superflus dont ni l’économie nationale ni le citoyen n’ont besoin ».
Pour Benabderrahmane, la surfacturation des importations est un « cancer qui a gangréné le corps » de l’économie algérienne « pendant de longues années » et « il est temps de l’extirper définitivement et de réprimer quiconque aura recours à ces pratiques ».
Malgré les difficultés induites par la crise sanitaire liée au Covid-19, le gouvernement a entrepris de mettre en place une politique commerciale visant à diversifier les exportations hors hydrocarbures ainsi que la régulation et la baisse des importations « sans toucher aux besoins essentiels et vitaux des citoyens et les intrants nécessaires à l’économie ».
C’est une politique de commerce extérieur « qui met les besoins du marché national et des consommateurs comme principes essentiels pour protéger la production et les producteurs nationaux », a-t-il expliqué.
Le Premier ministre a livré quelques chiffres qui illustrent cet engagement à assainir l’activité. L’Algérie comptait par le passé 43.000 importateurs et 200 exportateurs qui n’étaient pas en plus des exportateurs « permanents » à cause des entraves.
Les exportations hors hydrocarbures encore en hausse
Aujourd’hui, il reste seulement 13 000 importateurs, soit 30 000 de moins, alors que le nombre des exportateurs inscrits a atteint 3 000, dont 1500 ont « effectué des opérations concrètes d’exportation ».
« Nous ne sommes pas contre l’importation, nous sommes contre l’importation qui a saigné les ressources nationales et qui a failli mener l’Algérie à l’endettement extérieur », a-t-il assuré.
En interne, le gouvernement s’engage à poursuivre aussi l’assainissement du secteur commercial et à mettre en place les outils et mécanismes nécessaires pour un meilleur contrôle du commerce et une meilleure organisation, par notamment « la lutte contre le commerce informel et son intégration dans l’activité commerciale légale, la réorganisation du marché et la moralisation et la numérisation de l’activité commerciale ainsi que le développement du commerce électronique, la protection du consommateurs, la consolidation de la concurrence et la lutte contre les pratiques déloyales ».
La nouvelle politique du gouvernement commence à porter ses fruits avec l’augmentation des exportations hors hydrocarbures.
Alors que le seuil des 2 milliards de dollars par an était perçu comme « impossible », l’Algérie a dépassé en 2021, et pour la première fois, les 5 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures, selon les chiffres officiels.
En 2022, ce montant a été réalisé pendant les 9 premiers mois (5 milliards de dollars au 30 septembre dernier), avec l’objectif d’atteindre 7 milliards à la fin de l’année.
L’objectif pour 2023 est d’atteindre 10 milliards de dollars, a indiqué le Premier ministre aux opérateurs économiques. 2023 devrait être aussi l’année où l’Algérie couvrira tous ses besoins en sucre et huile de table et 80 % de ses besoins en produits pharmaceutiques, a-t-il ajouté.
« Je sais, il y a des entraves et une résistance au changement, mais nous œuvrons à les lever, quelles qu’elles soient et au niveau de toutes les administrations », a promis Benabderrahmane, annonçant plusieurs mesures envisagées, dont la numérisation des Impôts, l’allègement de la pression fiscale, la finalisation du système informatisé des douanes avant la fin de l’année en cours et l’ouverture à la même échéance d’agences des banques nationales dans des pays africains et européens.