Économie

L’Algérie nationalise des entreprises d’oligarques en prison

L’avenir des entreprises ayant appartenu à des oligarques condamnés définitivement par la justice dans des affaires de corruption commence à s’éclaircir.

Selon Hocine Bendif, directeur général du secteur public marchand au ministère de l’Industrie, les sociétés ayant appartenues à des hommes d’affaires incarcérées seront nationalisées par l’Etat.

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Sur Echourouk News, M. Bendif a annoncé ce mercredi que deux sociétés du groupe KouGC, des frères Kouninef, ont été intégrées officiellement au secteur public marchand.

Elles vont fonctionner sous de nouvelles appellations. Dans ce cadre, l’usine de fabrication d’huile de table sise à Jijel a été « nationalisée », a-t-il affirmé.

A sa place, une nouvelle société publique verra le jour, dénommée Kotama Agrifood, propriété du groupe public Madar.

« C’est un projet gigantesque qui va participer non seulement à la réduction des importations, mais il va satisfaire 50% de la demande nationale en huile de table. L’usine va également couvrir environ 80% des aliments de bétail » du pays, a expliqué M. Bendif.

La récupération de ces entreprises privées s’est faite par le rachat par l’Etat des actifs de ces entreprises au Trésor public qui en était le détenteur suite à la condamnation définitive de leurs ex propriétaires.

La deuxième entreprise, acquise sous le même mode cité précédemment et ayant appartenu aux frères Kouninef, a été créée sous le nom de « Mahroussa ». Située à Alger, elle reprend l’ancienne usine de production de l’huile de table sous la marque Safia et qui a été vendue aux frères Kouninef durant le règne du président Abdelaziz Bouteflika (1999-2019).

L’entreprise Tahkout sous tutelle du ministère des Transports

Le 31 décembre 2020, les frères Kouninef ont été condamnés en appel à de lourdes peines allant de 8 à 20 ans de prison pour « trafic d’influence », « blanchiment d’argent » et « obtention d’indus avantages ».

Ces rachats d’actifs de sociétés ayant appartenu à des oligarques définitivement condamnés par la justice, dans le cadre de la récupération de l’argent détournés, se poursuivront, a assuré Hocine Bendif.

« Toutes les propriétés confisquées par une décision définitive (de la justice) seront récupérées par l’Etat », a-t-il assuré, citant les actifs de l’homme d’affaires Ahmed Mazouz, le groupe ETRHB d’Ali Haddad ou encore l’entreprise Tahkout de transport des étudiants. La société de transport de Tahkout, la plus grande du genre en Algérie, sera placée sous tutelle du ministère des Transports, selon M. Bendif.

Le but de ces opérations étant de sauvegarder l’outil de production et surtout les postes d’emplois, selon M. Bendif, ajoutant que de cette récupération d’actifs n’est qu’un juste retour dans le giron de l’Etat d’actifs financés par l’argent des banques publiques. 

Les frères Kouninef, Ali Haddad, Mahieddine Tahkout, Ahmed Mazouz et d’autres hommes d’affaires ont été arrêtés après la chute du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019 sous la pression de la rue et de l’armée. Ces arrestations, suivies de lourdes condamnations, ont été opérées dans le cadre de de vastes enquêtes sur la grande corruption durant le règne de Bouteflika.

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