Société

L’Algérie ne renonce pas à la tablette à l’école

Bien que critiqué, et même abandonné dans certains pays comme la Suède, l’usage de la tablette électronique à l’école a toujours la cote en Algérie. Le gouvernement ne renonce pas à son projet de généraliser cet outil dans les établissements scolaires.

L’année passée, une opération pilote d’introduction de la tablette a touché 1.600 écoles, selon le ministre de l’Éducation, qui avait aussi indiqué que 5,5 millions d’élèves allaient bénéficier du livre numérique.

L’opération se poursuit puisqu’à cette rentrée 2023-2024, prévue le 19 septembre, 1.200 établissements scolaires seront dotés de tablettes didactiques, selon le directeur de l’enseignement primaire au ministère de l’Éducation nationale, M’hamed Daifallah, qui s’exprimait ce lundi 11 septembre sur les ondes de la Radio algérienne.

Les réserves émises quant à l’efficacité de cet outil ne semblent donc pas prises en compte. À la rentrée de l’année passée, Salah Lazari, ancien inspecteur de l’éducation, avait pointé sur TSA le problème de surcharge des classes, indiquant qu’il est plus facile pour l’élève d’assimiler les cours avec les méthodes classiques dans un groupe réduit que dans une classe de 50 élèves dotés de tablettes didactiques.

Salah Lazari avait souligné que « de bien meilleures solutions que la tablette existent ».

Les critiques émises par les pédagogues se fondaient aussi sur la tendance constatée dans certains pays pionniers dans l’introduction de la numérisation dans les écoles comme la Suède, mais qui se sont retrouvés contraints de faire machine arrière après que des études aient montré que la tablette produisait le juste contraire de l’effet escompté.

C’était notamment le cas en Suède, où des spécialistes ont démontré que l’usage de la tablette était responsable du déclin du niveau des élèves. La Suède était justement l’un des pays pionniers en la matière, en investissant massivement dans la numérisation de l’école, avec le double objectif d’alléger le poids du cartable et d’améliorer la qualité de l’enseignement.

Tablette à l’école : la Suède l’abandonne, l’Algérie y croit toujours

Le cartable a été en effet allégé, mais dix ans plus tard, une baisse inquiétante du niveau des élèves a été constatée dans ce pays nordique, réputé pour la qualité de son enseignement.

Des études de spécialistes n’ont pas tardé à l’imputer à la numérisation, ce qui a amené le pays à investir de nouveau, mais cette fois pour se défaire de la tablette. En mai dernier, le gouvernement suédois a annoncé des investissements de 100 millions d’euros pour retourner aux méthodes classiques et rétablir le papier, livres et cahiers, dans les écoles.

La numérisation de l’école coûte très cher à l’Algérie. Pour doter 12 millions d’élèves de tablettes numériques, des sommes colossales doivent être déboursées par l’État, et cela risque d’être au détriment des autres priorités qui attendent, comme l’amélioration des conditions dans les écoles (chauffage, transport, mobilier, cantines…).

D’autant plus qu’il est impensable de faire supporter le coût de cet outil aux parents, qui ont déjà du mal à payer les fournitures classiques, particulièrement chères cette année.

L’investissement dans la numérisation n’est pas inutile si, au bout, il y a l’amélioration des conditions de l’enseignement et du niveau des élèves, l’allègement du cartable, etc.

Ce serait en revanche une pure perte si l’Algérie devait, dans quelques années, renoncer à la tablette pour rétablir, au coût d’autres investissements, le livre et le cahier. Il est impératif de prendre en compte l’avis des spécialistes et de regarder ce qui se passe dans le monde avant de foncer dans un projet qui risque d’être abandonné au bout de quelques années.

D’autant que l’introduction de la tablette à l’école en Algérie n’a pas été précédée d’un débat sur son utilité et ses bénéfices pour les élèves ou d’une étude prouvant son efficacité comme outil pédagogique.

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