L’Algérie a conclu un accord d’importation de poulets du Brésil pour faire face à la hausse des prix de la viande blanche. Il s’agit de poulets halal, un secteur où le savoir-faire de la filière brésilienne lui permet de percer à l’international, rapporte l’agence Reuters.
Dans un communiqué, le ministère de l’agriculture du Brésil indique qu’à la suite de négociations avec la partie algérienne, les certifications et exigences en matière de santé et de sécurité ont été examinées.
L’association brésilienne des transformateurs de poulets (ABPA), s’est félicitée de cet accord qui ouvre pour la première fois le marché algérien aux importations de poulets.
Avec près de 15 millions de tonnes, le Brésil est le troisième producteur mondial de poulets, après les États-Unis et la Chine. En 2022, le Brésil a vendu des poulets à la Chine, les Émirats arabes unis, le Japon, l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite. Avec près de 2 millions de tonnes exportées vers le monde arabe, le Brésil est devenu un des leaders du marché halal.
Les exportateurs brésiliens sont encouragés par la politique du gouvernement qui les aide à conquérir de nouveaux marchés. En 2022, cinq nouvelles usines ont reçu un agrément pour exporter du poulet halal vers l’Irak.
Selon Ricardo Santin, président d’ABPA, les viandes halal proviennent d’animaux abattus selon une méthode spécifique prescrite par la loi islamique.
« Nous allons axer notre stratégie sur la complémentarité avec la demande locale de produits », a déclaré M. Santin qui a insisté sur le fait que le Brésil dispose d’un « solide savoir-faire » en matière d’exportation de viande de poulet halal et que son pays sera en « mesure de répondre aux exigences de ce marché ».
C’est en septembre dernier que le ministère de l’Agriculture et du développement rural algérien a annoncé l’importation ponctuelle de viande blanche dans un contexte de hausse des prix.
Le prix du kilo de poulet complet a dépassé 600 DA. Plusieurs bouchers témoignent du changement de comportement des consommateurs. « Celui qui achetait un poulet entier n’achète dorénavant qu’une moitié. Et celui qui achetait une moitié n’achète seulement un quart. Certains consommateurs achètent que des ailes, ou le cou » confiait récemment un commerçant à Ennahar TV.
Fin septembre, un boucher confiait à la chaîne Ness Djijel ne pas être responsable de la hausse des prix : « Nous ne prenons qu’une marge de 10 DA par kilo ».
Le poulet brésilien bientôt sur les tables algériennes
Le poulet brésilien reste très compétitif. A titre d’exemple, il faut compter 4 euros pour un kilo d’escalopes contre 7 euros pour un poulet français. En Algérie, un kilo d’escalopes a atteint 1.200 dinars (8 euros au taux de change officiel : un euro pour 144,9 dinars)
Cette compétitivité, le Brésil la doit à plusieurs facteurs : un coût limité de sa main d’oeuvre et de l’alimentation animale, une industrie largement soutenue par les pouvoirs publics et une réglementation sanitaire « à la carte ».
Dans une étude consacrée à la filière brésilienne, l’institut avicole français (ITAVI) notait en 2012: « La position prise par le gouvernement par rapport à l’ensemble de ces aspects sanitaires permet ainsi aux filières brésiliennes de respecter les impératifs des importateurs les plus exigeants, comme l’Union Européenne, mais aussi de limiter leurs coûts pour abonder des marchés moins regardants ».
L’alimentation des volailles repose principalement sur le maïs et le soja, un poste qui représente 70%. Mais, du fait de sa position de pays producteur de ces deux produits, le Brésil bénéficie de prix du maïs et du tourteau de soja qui se situent à des niveaux inférieurs à ceux constatés en Europe.
De la Flavomycine dans un élevage brésilien
En janvier dernier, la télévision française a réalisé une enquête sur l’élevage avicole au Brésil dans la province de Santa Catarina. Lors de l’émission Capital sur M6, Luiza Schneider membre de l’association de défense des animaux Mercy for animal Brésil » a témoigné d’un mode d’élevage visant une croissance très rapide des poulets.
Ceux-ci atteignent un poids de 2,8 kilos au bout de 39 jours d’élevage. Mais on observe un manque d’espace dans les bâtiments impliquant une absence de mobilité des poulets. Des images ont montré également le manque de litière, ce qui accentue les problèmes de peau des animaux.
Plus grave, la visite d’un autre élevage a révélé l’emploi de Flavomycine, un antibiotique incorporé à l’aliment et utilisé comme activateur de croissance. Une pratique interdite en France depuis 2006 mais encore autorisée au Brésil. En 2012, ce sont 14 antibiotiques que pouvaient utiliser les éleveurs au Brésil.
Développer le poulet algérien
En Algérie, la filière avicole se trouve face à de multiples défis : réduire le coût du poste aliment, améliorer les bâtiments d’élevage et former les éleveurs à la biosécurité.
Des études réalisées par l’Institut technique de l’élevage (ITELV) de Baba Ali (Alger) montrent qu’il est possible de remplacer partiellement dans les rations le maïs par de l’orge.
L’Algérie dispose de 7 millions d’hectares de terre dont seulement 1,8 million d’hectares ont été semées en 2022. Quant aux bâtiments d’élevage, au Brésil une partie d’entre eux sont climatisés. Un exemple à suivre en Algérie afin d’améliorer le taux d’occupation des poulaillers notamment en été.
Enfin, quant aux cantines et à la restauration rapide, l’utilisation des protéines végétales texturées (PVT) est une alternative qui reste à envisager. Elle se développe à l’étranger et permet la confection de kebab, escalopes, aiguillettes et nuggets à partir de tourteaux de soja issu des usines de trituration du soja.
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