Économie

L’Algérie peut-elle livrer plus de gaz à l’Europe ? La réponse du PDG de Sonatrach

Avant même le début de la guerre en Ukraine, on a beaucoup évoqué l’Algérie comme potentielle alternative au gaz russe qui pourrait cesser d’être acheminé vers l’Europe.

Le 9 février, l’agence Reuters a rapporté que les Etats-Unis se sont rapprochés de multinationales pétrolières opérant en Algérie pour voir la possibilité d’extraire et d’expédier des quantités supplémentaires de gaz.

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Ce dimanche, le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal a indiqué que des « réflexions sont menées au niveau européen pour garantir l’approvisionnement en gaz pour les pays qui sont très dépendants de la Russie. » « Des discussions sont menées avec d’autres pays, comme le Qatar, l’Algérie, le Nigéria. Mais il y a aussi un travail sur l’amortissement de l’augmentation des prix du gaz », a-t-il dit.

Le 24 février, soit le jour même du lancement de l’opération militaire russe, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a réitéré la disponibilité de l’Algérie à contribuer à la sécurité énergétique de ses partenaires. C’était dans un message lu en son nom par le Premier ministre à l’occasion de l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures.

Cette question de l’approvisionnement de l’Europe dans le contexte que la crise ukrainienne a été posée au PDG de Sonatrach dans une interview parue ce dimanche 27 février dans le quotidien Liberté.

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L’occasion pour Toufik Hakkar de rappeler que l’Algérie contribue à hauteur de 11% dans le total des importations en gaz du vieux continent qu’elle alimente via son réseau de pipelines qui accumule une capacité d’expédition de 42 milliards cm3 de gaz naturel et sous forme liquéfiée.

Cela, a-t-il ajouté, grâce à une capacité de production de plus de 50 millions de m3 de GNL et une flotte de 6 méthaniers.

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« Par sa proximité de l’Algérie, l’Europe est le marché naturel de prédilection pour les produits énergétiques algériens », rappelle encore le PDG, qui précise que  « Sonatrach entretient des relations commerciales historiques avec des partenaires Européens notamment espagnols et italiens » qui considèrent la compagnie algérienne comme « un fournisseur fiable et un acteur important et stratégique sur le marché du gaz ».

Production et exportations en hausse

Toufik Hakkar révèle à l’occasion que le groupe public pétrolier algérien dispose d’une capacité non utilisée sur le gazoduc Transméditerranéen, « qui pourrait être utilisée pour augmenter les approvisionnements du marché européen ».

La contribution de Sonatrach pourrait s’élargir aux pays non desservis par les gazoducs reliant l’Algérie et l’Europe à travers des ventes GNL. Mais ces appoints, nuance-t-il, « sont tributaires de la disponibilité des volumes excédentaires après satisfaction de la demande du marché national, de plus en plus importante, et de ses engagements contractuels envers ses partenaires étrangers ».

Quoi qu’il en soit, Sonatrach « est et demeurera un partenaire et un fournisseur fiable de gaz pour le marché européen et est constamment disponible et disposée à soutenir ses partenaires de long terme dans le cas de situations difficiles », assure son PDG.

M. Hakar a indiqué par ailleurs que Sonatrach continuera à honorer ses engagements envers ses clients, notamment pour le gaz naturel, et placera tout excédent sur le marché spot « qui affiche actuellement des conditions favorables en matière de prix ».

Selon M. Hakkar et la production et l’exportation d’hydrocarbures se portent bien avec des augmentations en 2021 de 5 et 17%  respectivement par rapport à 2020.

Le chiffre d’affaires à l’export a dépassé 35 milliards de dollars (contre 20 milliards en 2020) et la production a atteint 185 Millions TEP (tonnes équivalent pétrole) en 2021, grâce au maintien des gisements et à la mise en service de plusieurs projets.

« L’apport de ces projets nous a permis de satisfaire le marché national dont les ventes ont totalisé 64 Millions TEP, en augmentation de 8% par rapport à 2020, et d’augmenter notre niveau d’exportation à 95 Millions TEP pour faire face à une demande soutenue tout au long de l’année 2021 », révèle en outre Toufik Hakkar. La cadence sera maintenue avec d’importants investissements, dont 8 milliards de dollars dès cette année 2022, a-t-il indiqué.

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