Des réformes sont urgentes en Algérie pour diversifier une économie dépendante aux hydrocarbures et éviter une crise économique dès 2019, a averti lundi le centre d’analyses International Crisis Group (ICG).
L’Algérie, qui tire l’essentiel de ses revenus du pétrole, a subi de plein fouet la dégringolade des cours entre 2014 et 2017.
Or « les nouvelles réalités financières ne permettent plus de maintenir le niveau élevé de dépenses publiques des dix dernières années, qui vide rapidement les caisses de l’Etat », a indiqué l’ICG dans un rapport intitulé « Surmonter la paralysie économique de l’Algérie ».
« Malgré les promesses des gouvernements successifs de faire des réformes et de rééquilibrer les finances publiques, la paralysie politique a fait obstacle à toute mesure décisive », s’est-il inquiété. Cette paralysie est renforcée par l’incertitude autour d’une candidature du président Bouteflika à un 5e mandat en avril prochain.
Et en dépit du « rétablissement du cours du pétrole, la crise économique pourrait frapper le pays dès 2019 » et « se greffer aux tensions entourant la présidentielle », a averti l’ICG.
« Les autorités reconnaissent que le modèle actuel est à bout de souffle mais peinent à le corriger », a souligné le rapport, regrettant que les réformes économiques « ont eu tendance à être reportées ».
Selon l’ICG, deux facteurs paralysent celles-ci: « des groupes d’intérêt » influents qui « défendent le statu quo » et le souvenir de la guerre civil, née des troubles politico-sociaux ayant suivi les mesures d’austérité des années 1980 et 1990.
Le centre a estimé insuffisantes les coupes budgétaires et la « politique monétaire expansionniste, qui alimente l’inflation et permet seulement au gouvernement de gagner du temps sans s’attaquer aux problèmes de fond ».
« A terme, l’Algérie ne pourra pas se contenter d’apporter de petits ajustements techniques à sa politique économique », a-t-il ajouté, jugeant inévitable une renégociation du « contrat social implicite » dans le pays, « à savoir que l’Etat pourvoit aux besoins d’une population tenue de s’exécuter ».
Mais « toute renégociation doit être envisagée avec prudence », a souligné l’ICG. Les moins de 30 ans (55% de la population selon les statistiques officielles) « entrent aujourd’hui sur le marché du travail avec de sombres perspectives d’avenir et une capacité considérablement réduite de l’Etat à les soutenir ».
L’Algérie peut néanmoins compter sur une dette extérieure inférieure à 2% du PIB et à des partenaires, européens notamment, « prêts à apporter leur soutien », a argué le centre.
Les analystes ont appelé Alger à plus de transparence sur l’état des finances publiques, les difficultés économiques, les réformes nécessaires et leurs résultats attendus et à « mettre l’accent sur les jeunes dans l’élaboration du programme de réformes ».
Il l’a aussi invité à élargir son « éventail » d’interlocuteurs, limités à l’UGTA et au Forum des chefs d’entreprises.