Économie

L’Algérie sera-t-elle privée de blé français ?

À compter du 25 avril, la phosphine, un produit antiparasitaire, utilisé sur céréales stockées devrait être interdit en France, ce qui bloquerait l’exportation du blé de ce pays vers des pays comme l’Algérie.

Or les traitements insecticides sont exigés par de nombreux pays acheteurs de blé français dont l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). L’Algérie sera-t-elle privée de blé français ?

L’interdiction de la phosphine vient de la décision d’un organisme français, l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire française (Anses).

Cet insecticide est généralement utilisé sous forme de fumigation dans les silos à blé et pour la désinfection de la cale des bateaux chargées des cargaisons de céréales.

Céréales : la phosphine, indispensable dans les silos

Ce produit est également utilisé par l’Office algérien des céréales (OAIC) pour la protection des céréales stockées dans les silos. Pour cela les agents utilisent une combinaison, des gants et un masque car le gaz dégagé peut être dangereux pour l’homme en cas d’inhalation de doses massives.

Des études réalisées par des universitaires algériens montrent que les insectes peuvent réduire de 40% la masse des grains stockés et nuire à la qualité de la farine produite.

Aussi, de nombreux pays, dont ceux du Maghreb, stipulent dans leur cahier des charges que les cargaisons de céréales soient ainsi traitées pour faire face à la pullulation des insectes s’attaquant aux grains. Ces attaques sont d’autant plus importantes que la multiplication des insectes est favorisée par les températures.

Blocage des exportations françaises de blé

L’interdiction de l’utilisation de la phosphine dans la cale des navires bloque donc toute possibilité d’exportation de blé français. L’Algérie n’est pas le seul pays concerné. En tout, cette année ce sont quelque 11,5 millions de tonnes de céréales françaises qui sont en jeu.

La filière céréale française est vent debout contre cette décision. Ce dimanche Éric Thirouin, président des producteurs de blé et céréaliers français a déclaré sur Sud Radio que cette mesure pouvait faire perdre des parts de marché à la France au profit de la Russie.

Seule la France concernée

Cette décision ne concerne que la France. L’autorisation d’utilisation de la phosphine a été renouvelée dans la plupart des pays européens.

Côté français, les autorités s’activent pour trouver une solution. Mardi le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht promis que des décisions seront prises « d’ici au 25 avril » pour que la France puisse poursuivre ses exportations de blé.

Pour sa part, le ministre de  l’Agriculture Marc Fesneau a indiqué que la France poursuivrait son rôle dans le maintien de la « sécurité alimentaire » mondiale.

La presse française fait état d’une proposition faite à l’Anses consistant en l’ajout d’une « mention spéciale concernant l’export vers un pays qui exige ou accepte le traitement par fumigation ».

Menaces sur le commerce des céréales

L’Algérie via l’OAIC diversifie la provenance des céréales achetées à l’étranger. Cependant, cet épisode illustre les menaces qui pèsent sur le commerce international des céréales.

Un commerce qui aura connu plusieurs péripéties : guerre en Ukraine, arrêt du transit des céréales en provenance de la mer Noire puis accord permettant leur passage provisoire à travers le détroit du Bosphore.

L’accord conclu sous l’égide de la Turquie reste fragile. La partie russe s’estime lésée par le faible niveau d’exportation de ses céréales et surtout de ses engrais. En fonction de quoi, elle s’estime en droit de dénoncer l’accord.

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