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L’Algérie veut les rejoindre : ce qu’il faut savoir sur les Brics

L’Algérie veut les rejoindre : ce qu’il faut savoir sur les Brics

Il est question depuis quelques mois de l’adhésion de l’Algérie aux Brics, le conglomérat de pays émergents dont les dirigeants se réunissent en sommets annuels.

L’acronyme est constitué des initiales des pays qui composent le groupe, soit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.

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L’éventuelle adhésion de l’Algérie le ferait devenir les Bricsa. A sa création en 2009, le groupe s’appelait les Bric, avant l’admission de l’Afrique du Sud en 2011.

Certains utilisent actuellement l’acronyme des Bricsam pour inclure le Mexique, qui ne fait pas partie du groupe, mais qui est très proche des pays qui le composent par la taille de son économie et son statut de pays émergent.

Les Brics sont l’équivalent chez les puissances émergentes du G8 regroupant les pays les plus riches de la planète. L’Algérie peut-elle réellement prétendre à en faire partie ? Le projet est en tout cas évoqué au plus haut sommet de l’Etat et de la manière la plus officielle qui soit. Même du côté des pays déjà membres, l’éventuelle adhésion de l’Algérie est accueillie favorablement, du moins par la Chine et la Russie.

Fin juillet dernier, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a exprimé la volonté de l’Algérie de rejoindre les Brics, les qualifiant de « force politique et économique » qui permet de « s’éloigner de l’attraction des deux pôles ».

En juin, Abdelmadjid Tebboune s’était exprimé en visioconférence au sommet du groupe et plaidé pour un nouvel ordre mondial plus équitable. Le chef de l’Etat avait indiqué que l’Algérie remplissait certains des critères mis en place par les pays fondateurs pour rejoindre le groupe.

La taille des Brics

En évoquant les critères, les Brics exigent un taux de croissance d’au moins 5%. Le FMI prévoit pour l’Algérie en 2022 un taux de 4,7%. Concernant le PIB et la taille de l’économie, en 2011, année de l’adhésion de l’Afrique du Sud, les cinq pays des Brics représentaient 27% de l’économie mondiale avec plus de 27 000 milliards de dollars.

En 2014, ils ont atteint 14 000 milliards, égalant le PIB cumulé de toute l’Union européenne. Les Brics ont surtout cette caractéristique d’avoir un fort potentiel et une croissance rapide. En 2025, sans nouvelles adhésions, ils détiendraient selon les prévisions 40% du PIB de la planète. En 2001, ils représentaient à peine 16%.

Les Brics c’est aussi, grâce à la démographie de la Chine et de l’Inde, 41% de la population mondiale.

Lors d’une rencontre avec les walis en septembre dernier, le président Tebboune a indiqué que « la vraie croissance », c’est celle qui permettra à l’Algérie de « rejoindre les Brics ».

Il est vrai que l’Algérie n’a en ce moment ni la croissance ni la moyenne du PIB des membres du groupe qu’elle aspire à rejoindre. Le PIB de l’Algérie s’est situé en 2021 à 165 milliards de dollars. La Chine par exemple fait plus de 18 000 milliards de dollars de PIB, l’Inde 3500 milliards, la Russie 1700 milliards, le Brésil 1700 et l’Afrique du Sud 410  milliards de dollars.

On remarque qu’entre les cinq pays qui constituent actuellement les Brics, il y a de très fortes disparités (plus de 17 000 milliards de dollars séparent le premier, la Chine, et le dernier, l’Afrique du Sud).

Ils ont néanmoins des PIB par habitant en parité du pouvoir d’achat plus rapprochés : Afrique du Sud 14 000 dollars, Brésil 16 000, Chine 19 000,  Inde 7 300 et Russie 32 000. L’Algérie est dans la fourchette avec 12 000 dollars par habitant. Les chiffres sont ceux de 2021, établis par la Banque mondiale.

Ce que l’Algérie pourrait gagner

De nombreux autres pays nourrissent l’ambition de rejoindre le groupe. Il s’agit entre autres de l’Arabie Saoudite, de l’Iran, de l’Egypte, du Nigeria…

Hormis le royaume pétrolier du Golfe et ses 880 milliards de dollars de PIB, aucun de ces pays n’a un très fort produit intérieur s’approchant de 1000 milliards.

La taille du PIB ne peut donc être un frein à l’adhésion de l’Algérie. D’autant plus que le principal membre, la Chine, a annoncé récemment qu’elle plaidera pour la candidature d’une dizaine de pays, dont certains ont un PIB loin du niveau de celui des Brics. Il s’agit de l’Argentine, l’Égypte, l’Iran, l’Indonésie, le Kazakhstan, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Nigeria, le Sénégal et la Thaïlande.

La Chine s’est aussi exprimée en faveur de l’adhésion de l’Algérie, avec laquelle elle entretient d’excellentes relations. Cette position a été annoncée en septembre dernier par le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, qui a indiqué que son pays accueillait favorablement l’adhésion de l’Algérie. La candidature algérienne, déposée officiellement en ce début novembre 2022, compte un autre gros soutien, la Russie.

L’Algérie peut apporter sa position géographique pour permettre au groupe de contrôler une plus grande proportion du commerce international. Elle pourrait en retour peser davantage sur le plan diplomatique en sa qualité de pionnier du Non-alignement, bénéficier de projets structurants avec les pays membres et avoir accès aux financements de la New development bank, créée en 2014, ainsi qu’aux systèmes alternatifs au dollar américain et au Swift. Elle pourra aussi pénétrer les marchés intérieurs des pays membres, qui sont des marchés à très fort potentiel.

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