Économie

L’Algérie veut relancer l’industrie de montage des smartphones

Depuis 2019, le marché algérien des portables est alimenté en smartphones d’une manière frauduleuse et irrégulière, après la décision du gouvernement de mettre au régime préférentiel l’assemblage des téléphones mobiles.

Le constat est du ministre de l’Industrie, Ali Aoun. D’où la nécessité de relancer au plus vite la production locale, stoppée net après la suspension du dispositif CKD-SKD. Au-delà du retour à la normale concernant l’approvisionnement du marché, il est attendu de la reprise de l’activité la création de dizaines de milliers d’emplois en Algérie.

Après avoir relancé l’industrie pharmaceutique et la production automobile, Ali Aoun s’attaque à l’industrie des smartphones.

« La volonté est là plus que jamais. Je me suis lancé des défis vis-à-vis de moi-même. Monsieur le Président de la République m’a fait confiance et je ne céderai pas d’un pouce sur les domaines dans lesquels je peux apporter un plus », a expliqué Ali Ali, dimanche, lors d’une rencontre sur la relance de l’industrie de montage des smartphones en Algérie.

La relance de l’activité de production de téléphones mobiles a été évoquée au cours d’une réunion de coordination tenue, dimanche 31 mars, au ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, en présence du ministre Ali Aoun et de ses collègues de la Poste et des Télécommunications Karim Bibi Triki et du Commerce Tayeb Zitouni.

Kamel Moula, président de l’organisation patronale CREA (Conseil du renouveau économique algérien) était également présent, ainsi que des opérateurs activant dans le secteur.

L’idée est de mettre à profit l’expérience acquise par de nombreuses entreprises algériennes comme Condor et Iris dans l’activité du montage (avant sa suspension) et les investissements réalisés, tout en évitant les erreurs du passé, notamment en ce qui concerne le taux d’intégration.

Les lignes de production sont prêtes à reprendre, ont assuré les opérateurs, tandis que le ministre Aoun a préconisé de procéder à un recensement de toutes les capacités disponibles et de conjuguer les efforts afin de garantir le succès de l’initiative.

À l’issue de la réunion, il a été convenu de multiplier les consultations afin d’arriver à élaborer un cahier des charges encadrant cette activité.

« Le dossier smartphones va connaître son issue suite à des décisions qui vont être prises par les hautes autorités du pays. Nous allons présenter un dossier qui va comprendre la manière dont on va relancer cette industrie », assure Ali Aoun.

La relance de la production de smartphones en Algérie peut créer jusqu’à 50.000 emplois

Le ministre Ali Aoun a souligné que « depuis trois ou quatre ans, aucun smartphone n’est entré en Algérie de manière régulière », ce qui, selon lui, « met le pays dans des situations difficiles du point de vue sécuritaire, économique, du point de vue confort et d’une manière générale du point de vue du suivi de ce dossier […] important et sensible ».

Depuis la suspension du dispositif CKD-SKD, les autorités n’ont pas trouvé un « procédé de substitution », indique le ministre. La solution est dans le retour à la production des smartphones en Algérie.

« Nous avons écouté les opérateurs et nous avons pris avec soin leurs préoccupations qui vont nous permettre d’élaborer le dossier qu’on va présenter à monsieur le président de la République », fait-il savoir. L’enjeu économique et social du projet est important pour l’Algérie.

« En écoutant les uns et les autres, rien que l’assemblage va permettre de créer 20.000 emplois directs », assure Ali Aoun, sans compter tout l’aspect commercialisation, distribution et petites boutiques.

« Si nous arrivons à relancer cette activité le plus vite possible, elle va nous permettre de créer environ 50.000 emplois », prévoit-il.

Cela permettrait aussi de couvrir les besoins du marché interne. Pour l’exportation de smartphones, Ali Aoun reconnaît que l’assemblage n’offre pas une grande valeur ajoutée pour l’Algérie et que, pour être compétitif et exporter, il faudra un taux d’intégration « entre 50 et 60 % ».

Le président du CREA, Kamel Moula, a souligné, lui aussi, le potentiel de la filière en matière de création d’emplois. « On estime qu’il y aura au minimum 30.000 postes d’emploi qui seront créés », indique Kamel Moula.

Il y aura surtout de la sous-traitance, mais aussi le service après-vente, ajoute-t-il, soulignant que, actuellement, « les consommateurs ne sont pas protégés » en l’absence d’un service après-vente.

Le smartphone est un outil de travail « essentiel » pour les entreprises et le grand public, rappelle le président du CREA. « À travers cette commission mixte entre le ministère et les opérateurs économiques qui ont déjà le savoir-faire et la connaissance de production de smartphones, on va aller vers un cahier des charges qui va permettre de produire au moins une partie localement », explique Kamel Moula.

Après avoir interdit l’importation de smartphones en 2018 pour encourager l’assemblage des appareils au niveau local, l’Algérie a décidé en 2019 de mettre fin au régime SKD préférentiel d’importation des composants des smartphones.

Ces deux décisions ont profité au marché noir avec des importations de smartphones d’une façon frauduleuse, ce qui représente un manque à gagner important pour l’économie nationale, et représente, selon des spécialistes, des risques sécuritaires pour le pays.

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