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L’Arabie Saoudite au pied du mur

L’Arabie Saoudite au pied du mur

Le Washington Post a publié, ce jeudi 18 octobre, le dernier article de Jamal Khashoggi. L’article a été reçu des mains de l’assistant et traducteur du journaliste saoudien, au lendemain du signalement de sa disparition.

Dans son ultime éditorial, Khashoggi, qui a été correspondant de presse dans plusieurs pays dont l’Algérie, parle de liberté d’expression dans le monde arabe. Dès le titre, il explique que cette liberté est « ce dont le monde arabe a le plus besoin ». Une liberté à laquelle était attaché le journaliste, très critique à l’égard du régime saoudien et qui lui a sans doute coûté la vie.

Une équipe de 15 agents saoudiens pour exécuter Khashoggi

Alors que les pressions exercées de toutes parts sur Riyad augmentent, la presse turque est venue enfoncer encore plus les autorités saoudiennes. Ce jeudi, elle a publié des images tirées de caméras de vidéosurveillance de ce qui est présenté comme « l’équipe d’exécution » composée de 15 agents saoudiens envoyés à bord d’un jet à Istanbul.

Des images d’un officier des services de sécurité proche du prince saoudien Mohamed Ben Salmane à Istanbul ont également été diffusées. Selon le New York Times, il s’agit de Maher Abdulaziz Mutreb. Il fait partie d’une équipe de 15 agents envoyés par Riyad pour exécuter leur compatriote journaliste, a révélé le quotidien américain. Mutreb a accompagné le prince héritier saoudien dans plusieurs déplacements en 2018, notamment aux Etats-Unis, à Paris et à Madrid, ajoute le journal américain.

Jamal Khashoggi n’a plus donné signe de vie depuis qu’il est entré dans le consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre à 13h14. Sur des images diffusées mardi par l’agence turque TRT World, on peut voir le commando saoudien atterrir à Istanbul à bord de deux vols charters en provenance direct de Riyad très tôt le même jour et repartir à bord des mêmes vols le soir.

Auparavant, les mêmes médias turcs, se basant sur un enregistrement, avaient annoncé que Jamal Khashoggi avait été torturé dès son arrivée au consulat puis assassiné. Des récits effroyables de torture sur fond de musique, de décapitation et de démembrement ont été relayés par la presse turque.

Ces images et affirmations diffusées par les médias turcs sont autant d’éléments à charge qui renforcent la piste d’une implication directe des autorités saoudiennes.

Le « Davos saoudien » boycotté

Depuis plusieurs jours, la pression sur Riyad est de plus en plus forte. La conférence « Future Investment Initiative », aussi appelée « le Davos saoudien » doit se tenir du 23 au 25 de ce mois. Des personnalités politiques et économiques étaient annoncées pour cet événement. Mais depuis l’annonce de l’assassinat de Khashoggi, plusieurs personnalités ont annoncé leur refus de se rendre à la conférence.

Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international (FMI), Bruno le maire, ministre français de l’Économie et des Finances, Jamie Dimon, PDG de JP Morgan Chase, Jean Lemierre, Président de BNP Paribas, Frédéric Oudéa, Directeur général de Société Générale et David Schwimmer, Directeur général du London Stock Exchange sont parmi les grosses pointures de la finance qui ont annoncé, avec plus ou moins de diplomatie, leur absence à la conférence de Riyad.

S’ajoutent à ces personnalités Richard Branson, fondateur du groupe Virgin, Bill Ford, Directeur exécutif de Ford ainsi que de nombreux médias dont le New York Times, le Financial Times, CNN ou encore Bloomberg.

Incohérences dans la position américaine

Alors que la communauté internationale est indignée par cet assassinat, la position des États-Unis, premier partenaire et protecteur de la famille royale saoudienne, manque de clarté et de cohérence. Le président Donald Trump a, dès le début, émis l’hypothèse que l’Arabie Saoudite soit derrière sa disparition.

« Pour l’instant, ils (les Saoudiens) démentent (leur implication) et la démentent vigoureusement. Est-ce que ça pourrait être eux ? Oui », a déclaré Trump à la chaîne de télévision CBS, le jeudi 11 octobre. Dans le même entretien, Trump avait menacé l’Arabie Saoudite d’un « châtiment sévère » si son implication dans la disparition de Khashoggi était prouvée.

Cette position suspicieuse envers l’Arabie Saoudite a vite été abandonnée, par le président américain pour une position plus conciliante. La Maison Blanche est soupçonnée de vouloir ménager à tout prix la famille royale saoudienne et à l’aider à sortir du pétrin diplomatique. Ce jeudi, les États-Unis ont décidé de donner « quelques jours de plus » à l’Arabie saoudite pour expliquer la disparition du journaliste.

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