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L’armée américaine s’inquiète de la montée d’influence de la Russie et de la Chine dans plusieurs pays d’Afrique dont l’Algérie

L’armée américaine s’inquiète de la montée d’influence de la Russie et de la Chine dans plusieurs pays d’Afrique dont l’Algérie

Les États-Unis continuent de s’inquiéter de la montée d’influence de la Russie et de la Chine en Afrique, où les deux rivaux des États-Unis « interfèrent dans les opérations militaires américaines et posent une menace significative aux intérêts de la sécurité nationale américaine », s’inquiétait il y a quelques mois, John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président Trump.

Ce sentiment est désormais partagé par l’actuel et le précédent commandant du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom), commandement unifié qui coordonne toutes les activités militaires et sécuritaires des États-Unis sur le continent africain, les généraux Stephen Townsend et Thomas Waldhauser. Ces derniers ont évoqué devant le congrès américain leurs inquiétudes sur la montée en puissance de ces deux rivaux des États-Unis, rapporte le média The Intercept dans un article paru hier mardi 13 août.

Ces responsables militaires américains ont décrit un continent africain de plus en plus susceptible de tomber sous le contrôle de Pékin et Moscou aux dépens de Washington, la Russie exerçant une influence sur pas moins de dix pays africains et la Chine étant susceptible d’ouvrir de nouvelles bases sur tout le continent.

Algérie, Libye, Tunisie

Lors de son témoignage devant le sénat américain, le désormais ex-commandant Waldhauser s’est principalement concentré sur les avancées croissantes effectuées de la Russie en République centrafricaine et, dans une moindre mesure, en Algérie, en Libye et au Soudan. Le général Waldhauser a également mentionné six autres nations qui étaient également liées à la Russie ou susceptibles de subir son influence, à savoir l’Angola, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie et la Tunisie.

Selon l’ex-commandant d’Africom, la Russie exploite ou cherche à exploiter l’aide militaire apportée en échange de droits miniers et de partenariats dans le domaine de l’énergie. « Pour contrecarrer les efforts de la Russie, Africom continue de travailler avec de nombreux partenaires pour devenir le partenaire militaire privilégié en Afrique », a affirmé Waldhauser.

Dans la même veine, l’actuel commandant d’Africom Stephen Townsend a placé la Chine juste en dessous de la Russie en termes de menace pour la primauté américaine en Afrique mais a affirmé s’attendre à ce que Pékin éclipse Moscou. « Je pense qu’ils recherchent l’accès et l’influence à nos dépens », a déclaré le nouveau commandant de l’AFRICOM à propos de la Chine.

« La Chine a doté le Nigeria de systèmes aériens sans pilote armés … mais la piètre qualité des plates-formes a contribué à une utilisation peu fréquente », a indiqué Townsend. « Les coûts bas et les délais de livraison courts incitent les partenaires africains à acheter du matériel chinois, mais les achats ne répondent souvent pas aux besoins militaires sous-jacents », a estimé le commandant d’Africom.

Un plan quinquennal

Réagissant à ces menaces perçues, Africom a lancé un plan quinquennal visant en partie à contrer « la présence accrue » de la Chine et de la Russie sur le continent. Le commandement américain cherche également à renforcer les alliances afin de « dissuader toute action malveillante des Chinois et des Russes », a indiqué Waldhauser en mars, cité par la même source.

L’actuel commandant Stephen Townsend à lui aussi fait référence à « l’influence néfaste de la Russie en Afrique » et a pris à partie la Chine, soulignant que « les Chinois ont réussi à promouvoir leur faux récit selon lequel leur aide est apportée sans conditions ».

Plusieurs experts interrogés par The Intercept se sont toutefois montrés dubitatifs quant au récit d’Africom présentant les intentions chinoises et russes comme étant « néfastes » et les intentions américaines comme « vertueuses ».

« L’affirmation de Waldhauser selon laquelle les puissances non africaines ont une influence néfaste en Afrique est vraie – et les États-Unis sont l’une de ces puissances », a affirmé dans ce cadre Temi Ibirogba, chercheuse spécialisée dans l’Afrique au think tank américain Center for International Policy.

« Il est difficile d’affirmer que l’une des grandes puissances a véritablement à cœur les meilleurs intérêts de l’Afrique », a ajouté Ibirogba. « Le comportement des États-Unis ne peut tout simplement pas être qualifié d’altruiste, car sa politique étrangère trop militarisée après les attentats du 11 septembre 2001 est en fait liée à une augmentation de la violence sur le continent plutôt qu’à la dissuasion », a expliqué la chercheuse.

« Les responsables américains semblent avoir la fausse perception que la politique étrangère américaine est aimée et bien accueillie par les Africains, mais que ce sont vraiment les Chinois qui gagnent là-bas pour le moment », a affirmé l’experte.

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