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« L’Article 102 est hors service » !

« L’Article 102 est hors service » !

Au lieu de l’article 102 de la Constitution, le peuple veut l’article 07. Sortis en masse, pour un sixième vendredi de protestation, ce 29 mars 2019, les Algériens ont répondu à voix haute à la proposition faite par le général de corps d’armée, Ahmed Gaid Salah, chef d’état-major de l’ANP, d’appliquer l’article 102 pour destituer le président Abdelaziz Bouteflika, présentée comme « une solution à la crise politique » dans le pays.

« Trop tard ! Il fallait appliquer cette disposition en 2013 lors que le président a été hospitalisé à Paris », lance Mohamed, un manifestant, rencontré à la rue Didouche Mourad à Alger.

« Trop peu, trop tard. C’est ce qu’on dit en politique. L’article 102 n’est pas la solution. Ne pas l’avoir appliqué à temps est une erreur politique. Maintenant, il faut chercher d’autres solutions pour sortir de l’impasse. Je pense qu’il faut livrer le pouvoir à une instance présidentielle qui aura à trouver les instruments adéquats pour gérer les affaires du pays », explique Mohamed Hennad, politologue, présent dans la manifestation.

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Les pancartes montrées lors de la marche d’Alger traduisaient l’état d’esprit dominant lors de l’action de protestation, à savoir, le rejet de l’article 102. Ce rejet n’est toutefois pas total. « Article 102 + des réformes = pouvoir du peuple, Article 102 = pouvoir de la bande», résume une banderole accrochée à la place Audin.

« Article sans 2 »

« Article sans 2 », se moque un jeune manifestant avec une petite plaque sur laquelle on reconnaissait les portraits du président Bouteflika et son frère Said. « Article 102 sans eux », tranche une autre pancarte portant les photos de Abdelkader Bensalah, Lakhdar Brahimi, Ramtane Lamamra, Tayeb Belaiz et Noureddine Bedoui.

« Lamamra, you are not representative of algerian population », est-il mentionné dans une feuille blanche collée sur mur d’Alger-centre. Sur une autre pancarte, un appel est lancé au général Ahmed Gaid Salah d’appliquer « tous les articles de la Constitution, Non aux articles 102 et 104 de la Constitution ». L’article 104 porte sur la présence d’un gouvernement qui ne peut être « ni démis ni remanié » durant la période de transition constitutionnelle qui suit la destitution du président de la République jusqu’à « l’entrée en fonctions d’un nouveau président »

« L’Article 102 est hors service » !

Sur une pancarte, des manifestants ont puisé dans l’humour pour railler la proposition de mettre en vigueur la procédure de destitution du chef de l’État. « L’article 102 est hors service », proclame un slogan qui rappelle le secteur de la téléphonie.

Les manifestants ont mis en avant la nécessité d’appliquer dans toute sa profondeur l’article 7 de la Constitution de 2016 qui stipule que « le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple ». « Sans nous, ils ne peuvent rien faire », lance Farida, une étudiante, venue avec son père à la manifestation.

« Ils pensent que nous ne sommes pas politisés, et bien, on leur montre le contraire. L’article 102 signifie qu’ils veulent gérer eux même la période de transition pour mettre les hommes qu’ils veulent. Non. Nous leur demandons de nous remettre le pouvoir, sinon nous l’arrachons, et nous choisirons les responsables que nous voulons selon nos conditions », reprend Salim qui dit être présent dans les manifestions anti pouvoir depuis le 22 février 2019. Pour lui, rien ne sera comme avant. Il montre du doigt une immense banderole accrochée à la place Audin aussi : « Vous êtes le passé, nous sommes le futur ».

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