Politique

L’Association des anciens élus du FLN déjà torpillée par Ould Abbès ?

Quelques jours après son lancement, l’association des anciens élus du FLN a déjà du plomb dans l’aile. Hocine Khaldoun, l’un des initiateurs du projet, a décidé de jeter l’éponge. «J’ai décidé de prendre mes distances avec l’association », a confirmé à TSA, l’ancien chargé de la communication du parti.

Pour le moment, seul l’ancien vice-président du groupe FLN à l’APN a confirmé son départ. Mais au sein de l’association d’autres personnalités ne cachent pas leur désarroi. Ils veulent toutefois « attendre avant de se prononcer.»

À l’origine de ce trouble, la décision du secrétaire général du FLN Djamel Ould Abbes de confier à Saida Bouneb, membre du BP, le dossier des anciens élus nationaux et locaux du parti. Une première dans l’histoire de la formation politique qui n’avait jamais jusque-là désigné un responsable en charge des anciens cadres qui ne sont plus en activité.

Cette initiative est perçue comme une démarche du patron du FLN pour «squatter l’espace» et «s’immiscer dans les affaires internes de la nouvelle association.» «Je trouve absurde la démarche de Djamel Ould Abbès de vouloir déstabiliser notre association qui renferme la crème des cadres du parti qui refusent de travailler avec lui », juge Hocine Khaldoun.

L’autre conséquence indirecte de la démarche du chef du FLN est d’ordre légal et touche directement la structure mise en place. En effet, les associations sont tenues par l’article 13 du texte régissant leur fonctionnement d’être « distinctes par leur objet, leur dénomination et leur fonctionnement des partis politiques et ne peuvent entretenir avec eux aucune relation qu’elle soit organique ou structurelle, ni recevoir de subventions, dons ou legs sous quelque forme que ce soit de leur part, ni participer à leur financement.»

En décidant de s’immiscer dans les affaires de l’association, Ould Abbès la met en porte à faux avec la loi. «Pour éviter cette situation, j’avais demandé dès le 6 octobre de proclamer notre indépendance et notre autonomie, pour ne pas tomber sous le coup de la loi », explique M. Khaldoun.

Dans cette affaire, Mahdjoub Bedda ministre des relations avec le Parlement et parrain de l’association est pointé du doigt. Il est accusé de ne pas avoir fait respecter le pacte tacite décidé entre les membres de l’association de travailler en dehors des structures du parti et de son SG, dont une majorité des membres sont en froid avec lui.

Adversaire

Si l’association, qui n’a pas encore d’existence du point de vue statutaire, a pour objectif d’alimenter le débat en propositions, en mettant à contribution les personnalités ayant occupé d’importantes fonctions au sein des appareils de l’État, au FLN, on était convaincu que ce lancement avait d’autres visées. «Djamel Ould Abbès a jugé le projet de Bedda comme une attaque dirigée contre lui », affirme un proche du secrétaire général.

Malgré les assurances du ministre des relations avec le Parlement sur le rôle de l’association – «Nous voulons tirer profit de l’expérience et du savoir-faire de personnalités qui peuvent encore alimenter par leurs propositions et leurs idées le débat dans notre pays », assurait-il -au siège du parti on restait convaincu du contraire.

Du coup, le SG avait mené dans un premier temps une campagne de lobbying parmi les anciens cadres pour les décourager de rejoindre l’association, avant de décider de court-circuiter l’initiative. «Face aux structures du parti à l’arrêt et des militants livrés à eux-mêmes, il était évident que l’association devait en 2019, remplacer les structures de base pour alimenter la campagne du président », reconnait un membre du comité central, qui au passage se demande comment un élu du parti peut activer en dehors de sa formation politique, comme le réclament les initiateurs du projet d’association. «Un élu FLN ne peut pas être indépendant. Il ne peut être encadré que par le parti».     

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