Économie

Le blé français victime collatérale des tensions entre Alger et Paris ?

L’Algérie confirme le changement de cap en matière d’importations de céréales dans un contexte de tensions avec la France, l’un de ses plus importants fournisseurs. Après avoir été longtemps un important importateur du blé français, elle a décidé de diversifier ses fournisseurs pour acheter du blé russe notamment.

Ce changement a été rendu possible après la modification du cahier des charges d’importation de céréales et l’assouplissement des critères de qualité du blé meunier, une céréale dont l’Algérie est l’un des plus importants importateurs au monde.

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Selon le Département américain de l’agriculture, la production algérienne de céréales va chuter cette saison de 38% et le pays devrait en importer 8 millions de tonnes, contre 7,5 millions de tonnes l’année passée.

La politique de diversification des fournisseurs, qui profite en premier lieu au blé russe au détriment du blé français, s’est confirmée avec le nouvel appel d’offres lancé samedi 13 novembre par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) pour l’acquisition de 50.000 tonnes de blé meunier pour des chargements répartis entre le 16 décembre et le 31 janvier.

Tensions entre Alger et Paris

L’information a été révélée par l’agence Agritel dans sa note du 15 novembre, selon le site Terre-net. Il concerne 50 000 tonnes de blé meunier pour chargements sur trois périodes, échelonnées du 16 décembre au 31 janvier.

L’OAIC, qui ne communique pas sur ses achats de blé, a souligné une modification importante dans son cahier des charges. Cette modification concerne les dégâts d’insectes. « Le taux-limite de grains punaisés est fixé à 1 % contre 0,5 % dans ses appels d’offres précédents », selon Terre-net.

Pour le même site, pour « plusieurs observateurs des marchés, cette décision s’inscrit dans la crise diplomatique » entre l’Algérie et la France, et va profiter aux blés de la Mer noire, dont celui de la Russie.

Les relations entre les deux pays sont plongées dans une crise inédite depuis début octobre, suite à la publication des propos très controversés tenus par Emmanuel Macron jeudi 30 septembre lors d’une rencontre sur la question mémorielle à l’Elysée.

Le président français a notamment qualifié le système algérien de politico-militaire et s’est interrogé sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française en 1830. Des propos qui ont provoqué un tollé en Algérie.

Mardi, le conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient à l’Elysée a exprimé les regrets du président français des « polémiques et malentendus »  engendrés par ses propos tenus le 30 septembre et a assuré que « le président Macron a le plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l’Algérie ».

Des propos accueillis favorablement par Alger, mais le président Abdelmadjid Tebboune a décliné l’invitation de son homologue français pour prendre part à la conférence de Paris sur la Libye vendredi 12 novembre. L’Algérie a été représentée par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra.

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