Politique

Le Collectif fait le bilan de ses actions : Nabni entre en campagne…des idées

CONTRIBUTION. Après plus de sept ans de propositions en grande partie ignorées, mais riche de cette expérience et de ce qu’il a construit, le Collectif fait un bilan de ses activités et lance deux projets :

I. Préparation d’un « livre blanc » constitué d’une sélection de l’ensemble des propositions publiées depuis le lancement de l’initiative, enrichies d’apports originaux. Ce recueil sera versé aux débats de la campagne présidentielle, afin que nos élections soient bâties sur de nouvelles idées, c’est le projet NEBNI 2019.

II. Lancement de réflexions sur des thèmes inédits pour NABNI – la place de la femme dans la société, l’écologie, les
migrations, le Maghreb, l’ouverture au monde… pour porter des idées de ruptures audacieuses, qui s’inscrivent dans le temps long et qui soient à la hauteur des idéaux et des ambitions que notre pays retrouvera immanquablement un jour. Par la construction de ce projet de société, le Collectif élargit ses horizons et parie sur un avenir plus réceptif aux changements et aux idées neuves.

L’initiative NABNI est née en Avril 2011 avec l’ambition de contribuer au débat public par des propositions originales, afin que notre Algérie soit bâtie sur de nouvelles idées. Ce texte fait le bilan de notre travail, en tire les conséquences, et dresse une nouvelle feuille de route pour 2019-2020.

Sept ans de réflexions, plus de 200 propositions, une série d’alertes, et une voix crédible du débat public…

Le Collectif a produit un volume important d’analyses et surtout de propositions de réformes dans plusieurs domaines : en lançant d’abord Cent idées pour une Algérie nouvelle (Nabni 2012); suivies d’une vision stratégique faite de cinquante chantiers de rupture pour l’Algérie de 2020 (Nabni 2020); des propositions de réforme de la gouvernance par un manifeste pour un État de droits détaché de la rente, redevable, ouvert, inclusif, transparent et Stratège; des propositions thématiques approfondies : sur la Réforme des Subventions, le Plan Cancer, le vieillissement, DIGIT Algérie, la Delivery Unit, l’intégration maghrébine par le football- Boutola Magharibiya; des contributions aux rencontres Tripartites ainsi que pour la réforme Constitutionnelle de 2016; et, enfin, des plans d’urgence pour faire face à la crise du marché pétrolier de 2014 (plans ABDA).

Aussi, depuis la publication en 2012 des Enseignements du Titanic à l’attention du navire Algérie, NABNI n’a cessé d’alerter l’opinion sur l’insoutenabilité de notre modèle économique et sur l’urgence des réformes.

Malheureusement, le scénario que nous craignions à l’époque s’est produit. Pire, après avoir heurté « l’iceberg » à l’été 2014, aucune mesure à la hauteur du choc n’a été prise pour changer de voie. Après un sursaut éphémère qui a vu des velléités de réformes et un début d’ajustement vite étouffés, les dernières années ont été perdues à ne rien faire, ou si peu. Oubliée l’originalité d’une task force d’experts, oublié le « nouveau modèle de croissance », retour au statu-quo et à la course inéluctable vers une crise majeure, qui se rapproche plus vite que prévu.

Alors que NABNI achèvera bientôt sa huitième année d’existence, quel est le bilan ? Le Collectif a indéniablement apporté une contribution importante au débat public en proposant des analyses rigoureuses et des recommandations concrètes – ancrant ainsi le think-tank NABNI comme un acteur crédible de la société civile, même si notre taille modeste n’a pas permis de présence soutenue sur le terrain ou sur les réseaux sociaux, limitant fortement l’ambition
participative de notre initiative.

… Mais pour quelle écoute ? quel impact ? quels enseignements ?

Nous avons quelques fois été reçus par les plus hautes autorités pour présenter nos idées, ou conviés à des consultations nationales (tripartite, réforme constitutionnelle). Malheureusement, bien qu’entendus en ces occasions, nous avons manifestement été très peu écoutés.

Force est de constater l’impact limité de notre travail sur les décisions de politique publique. La voix de NABNI, comme celles de tant d’autres, a été inaudible auprès des gouvernants. Les autorités ont été indifférentes et n’ont rien engagé de majeur, exposant le pays au risque d’un ajustement brutal car nous n’aurons bientôt ni le choix, ni le temps de réformer « en douceur ».

Autre enseignement important pour NABNI, l’illusion que des « solutions techniques » puissent fonctionner dans un contexte de mauvaise gouvernance et de délitement institutionnel. La séquence de la « planche à billets » illustre bien comment les autorités n’ont retenu des conseils des experts que ce qui « les arrangeait », malgré les avertissements de ces derniers. L’État s’est endetté auprès d’une Banque centrale à l’indépendance confisquée, pour combler des déficits qui vont inévitablement réapparaître tôt ou tard, puisque les problèmes de fond n’ont pas
été résolus.

Les autorités n’ont fait que retarder les réformes, en léguant une dette aux futurs gouvernements, qui feront face aux mêmes déficits, et qui n’auront plus d’autre choix que de les réduire, mais avec une marge de manœuvre financière amoindrie. Autrement dit, double peine pour les suivants ! 1

Cette séquence déplorable est une leçon pour NABNI et pour l’expertise nationale en général : le préalable de la bonne gouvernance et sa primauté sur l’expertise économique. L’écoute sélective, l’absence de débat ouvert et de transparence font que des conseils techniques destinés à un système de gouvernement aux incitations perverties et libre de tout garde-fous, peuvent faire plus de mal que de bien. NABNI doit remettre la bonne gouvernance au cœur de ses propositions.

NABNI initie une nouvelle feuille de route en pariant sur un avenir plus réceptif au changement

Ces enseignements n’entament en rien notre détermination à bâtir l’Algérie sur de nouvelles idées. Les travaux du Collectif et ceux des autres think-tanks, universitaires, associations…, serviront un jour, quand le « temps des réformes » viendra et que d’aucuns s’en empareront. Mieux encore, Nabni décide d’élargir son audience et le champ des thématiques couvertes et de retrouver sa nature participative en se rapprochant davantage des citoyens et des acteurs de la société civile.

La campagne présidentielle à venir devrait être un moment riche de confrontation d’idées diverses. Le collectif fidèle à son caractère non-partisan, sera présent à travers ses propositions. Mais au-delà, nous nous engagerons sur de nouveaux sujets inédits pour NABNI, pour construire de manière participative une vision innovante qui nous fasse rêver collectivement. Tels sont les deux pans de notre feuille de route pour 2019 et 2020.

NEBNI 2019 : le Collectif entre en campagne… des idées !

Nous lançons la préparation d’un « livre blanc», recueil de propositions à verser aux débats de la campagne présidentielle. Il s’appuiera sur tous les travaux du Collectif, qui seront enrichis d’apports originaux pour former un programme ambitieux autour de quatre thèmes :

1. La primauté de la bonne gouvernance. Éléments fondamentaux de l’État de droits.

2. L’idéal de solidarité et de justice sociale. Vers un nouveau modèle de redistribution sociale équitable.

3. Vers le tout emploi. La transformation de notre modèle économique et l’acquisition du savoir.

4. Mise en œuvre et concrétisation. Réforme de l’administration, exécution et résultats.

L’objectif est de contribuer à ce que Nos élections soient bâties sur de nouvelles idées. Ce projet a naturellement trouvé son nom : NEBNI 2019. Nous entrons ainsi en « campagne des idées » avec l’espoir que ce livre blanc puisse inspirer les acteurs politiques.

Au-delà de la campagne: NABNI s’inscrit dans le temps long, celui des grandes ambitions, des ruptures audacieuses et de la construction d’un projet de société autour de thématiques inédites

Après s’être le plus souvent concentré sur des thèmes qui répondaient aux priorités du moment et à l’impératif de réalisme, NABNI s’inscrit dans le temps long, la construction de rêves communs, la proposition de nouvelles idées audacieuses sur des thématiques jusque-là inédites!

Nous préparerons de manière participative, une vision d’avenir de l’Algérie, autour de thèmes inédits que nous jugeons fondamentaux pour le devenir de notre pays. Il s’agit de proposer des idées nouvelles, presque idéalistes, secouant les pensées dominantes ou nos propres dogmes.

Au premier chef de cette vision, la conviction intime que l’avenir de notre pays repose en grande partie sur la place de la femme dans la société. Nous rêvons d’une Algérie où les femmes sont non seulement les égales des hommes, mais sont aussi beaucoup plus souvent aux commandes de la décision publique, élues ou promues à des postes à hautes responsabilités. Nous rêvons d’un projet écologique pour une Algérie verte et durable ; d’une intégration Maghrébine étendue réduisant les séparations entre État-nations hérités du passé colonial. Nous rêvons d’une Algérie ouverte au monde et en particulier aux migrations issues de notre voisinage subsaharien. Ce sont-là quelques thèmes inédits qui formeront l’ossature d’une vision d’avenir ambitieuse.

D’autres viendront s’y ajouter autour des mots d’ordre de rupture, d’audace et d’idéaux retrouvés pour notre
pays. Ceci résume notre nouvelle ambition et notre feuille de route pour les deux prochaines années. En espérant que beaucoup nous rejoindront sur ce chantier de construction d’idées neuves…


1 Nous reviendrons très prochainement sur la planche à billets, pour montrer combien cette politique fut une erreur
fondamentale, inspirée de politiques de Quantitative Easing mises en place par certains pays riches suite à la crise de
2009, mais qui en fait n’avaient absolument rien à voir avec la planche à billets que notre Gouvernement fait tourner
allégrement et sans contrôle depuis près de deux ans. Non seulement, pas un centime ne fut prêté directement des
banques centrales aux gouvernements ayant adopté le Quantitative Easing (et encore moins pour combler des déficits), mais même si des dettes d’État déjà émises ont été rachetées par les banques centrales dans le cas de l’Union Européenne, du Japon ou des USA, les montants engagés (respectivement 2.5%, 7% et 7.5% du PIB) n’ont rien à voir avec les 25% du PIB que le Trésor a emprunté à la Banque d’Algérie en moins de deux ans !

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