Économie

Le coronavirus provoque un effondrement brutal de l’économie française

L’activité du secteur privé en France a connu un ralentissement record en mars en raison de la pandémie du coronavirus et s’affiche désormais en contraction, selon un indicateur publié ce mardi par le cabinet IHS Markit. Bruno Le Maire parle « d’un choc comparable à la grande récession de 1929 ». En zone euro, les économies des grandes puissances sont également plongées dans la torpeur.

La multiplication des signaux d’alerte s’amplifie. Selon le dernier communiqué de l’indice PMI Markit publié ce mardi 24 mars, l’activité du secteur privé a connu sa plus forte chute depuis la première enquête réalisée il y a 22 ans. L’indice composite (services et industrie) est ainsi passé de 51,9 au mois de février, à 30,2 au mois de mars. La mise en oeuvre des mesures de confinement la semaine dernière pour limiter la propagation du coronavirus a provoqué un coup d’arrêt brutal pour de nombreux secteurs. Le tourisme, la restauration, l’événementiel ont connu des pertes de chiffres d’affaires faramineuses durant les premières semaines du mois de mars avec des annulations de réservations ou des reports. Lors d’un point presse ce mardi matin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a fait part de ses inquiétudes sur les perspectives économiques à venir.

« Nous faisons face à un choc violent, global et durable. L’économie réelle est touchée en France. Tous les secteurs sont touchés, certains plus que d’autres comme la restauration, le tourisme ont des baisses de chiffres d’affaires de 90 à 100%. La production industrielle a baissé de 25%. Dans le projet de loi de finances rectificative, j’ai fixé le PIB pour la France à -1% pour 2020. Chaque semaine d’épidémie et de confinement aggrave cette estimation. Le chiffre de croissance sera bien inférieur au chiffre qui a été présenté dans le PLFR. C’est un choc comparable à la grande récession de 1929. »

Les services à l’arrêt

Le confinement et les décisions gouvernementales pour freiner le virus ont provoqué une mise à l’arrêt de pans entiers de l’économie tricolore. Parmi les secteurs les plus concernés, figurent les services. D’après les chiffres du cabinet Markit, l’activité dans le tertiaire est passé de 52,6 en février à 29 en mars, soit son plus bas niveau historique. Ce recul de la valeur ajoutée dans ce secteur pourrait avoir des répercussions très néfastes pour l’ensemble de l’économie française. En effet, le poids du tertiaire dans le produit intérieur brut (PIB) hexagonal n’a cessé de s’accroître durant les dernières décennies.

La production industrielle dans le rouge

Plusieurs grands groupes comme Michelin, Renault ou PSA ont annoncé récemment qu’ils avaient fermé plusieurs sites de production temporairement en France et en Europe. Ces fermetures ont évidemment des conséquences sur toute les chaînes de sous-traitance ou d’équipementiers.

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En outre, la crise sanitaire en Chine a également provoqué une grande paralysie des moteurs industriels asiatiques alimentant les difficultés pour beaucoup d’industries européennes utilisant des intrants chinois dans leurs productions. Selon les chiffres du cabinet Markit, la production manufacturière a baissé drastiquement pour passer de 49 en février à 35,6 au mois de mars. C’est le recul le plus fort de la production manufacturière depuis mars 2009.

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Chute historique de l’activité en zone euro

La France est loin d’être le seul pays à connaître un tel infléchissement de son activité. Dans la zone euro, les clignotants sont également dans le rouge. Le dernier indice flash du cabinet Markit, également publié ce mardi 24 mars, indique que l’activité a chuté lourdement pour passer de 51,9 en février à 30,2 en mars. Le précédent record baissier de l’indice PMI composite (36,2) avait été enregistré au cours de la crise financière mondiale, en février 2009, expliquent les économistes.

« L’activité globale de la zone euro s’est effondrée en mars, la contraction signalée par les derniers résultats de l’enquête surpassant de loin celle observée au plus fort de la crise financière mondiale. La conjoncture économique s’est très fortement dégradée en France, en Allemagne et dans le reste de la région, les mesures draconiennes adoptées par les différents gouvernements afin d’enrayer la propagation du coronavirus ayant fait chuter l’activité des entreprises ».

Là encore, le secteur des services est en première ligne. Les économistes de Markit signalent que l’activité a chuté à 28,4 en mars contre 52,6 en février. Compte tenu du poids du tertiaire dans l’économie de l’Union européenne, ce recul violent pourrait avoir  des répercussions graves sur les défaillances d’entreprises et provoquer des licenciements massifs si le virus continue de se propager pendant de longues semaines.

En Italie et en Espagne, la situation sanitaire est particulièrement critique et le bilan humain ne cesse de s’alourdir de jour en jour. En Allemagne, la crise sanitaire est relativement moins visible mais de nombreux secteurs économiques sont déjà touchés.

Malgré les annonces de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine dernière, l’assouplissement temporaire des règles budgétaires à l’échelle de l’Union européenne et l’annonce de mesures de soutien économiques et sociales dans les grandes puissances de la zone euro, les perspectives économiques se dégradent sérieusement pour l’année 2020.

« L’assombrissement des perspectives d’activité s’est répercuté sur le marché de l’emploi, les entreprises de la zone euro ayant en effet signalé la plus forte réduction de leurs effectifs depuis juillet 2009. Malgré les efforts des gouvernements afin d’endiguer la crise sanitaire et de soutenir l’économie, les prévisions de croissance se sont effondrées, les données flash de mars signalant le plus fort degré de pessimisme des entreprises depuis le début de l’enquête », explique Chris Williamson, chef économiste chez IHS Markit.


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