Économie

« Le GME sera un immense didjeridoo sur le territoire marocain »

La polémique sur l’avenir du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui relie l’Algérie à l’Espagne via le Maroc n’en finit pas. Si l’Algérie a décidé de ne plus l’utiliser pour approvisionner en gaz l’Espagne, elle n’a pas tranché sur le renouvellement de son contrat qui expire le 31 octobre prochain.

Le président Abdelmadjid Tebboune a affirmé dimanche 11 octobre que l’Algérie approvisionnera l’Espagne uniquement par le gazoduc Medgaz, qui relie directement les deux pays, sans passer par le Maroc.

 « Nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner en gaz naturel via le gazoduc Medgaz , a dit Abdelmadjid Tebboune. En cas d’éventuelles pannes, l’approvisionnement se fera à bord de navires algériens ».

| Lire aussi : Gazoduc GME : pourquoi l’Algérie maintient le suspense

En revanche, il a décidé qu’aucune décision n’a été prise pour le renouvellement du contrat du GME. Comprendre : l’Algérie ne veut pas prendre l’initiative de couper le gaz au Maroc, mais ce dernier veut continuer à s’approvisionner en gaz algérien, il devra payer le prix.

Avec le gazoduc GME, le Maroc pompe entre 800 millions de m3 et un milliard de m3 par an, à des prix très favorables, et loin de ceux pratiqués sur le marché international. En plus du gaz, le Maroc encaisse chaque année 50 millions de dollars de droits de passage.

Dans un entretien au journal El Periodico, le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares a indiqué qu’aucune décision n’a été prise concernant le gazoduc GME.

« Aucune décision définitive n’a encore été prise sur ce qui va se passer après » le 31 octobre, date de l’expiration du contrat du GME, a-t-il dit, en soulignant que pour le plus important est que l’approvisionnement en gaz de l’Espagne soit garanti par l’Algérie.

« Immense didjeridoo sur le territoire marocain »

Depuis l’annonce de la décision de l’Algérie de déconnecter définitivement  l’approvisionnement en gaz de l’Espagne du gazoduc GME, le Maroc tente de jouer les troubles fêtes, en multipliant les campagnes sur l’importance de ce pipeline dans la sécurité énergétique de la péninsule ibérique.

Après avoir tenté de faire du chantage à l’Espagne et l’Algérie en utilisant l’arme du gaz en entretenant le suspense sur le renouvellement du contrat de ce gazoduc, le Maroc se retrouve pris dans son propre piège. Mais la décision algérienne, qui intervient dans un contexte de fortes tensions entre les deux pays, semble irrévocable.

« Les autorités algériennes ont assuré leur partenaire espagnol que toutes les quantités contractuelles seront livrées sans aucun souci », affirme à TSA une source algérienne proche du dossier.

« Mais à compter du 1er novembre 2021, le gazoduc GME sera un immense didjeridoo de 540 km sur le territoire marocain », assure cette source qui raille projet marocain de convertir la partie du gazoduc situé sur son territoire :  « L’option relative à une éventuelle inversion des flux, envisagée par la partie marocaine, est une option irréalisable compte tenu de la forte demande sur la péninsule ibérique ».

En plus de difficultés liées aux tensions sur le gaz en Espagne, la reconversion du gazoduc GME nécessitera d’importants investissements en aval pour construire des installations de regazéification et inverser le flux de transport du gaz de l’Espagne au Maroc, selon un expert algérien des questions énergétiques.

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