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Le Japon et les pays occidentaux s’inquiètent de l’influence chinoise en Afrique

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a mis en garde ce jeudi l’Afrique contre des niveaux excessifs d’endettement, faisant indirectement référence aux importants investissements de la Chine sur le continent, accusée par les Etats-Unis et autres pays occidentaux de fragiliser les finances des États africains, rapportent plusieurs médias.

« Si des pays partenaires sont profondément endettés, cela gêne les efforts de tout le monde pour entrer sur le marché », a-t-il déclaré devant des dirigeants africains dont Nourredine Bedoui, conviés à la Ticad, conférence internationale sur le développement du continent organisée à Yokohama.

Shinzo Abe fait ainsi allusion à l’influence croissante de la Chine en Afrique, premier partenaire économique sur le continent depuis dix ans. Le président chinois Xi Jinping a annoncé en septembre dernier que la Chine va consacrer 60 milliards de dollars supplémentaires au développement économique des pays africains, dont 15 milliards de dollars « d’aide gratuite et de prêts sans intérêts ». Ce montant s’ajoute aux 60 milliards d’aide financière sur trois ans déjà promis aux pays africains en 2015 par le président chinois, incluant 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards de prêts à taux préférentiel.

« Dans beaucoup de pays en développement, la Chine s’est substituée aux financements d’organisations internationales comme le FMI [Fonds monétaire international] et la Banque mondiale », a expliqué Julien Marcilly, chef économiste de l’assureur-crédit Coface, cité par Le Monde en février dernier. « La conditionnalité pour ces prêts n’est pas la même. Avec le FMI, ce sont des réformes structurelles, des coupes dans les dépenses de l’Etat. La Chine, en revanche, donne l’impression qu’il y a moins de contreparties », a-t-il indiqué.

« Seulement 43 % des financements chinois peuvent être définis comme une aide au développement sur la base des paramètres de l’OCDE. Le reste constitue des prêts commerciaux qui ont peu à voir avec une quelconque aide au développement », a affirmé Bradley Parks, directeur exécutif du centre de recherche américain AidData, cité par Les Echos en février dernier. Ainsi, les emprunteurs africains doivent souvent rembourser leurs dettes chinoises en moyenne plus rapidement (16 ans) que les prêts obtenus auprès de l’AID, une des filiales de la Banque mondiale (38 ans), explique Les Echos.

« La Chine n’octroie pas d’aide publique au développement, car elle se considère elle-même comme étant un pays en développement. Elle contribue au développement de l’Afrique », explique Jean-Joseph Boillot, chercheur associé à l’Iris, cité par la même source.

L’influence de la Chine en Afrique a poussé le gouvernement américain à opérer une refonte de sa stratégie en Afrique, haussant notamment le ton contre la Chine.

« Les pratiques prédatrices poursuivies par la Chine et la Russie freinent la croissance économique en Afrique, menacent l’indépendance financière des nations africaines, entravent les possibilités d’investissement des États-Unis, interfèrent avec les opérations militaires américaines et constituent une menace importante pour les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis », a déclaré en décembre dernier John Bolton, Conseiller à la sécurité nationale du président Trump, dans un discours présentant la nouvelle approche américaine pour une « Afrique prospère ».

« Les pays africains qui contractent une dette qu’ils ne peuvent pas rembourser, y compris à la Chine, ne doivent pas s’attendre à être renfloués », a déclaré en juin dernier Tibor Nagy, secrétaire d’État américain adjoint chargé de l’Afrique, faisant écho aux avertissements du Conseiller du président américain.

La Chine pour sa part n’a pas manqué de réagir aux accusations formulées à son encontre. « Depuis quelque temps, certaines forces extérieures », tentent de diffamer et de saper la coopération Chine-Afrique sous des accusations de « soi-disant néo-colonialisme et de piège de la dette », a affirmé le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, cité par RFI. Pour le chef de la diplomatie chinoise, ces accusations sont sans fondement et ne sont pas acceptées par les peuples d’Afrique.

«Si l’on regarde de près la situation des pays africains lourdement endettés, la Chine n’est pas leur créancier numéro un », a affirmé pour sa part en septembre dernier Xu Jinghu, émissaire spéciale de la Chine pour l’Afrique, citée par Reuters. « Il est absurde et sans fondement d’imputer la responsabilité des problèmes de dettes à la Chine », a-t-elle estimé.

« Les Chinois ne font que répliquer ce qu’a fait la France avec la Françafrique ou les États-Unis avec l’Amérique du Sud. On ne peut pas les excuser, mais il ne faut pas pour autant en faire des boucs émissaires », a considéré quant à lui Jean-Joseph Boillot, chercheur associé à l’Iris, cité par Les Echos. « La Chine a permis de générer une croissance endogène des pays africains. Grâce à elle, l’Afrique s’est sortie de sa trop forte dépendance à ses matières premières », a ajouté le chercheur.

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