Politique

Le jeu dangereux du pouvoir

Des militantes sorties manifester hier samedi ont été interpellées à Alger puis emmenées dans un commissariat de la banlieue de la capitale où elles ont subi des traitements dégradants. Elles ont été déshabillées et maintenues au poste jusqu’à 1 heure du matin.

Ce comportent des agents du commissariat de Beraki à l’égard de militantes pacifiques confirme la nouvelle stratégie répressive adoptée par le pouvoir depuis la semaine dernière. Désormais, tous les jours, des militants sont interpelés à Alger et le moindre rassemblement est réprimé.

Vendredi, lors de la grande manifestation contre le pouvoir, des policiers ont provoqué puis réprimé les manifestants. Les nombreux témoignages diffusés, dont des vidéos, ne laissent aucune place doute : la police a cherché à provoquer des affrontements violents avec les manifestants. Mais ces derniers sont restés pacifiques. Qui a donné l’ordre à la police d’agir de cette façon ?

Les images d’éléments du GOSP, lourdement armés, dans les rues du centre-ville en fin de manifestation est une autre provocation de la DGSN. Les éléments du GOSP n’ont pas été formés et armés pour affronter un peuple pacifique. Leur mission doit se limiter à lutter contre le terrorisme et ils ne doivent en aucun cas intervenir contre des manifestants désarmés.

Vendredi, les tirs de gaz lacrymogènes au milieu d’une foule compacte à la Place Audin n’ont, heureusement, pas provoqué de graves dégâts. Mais le drame a été évité de justesse. La DGSN a fourni des explications qui n’ont convaincu personne. La présence de quelques dizaines de voyous venus affronter les forces de l’ordre ne peut pas justifier un tel comportement irresponsable. D’ailleurs, les Algériens attendent avec impatience des explications et une enquête sérieuse.

Qui sont ces voyous ? Qui les a actionnés ? La justice, reste étrangement silencieuse sur cette affaire, alors qu’elle avait ouvert des enquêtes sur d’autres faits (menaces contre les femmes, photos de délinquants armés de couteaux). Mais, le parquet n’a rien dit sur les violences de vendredi.

Le recours à la répression est inquiétant. Ceux qui dirigent le pays contre la volonté du peuple le savent : aucune solution ne peut venir de la violence.

« L’Algérie le sait pertinemment : la violence n’engendre que la violence », rappelait hier la politologue Louisa Dris-Ait Hamadouche. Les décideurs ont déjà utilisé la violence dans les années 1990 pour confisquer la démocratie. La facture a été lourde. On ne doit pas les laisser recommencer.

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