Plus de deux ans et demi après la normalisation de ses relations avec Israël, le Maroc ne regrette rien.
L’orientation est pleinement assumée, comme vient de le réitérer le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita qui, devant une organisation juive américaine, a vanté les « bienfaits » des accords d’Abraham.
Devant l'American Jewish Committee, lobby juif aux Etats-Unis, Nasser Bourita est revenu sur les bienfaits des Accords d'Abraham.#Maroc #Israël #Bourita #AccordsAbraham #AJC pic.twitter.com/YYLzk20dBW
— Le Desk (@LeDesk_ma) June 13, 2023
Ces accords ont été négociés sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump et ont abouti, pendant l’été et l’automne 2020, à la normalisation des relations de quatre pays arabes avec Israël. Il s’agit des Emirats arabes unis, de Bahreïn, du Soudan et du Maroc. Deux autres pays arabes, l’Égypte et la Jordanie, l’avaient fait respectivement en 1978 et 1994.
Malgré le refus de l’opinion publique, les autorités marocaines avaient mis en avant « l’intérêt national ». Le royaume avait obtenu en contrepartie la reconnaissance par les États-Unis de la « marocanité » du Sahara occidental.
En deux ans et demi, le Maroc et Israël ont franchi des étapes importantes dans leur coopération, notamment sécuritaire et militaire, mais la normalisation est toujours rejetée par l’opinion publique marocaine comme au premier jour. Les autorités, elles, continuent de défendre cette option.
S’exprimant devant l’American Jewish Committee, le très puissant lobby juif aux États-Unis, Nasser Bourita a fait l’éloge des accords d’Abraham, bénéfiques non seulement pour les pays signataires, mais pour toute la région, selon lui.
Accords d’Abraham : le Maroc ne regrette rien
Les accords d’Abraham ont constitué un « momentum incroyable » pour « la paix et la prospérité » pour toute la région du Moyen-Orient, « après des décennies de guerre et de haube », a estimé le chef de la diplomatie marocaine.
L’American Jewish Committee est connu pour sa puissance de lobbying et son impact sur la politique étrangère des États-Unis. En s’adressant à cette organisation, le Maroc espère peut-être infléchir l’administration de Joe Biden qui hésite toujours à assumer pleinement la décision de Donald Trump sur la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental.
Aussi, avec sa brouille avec ses anciens alliés européens, notamment la France, le Maroc n’a pas d’autre choix que de tenter de se mettre davantage sous l’aile des États-Unis.
De nombreux observateurs ont relevé que c’est cette illusion de la protection américaine qui a amené Rabat à s’enhardir sur la scène internationale, normalement vis-à-vis des pays européens.
Néanmoins, pour beaucoup, le Maroc n’a pas gagné grand-chose des accords d’Abraham, puisque même Israël ne reconnaît pas la « marocanité » du Sahara occidental.
Abdelilah Issou, dissident de l’armée marocaine, a fait remarquer dans un entretien à TSA diffusé lundi que même les armes que fournit Israël ne sont pas gratuites et ne feront qu’aggraver l’endettement du royaume. Aussi, quoi qu’il arrive, Israël ne sacrifiera pas un seul soldat pour défendre militairement le Maroc, a-t-il souligné.