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Le patriotisme d’aujourd’hui…

Le patriotisme d’aujourd’hui…

On l’aura remarqué : le général Ahmed Gaïd Salah a pris des accents patriotiques dans son dialogue avec le peuple auquel il répond tous les mardis après l’avoir vu défiler la rue les vendredis. À Blida, il s’est adressé aux Algériens désignés sous l’expression de « enfants de ma patrie », laquelle patrie est visée, selon lui, par des « conspirations » qui « se trament contre elle ».

S’il y a des conspirations, l’armée est en devoir de se mettre en ordre de bataille pour les mettre en échec. Mais le chef de l’état-major se réfère uniquement à des actes dont se serait rendu coupable l’ancien chef de Renseignement qui, lui aussi, a régenté le pays sous le motif de défense de la patrie.

Dire que le général Toufik est impliqué dans des actes d’atteinte à la sécurité nationale ne suffit pas à démontrer sa culpabilité. Si les actes sont avérés, le coupable doit être neutralisé et jugé et pas seulement désigné à l’opinion publique comme un traître. Le premier manifestant contre le 5e mandat est en train de croupir en prison sans même avoir traité le clan présidentiel de « bande conspirationniste ». À défaut de preuves, l’appel à sauver la patrie est au mieux une diversion au pire un règlement de comptes avec un ancien compagnon que de divergences avaient pu opposer.

L’Algérie n’est pas en 1990, encore moins en 1954. Le sens du sacrifice n’a pas manqué à l’appel quand il a fallu extraire la patrie des griffes du terrorisme. Chacun sur son front, civils et militaires, ont payé indistinctement. En 1954, les Algériens ont aussi sacrifié âme et biens pour libérer le pays de l’emprise coloniale.

Libérée du colonialisme et du terrorisme, l’Algérie doit aujourd’hui s’affranchir de toute forme de soumission politique et de sous-développement économique.

Le patriotisme d’aujourd’hui c’est la liberté revendiquée par les millions de citoyens qui descendent tous les vendredis dans la rue. Le patriotisme d’aujourd’hui c’est le fait de permettre à ces citoyens de jouir de la liberté arrachée par leurs aînés. C’est de mettre à leur disposition les moyens de hisser le pays à un niveau économique correspondant à ses potentialités.

La patrie ne se confond pas avec un homme ou un groupe. C’est au nom d’un patriotisme hautement revendiqué que la « bande » dénoncée par le général Ahmed Gaïd a dirigé l’Algérie pendant 20 ans. Résultat : le pays est toujours dépendant économiquement de ses hydrocarbures, ses élites exilées et les jeunes les moins nantis livrés au flots de la mer quand des légions d’autres doivent se contenter d’emplois précaires rémunérés avec des salaires insultants. Le patriotisme a été un discours pour tous les responsables qui ont affaibli la patrie.

Le patriotisme d’aujourd’hui c’est de se dévouer pour son peuple et non de le soumettre encore et le dépouiller de ses richesses. Le patriotisme d’aujourd’hui ne doit pas être la haine des autres. Enfin, le patriotisme d’aujourd’hui c’est d’éviter de mettre en doute le patriotisme des autres Algériens.

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