Économie

Le PDG de Sonatrach fait état de difficultés pour vendre le gaz algérien

La commercialisation du gaz algérien est plus difficile qu’avant en raison de l’évolution des conditions du marché, a déclaré mercredi le nouveau PDG de Sonatrach, Kamel Eddine Chikhi, rapporte le cabinet S&P Global Platts.

S’exprimant lors d’un sommet du Forum des Pays exportateurs de Gaz à Malabo (Guinée équatoriale), Kamel Eddine Chikhi a indiqué que Sonatrach avait renouvelé tous ses accords d’approvisionnement en gaz par gazoducs avec des pays du sud de l’Europe, mais qu’il était devenu plus difficile d’obtenir des accords.

« Commercialiser le gaz n’est pas aussi facile que par le passé », a souligné M. Chikhi, qui occupe le poste de PDG de Sonatrach depuis le 17 novembre. « Il faut faire face à de nouvelles conditions de marché », a-t-il ajouté.

L’Europe est actuellement inondée de gaz, avec des approvisionnements de GNL qui ont fortement augmenté au cours des 12 derniers mois, et son statut de marché de dernier recours pour le surplus de GNL est mis à l’essai avec des espaces de stockage qui ont atteint leur capacité, explique S&P Global Platts.

Dans ce contexte, les acheteurs ont demandé des contrats plus courts, plus flexibles et moins volumineux, précise la même source.

Au cours de ces derniers mois, Sonatrach a renouvelé ses contrats d’approvisionnement de gaz avec plusieurs acheteurs, dont les italiens Eni, Edison et Enel, indique le cabinet. Il s’agit des derniers en date d’une série de renouvellements de contrats d’approvisionnement en gaz conclus par Sonatrach avec ses acheteurs européens au cours des 18 derniers mois, souligne la même source.

Sonatrach a par ailleurs signé de nouveaux accords avec le portugais Galp, l’Espagnol Naturgy et le turc Botas pour des approvisionnements de GNL à terme.

L’Algérie a fourni quelque 33 milliards de mètres cubes de gaz à l’Europe par gazoduc l’année dernière et a expédié quelque 14 milliards de mètres cubes, principalement aux marchés européens, indique S&P Global Platts.

« Les gazoducs sont appréciés parce que l’infrastructure assure l’approvisionnement d’énergie vers le sud de l’Europe. C’est fondamental », a déclaré M. Chikhi.

« C’est une position très stratégique de fournir en toute sécurité les quantités de gaz convenues, quelles que soient les conditions politiques », a-t-il souligné, évoquant sans doute le risque actuel de rupture d’approvisionnement de gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine, note S&P Global Platts. « [Nos acheteurs] apprécient la constance des contrats et des approvisionnements sécurisés », a ajouté M. Chikhi.

M. Chikhi a par ailleurs indiqué que Sonatrach chercherait à développer ses activités GNL à l’avenir, le combustible lui donnant la possibilité d’élargir sa clientèle, poursuit le cabinet. « Vous pouvez atteindre des clients qui sont plus loin », a déclaré M. Chikhi. « Il est important d’être un producteur pertinent pour nos différents clients », a-t-il affirmé.

L’entreprise nationale a indiqué qu’elle espérait stimuler ses exportations de GNL vers l’Asie (le centre de demande qui connaît la plus forte croissance au monde) dans les années à venir, dans le but de diversifier ses destinations d’exportation et d’utiliser davantage sa capacité de production de GNL, explique le cabinet.

Le GNL offre une flexibilité supplémentaire, a précisé M. Chikhi, permettant à l’Algérie de réserver davantage de gaz à la production de GNL lorsque les acheteurs européens revoient leurs achats à la baisse.

Sonatrach espère également profiter des variations saisonnières dans les approvisionnements européens, avec des importations moins importantes de ses acheteurs européens sur la période allant d’avril à septembre, ce qui signifie que davantage de gaz est disponible pour d’autres marchés, détaille S&P Global Platts.

Les contrats à long terme pour le GNL étant traditionnellement indexés sur le pétrole, ses approvisionnements en GNL ne sont pas toujours en concurrence avec le gaz des gazoducs.

Le PDG de Sonatrach a ajouté que les prix du gaz au niveau mondial étaient en train de converger et que « peut-être dans quelques années », il y aurait une convergence totale des prix.

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