Économie

Le pétrole américain s’effondre, le Brent autour de 27 dollars : pourquoi les cours peinent à se relever

Le cours du baril de pétrole référence West Texas Intermediate (WTI) s’est effondré ce lundi en Asie à 14,45 dollars, perdant 19,27% de sa valeur et tombant à son plus bas niveau depuis 1999, rapportent plusieurs médias.

Le cours du baril de Brent, pétrole de référence du Sahara Blend algérien, a perdu quant à lui ce lundi matin environ 4% pour s’établir autour de la barre des 27 dollars. Malgré l’accord Opep+ sur une baisse historique de la production de près de 10 millions de barils par jour, les cours de l’or noir peinent à se relever. Au contraire, ils ont continué à baisser fortement quand il est devenu clair que les réductions promises ne suffiraient pas à compenser la chute massive de la demande mondiale provoquée par la pandémie du coronavirus Covid-19. La situation a été aggravée par la guerre des prix que se sont livrées la Russie et l’Arabie saoudite et s’est traduite par une offre abondante et des prix bon marché.

« Cette pression sur le prix du baril fait ressortir les tensions sur la demande et l’abondance d’offre qui mène à une rupture dans les capacités de stockage aux Etats-Unis. Ce prix n’est tenable pour aucun producteur et cela pourrait mener à de nombreuses autres faillites dans le secteur », a expliqué Vincent Boy, analyste marchés chez IG France, cité par Capital.

« La première baisse de la production décidée entre l’OPEP+ et d’autres pays comme les Etats-Unis totalisait à peine 20 millions de barils par jour alors que la baisse de la demande sur 2020 est évaluée à environ 30 millions de barils par jour », indique l’expert, rappelant que « la baisse annoncée par certains pays comme le Canada et les Etats-Unis est plus difficile à réaliser car ce sont des sociétés privées ».

« En revanche, compte tenu de la baisse drastique du nombre de puits en activité aux Etats-Unis et la baisse des investissements décidés par les majors, nous pensons que cette réduction se fera à marche forcée », a-t-il analysé en outre, cité par la même source.

« Les prix du pétrole brut sont restés sous pression, car les prévisions de baisse de la demande pèsent sur le sentiment général », a estimé de son côté la banque néozélandaise ANZ citée par Zonebourse, ajoutant que « bien que l’Opep ait accepté une réduction sans précédent de la production, le marché est inondé de pétrole ».

« On craint toujours que les installations de stockage aux États-Unis ne soient à court de capacité », a relevé ANZ, expliquant la chute des cours du pétrole américain. Abondant en ce sens, Michael McCarthy, responsable stratégie pour CMC Markets, a noté que la chute du WTI « traduit un excès » de stocks de brut au sein du terminal de Cushing (Oklahoma, sud), soulignant que l’indice de référence américain est maintenant « découplé » de celui de Brent, référence du pétrole européen, et « l’écart entre les deux a atteint son plus haut niveau en une décennie ».

L’agence américaine de l’information sur l’énergie a indiqué que les stocks de brut des Etats-Unis avaient augmenté de 19,25 millions de barils la semaine dernière, aggravant la situation d’un marché mondial surapprovisionné.

« Je pense que l’on va tester les niveaux les plus bas depuis 1998 autour de 11 dollars très bientôt », a prédit pour sa part Jeffrey Halley, analyste des marchés pour OANDA, cité par la même source.

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