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« Le pouvoir politique est enfermé dans le tout-sécuritaire »

« Le pouvoir politique est enfermé dans le tout-sécuritaire »

Le président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH), l’avocat Me Noureddine Benissad, déplore « le tout-sécuritaire » dans lequel s’est « enfermé » le pouvoir tout en faisant preuve d’un « déni politique » vis-à-vis des aspirations démocratiques et totalement pacifiques de la « majorité des Algériens ».

Après une relative accalmie, les arrestations des activistes du Hirak et des manifestants reviennent. En tant que Ligue des droits de l’homme, comment les interprétez-vous?

Je vois cela comme de la navigation à vue. Je crois personnellement que le pouvoir n’a pas de projet politique à proposer aux Algériens. Le pouvoir politique est enfermé dans le tout-sécuritaire et nous sommes devant un déni politique qui consiste à faire comme si de rien n’était.

C’est la politique de l’autruche. Le pouvoir refuse d’admettre qu’il y a une crise politique, qu’une majorité d’Algériens refuse le fait accompli et qui a des revendications politiques très claires.

Les Algériens revendiquent qu’on jette les jalons d’un État des droits et d’un État démocratique au sein duquel il n’y aura aucune exclusion. Et le pouvoir rame à contre-courant de ces revendications. Les réflexes de l’autoritarisme, ce sont ces arrestations.

Quelles pourraient être les conséquences de ce déni politique que vous évoquez ?

Au lieu que le pouvoir s’attelle à canaliser toute cette énergie du mouvement du Hirak, on est en train de faire perdre au pays des pans entiers de la société qu’on n’arrive pas à mobiliser pour aller de l’avant.

Et par rapport à l’étranger, le pouvoir est en train de donner une mauvaise image de l’Algérie. Les conséquences c’est l’inconnu. Le pouvoir refuse le dialogue et ne manifeste aucune capacité d’écoute vis-à-vis de l’opinion.

On parle de 23 jeunes Hirakistes qui observent une grève de la faim pour protester contre leur détention. C’est aussi une conséquence de ce déni politique ? 

La situation démocratique aurait dicté que ces détenus n’auraient jamais dû être emprisonnés. Parce qu’ils n’ont fait qu’exprimer une opinion. Et une opinion n’est ni un crime ni un délit.

Il y a des forces qui poussent à la radicalisation et au pourrissement alors que les solutions sont à portée de main, il suffit juste de créer les passerelles du dialogue et écouter les revendications et voir ce qu’il est possible de faire dès maintenant.

La situation des détenus est aggravée par le fait qu’ils soient en grève de la faim, et l’on ne peut prévoir ce qu’il peut se passer. On risque même de se retrouver avec des morts en prison.

La situation normale et démocratique, je le répète, voudrait qu’il n’y ait aucun détenu d’opinion en prison. Les prisons sont faites pour les grands délinquants et les criminels mais en aucun cas pour les citoyens qui expriment de manière pacifique leurs opinions et revendications politiques.

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