Économie

Le projet « Solar 1000 MW » tourne-t-il au fiasco ?

L’Algérie a lancé le 25 décembre un appel d’offres pour la construction de centrales solaires d’une capacité totale de 1000 MW, mais le cahier des charges n’est toujours pas prêt.

Baptisé « Projet Solar 1000 MW« , ce projet s’inscrit dans le cadre de la réalisation du programme national des énergies renouvelables avec l’objectif d’installer 15.000 MW de sources renouvelables à l’horizon 2035.

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Un appel d’offre ouvert à toute entreprise susceptible de mobiliser les financements nécessaires à la réalisation de ce projet, et justifiant de références avérées dans le développement et le montage de projets de centrales de production indépendante d’électricité et disposant de capacités pour l’exécution de toutes les prestations requises pour ce type de projet.

A ce jour, et alors que des entreprises ont payé, il y a plus d’un mois, les frais pour recevoir le cahier de charges relatif à ce projet, ce dernier n’a toujours pas été libéré.

« Il n’y a pas d’explication »

« A ce jour, malheureusement, le cahier des charges n’a toujours pas été libéré. On nous dit que peut-être cela va se faire demain (jeudi 17 février). On verra bien. On espère qu’ils tiendront parole », a déclaré à TSA, ce mercredi 16 février, Boukhalfa Yaici, directeur général du Cluster Energie solaire (CES).

Moins optimiste, Tewfik Hasni, consultant en transition énergétique, a pour sa part déclaré : « Ce n’est pas possible qu’il soit libéré demain. Il y a encore deux ou trois jours, on parlait encore de ce problème. Le cahier de charges ne peut pas être libéré comme ça. Il faudrait tout d’abord le préparer, et pour ça, il faut un savoir-faire. C’est une expertise qui le prépare. A ma connaissance, je ne connais pas d’expertise au niveau des ministres capable de faire ça ».

Interrogé sur les raisons de ce retard, M. Yaici a répondu : « Il n’y a pas d’explication. On ne sait rien. Il aurait fallu donner des explications aux entreprises pour qu’elles sachent ce qu’elles doivent faire et qu’elles puissent réagir en conséquence. Au mois de novembre dernier, il y a eu le lancement d’un appel pour une centrale de 500MW. Des entreprises ont payé, mais elles ont été recontactées pour récupérer leur argent car l’appel d’offre a été retiré. Sans explications. Nous avons été échaudés par ce genre d’expérience ».

Le projet « Solar 1000 » est-il compromis ?  Pour M. Hasni, il est difficile de se prononcer. « A ce jour, je ne peux pas répondre. Mais ce qui est sûr c’est qu’il aurait fallu bénéficier des expériences et des appels d’offres qui n’ont pas abouti dans le passé. Bien analyser les raisons de l’échec et apporter des solutions pour éviter que ces échecs ne se reproduisent. Malheureusement, à ma connaissance, il n’y a pas eu de changements », a déploré le consultant en transition énergétique.

Pour le moment, ni le ministère de l’Energie, ni l’entreprise publique Shaems, en charge de développer le programme algérien de transition énergétique, n’ont donné d’explication à ce retard dans la libération du cahier des charges.

« Il n’y a pas eu de changements »

Qu’en est-il des économies d’énergie et notamment du raccordement du réseau de Sonelgaz au réseau solaire ? Pour M.Hasni, il serait précipité de parler d’économie d’énergie. Selon lui, l’urgence est à l’élargissement du réseau de transport d’électricité.

« On ne raccorde pas Sonelgaz à un réseau solaire. C’est le contraire, il faut accorder un réseau solaire à un réseau national. Le réseau national n’appartient pas à Sonelgaz, il appartient à l’Etat. La mission de Sonelgaz a été ramenée en tant qu’opérateur économique. L’infrastructure et le transport, c’est le rôle de l’Etat ».

« Il faut construire une installation de génération d’électricité puis l’accorder à un réseau, soit de distribution, lorsque c’est une production locale, soit il s’agit d’une grande centrale, et dans ce cas, il faut aller sur le réseau de transport d’électricité à grande tension. Pour l’instant, pour les projets de 200 MW, il faut aller sur le réseau de transport. 200MW représente une grande quantité qui ne peut être consommée localement, spécialement lorsqu’il s’agit des régions du sud. Le rôle de l’Etat est de développer le réseau de transport » d’électricité.

« Le grand frein au développement des énergies renouvelables en Algérie est que le transport est saturé », a conclu M. Hasni.

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