Économie

L’élection de Joe Biden, une mauvaise nouvelle pour le pétrole et l’Opep ?

La victoire du candidat démocrate, Joe Biden, aux élections présidentielles américaines pourrait ne pas faire des heureux dans le secteur pétrolier mondial, notamment au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), rapporte ce dimanche l’agence Reuters.

L’actuel président des États-Unis Donald Trump avait caractérisé son mandat en critiquant initialement l’Opep et ses alliés avant de jouer un rôle proéminent dans la négociation de la réduction de sa production de pétrole suite à l’effondrement des cours de l’or noir en conséquence de la mise à l’arrêt de l’économie mondiale par la pandémie du coronavirus.

L’administration du président Trump a également contribué à ce que l’offre pétrolière mondiale soit moindre en appliquant des sanctions strictes contre le Venezuela et l’Iran, deux grands producteurs au sein de l’Opep.

Cette situation serait cependant susceptible de changer avec l’arrivée de Biden au pouvoir aux États-Unis.

M. Biden a en effet évoqué à plusieurs reprises sa volonté d’opter pour une diplomatie multilatérale plutôt qu’une confrontation frontale avec à la clé des sanctions ciblant les pays cités.

La levée des sanctions contre le Venezuela et l’Iran verraient ainsi logiquement la production de ses pays reprendre et l’offre mondiale de pétrole augmenter de plusieurs millions de barils journaliers, renforçant la tension sur les prix toujours mis à mal par un contexte volatil. Le prix du baril de Brent, pétrole de référence pour le Sahara Blend algérien, stagne actuellement aux alentours des quarante dollars.

« Les sanctions contre l’Iran peuvent être réévaluées et ensuite l’Iran sera de retour sur le marché, donc encore une fois il y aurait une offre excédentaire et l’accord de réduction actuel serait en danger », a déclaré une source de l’Opep citée par Reuters, faisant également état du risque de voir la Russie quitter l’accord Opep +, « ce qui signifie un effondrement de l’accord, car c’est Trump qui a amené Moscou à bord ».

Alors que Donald Trump s’était dernièrement illustré par une implication publique plus importante dans les décisions de l’Opep, n’hésitant pas à les commenter sur sa plateforme privilégiée, le réseau social Twitter, des observateurs du marché pétrolier s’attendent à ce qu’une présidence sous Joe Biden joue un rôle plus discret, notamment compte tenu de sa relation avec la Russie, qui joue un rôle clé dans l’accord Opep+.

« Mon avis est que Biden s’appuierait davantage sur les conseils professionnels de ses conseillers et ne ferait pas de microgestion comme le fait aujourd’hui Trump », a estimé dans ce cadre Chakib Khelil, l’ex-ministre algérien de l’Énergie.

« Biden n’aurait pas la relation chaleureuse avec Poutine que Trump semble avoir », a également affirmé M. Khelil, qui a fait l’objet d’une instruction de la Cour suprême pour des faits de corruption et de la dilapidation des deniers publics en Algérie.

Quoi qu’il advienne, les experts estiment qu’un changement de direction dans la politique américaine vis-à-vis de l’Opep ou des acteurs majeurs du marché pétrolier est hautement improbable. De même qu’ils ne s’attendent pas à ce que les sanctions contre un pays comme l’Iran soient levés rapidement.

« Même si les sanctions de l’Iran sont levées, il faudra deux à quatre mois pour que les exportations de pétrole de l’Iran reviennent aux niveaux d’avant les sanctions en raison de problèmes techniques », a estimé une source au fait des réflexions du secteur pétrolier iranien citée par Reuters, estimant que « par conséquent, l’Opep+ a suffisamment de temps pour décider d’un nouveau plafond de production ».

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