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Les annonces de Bouteflika vues par les éditorialistes de la presse nationale

Les annonces faites hier lundi par le président Bouteflika ont reçu un accueil mitigé de la part des éditorialistes des journaux parus ce mardi.

Omar Belhouchet, directeur d’El Watan : « j’y suis, j’y reste »

« Abdelaziz Bouteflika, par un tour de passe-passe d’une incroyable légèreté politique, annule l’élection présidentielle du 18 avril 2019…pour rester au pouvoir. Au moment où des millions d’Algériens exigent qu’il quitte la scène politique pour son incapacité à diriger le pays, il se fait concocter une bonne « recette » politique à travers un texte allant dans le sens du poil, glorifiant le peuple et sa mobilisation pacifique à présent légendaire. Certes, il ne postule plus à un 5e mandat, évitant l’écueil du certificat médical et du conseil constitutionnel, mais s’accroche encore au pouvoir quelques bonnes années ».

El Moudjahid : « Une nouvelle ère »

« Le Président de la République a adressé hier un message à la nation, dans lequel il annonce sept décisions d’une importance capitale pour le devenir de notre pays. Il s’agit d’une réponse franche et sans aucune ambiguïté aux revendications des récentes manifestations populaires, au sein desquelles on a relevé une présence dominante de la jeunesse et des femmes, et dont le caractère pacifique et patriotique ont fait l’unanimité de toute la classe politique, de toutes les institutions de la République, et notamment du Président lui-même et de l’Armée nationale populaire , comme du reste de l’opinion mondiale. »

Quotidien d’Oran : « une saveur de victoire avec un goût de doutes »

« C’est un fait aujourd’hui politiquement indéniable qu’en Algérie l’heure du changement est venue. Peut-être d’une manière inattendue et absolument imprévisible tout comme ce peuple tout aussi imprévisible. Mais, la patience aura brisé un long silence et dorénavant les Algériens ont été écoutés. À commencer par changer la donne de cette élection présidentielle, suspendue pour être reportée. Car en fait, toutes les voies de sortie à cette crise institutionnelle qui s’annonçait, avec un gouvernement pratiquement paralysé depuis le 22 février et qui a accumulé les erreurs, pour se cristalliser sur le verdict du Conseil constitutionnel quant aux 21 dossiers de candidature à la candidature à cette présidentielle qui était en train de prendre des contours catastrophiques pour les partis de la majorité et leurs organisations satellites. (…) Et le dossier de Bouteflika est passé à la trappe par l’intéressé lui-même, les Algériens se réveillent aujourd’hui avec une saveur de victoire mais aussi mêlée avec un goût de doutes et d’incertitudes car la tâche va être ardue et les interrogations vont être nombreuses. À commencer par le choix des hommes qui décideront de l’avenir du pays et qui choisira qui. »

Reporters : « le point : ouverture républicaine »

« La décision du chef de l’État de reporter le scrutin présidentiel, de ne pas s’y présenter et d’annoncer la nomination d’une nouvelle équipe au gouvernement représentent, à ne pas en douter, un geste d’ouverture républicaine en direction de l’opinion publique – qui s’est exprimée massivement depuis les marches du 22 février 2019 contre la perspective d’un cinquième mandat. C’est aussi un message de recadrage à toutes les parties d’opposition qui ont appelé depuis le début de la contestation à un départ hic et nunc du président. »

Le Soir d’ Algérie : « l’optimisme face à la manœuvre »

« On aura d’abord retenu leurs inébranlables certitudes : pour l’armée d’internautes opérant sans noms ou à visages découverts, la victoire est déjà là. Il faut certainement partager leur optimisme même si ce ne sont pas les arguments qui manquent pour leur rappeler que ce n’est pas encore gagné. D’abord parce que jusqu’à preuve du contraire, le pouvoir n’a rien encore livré de consistant comme disponibilité à la concession, ni même au dialogue. »

El Khabar titre en Une : « Bouteflika prolonge le « 4e mandat » ! »

« Le président de la république a répondu à la demande de ne pas se porter candidat aux élections présidentielles et de les reporter, mais d’une façon qui lui permet de rester président sans élections, sans savoir comment la rue va réagir qui a demandé son départ du pouvoir ».

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