Économie

Les atouts et les freins au développement du tourisme en Algérie

Un paquebot de la compagnie Silversea,  qui se proclame meilleure ligne de croisières d’expédition de luxe au monde, a fait escale lundi 13 septembre en Algérie. À son bord, plus de 224 touristes américains.

Le fait est assez rare pour être souligné. Il a bénéficié d’une large campagne de communication officielle. Il faut dire que le pays peine à attirer les touristes. Alors que le Maroc et la Tunisie accueillent respectivement chaque année  des millions de visiteurs, les touristes ne se bousculent pas pour visiter l’Algérie.

Le pays compte moins de trois millions de touristes par an, dont la majorité sont des nationaux résidant à l’étranger.

Ayant trop peu misé sur ce secteur, l’Algérie est encore loin d’être une destination phare du tourisme international. Elle dispose pourtant d’incontestables atouts qui pourraient séduire les touristes du monde entier.

Les atouts touristiques de l’Algérie

L’Algérie regorge de merveilles naturelles à commencer par son littoral long de 1200 km, l’un des plus beaux de la Méditerranée, un désert fascinant de deux millions km² et un relief contrasté constitué de plaines, Hauts-Plateaux, et chaînes montagneuses.

Le pays compte également de nombreux parcs nationaux, qui abritent une flore impressionnante, et des sites historiques classés au patrimoine mondial de l’Unesco : La Casbah d’Alger, les ruines romaines de Djemila (à Sétif) et de Tipasa, la vallée du M’zab, dans la wilaya de Ghardaïa, Kalaât Beni Hamad, dans la wilaya de M’Sila, Timgad, dans la wilaya de Batna et Tassili n’Ajjer, dans les wilayas de Tamanrasset et Illizi.

Une gastronomie classée parmi l’une des meilleures au monde

Autre atout de l’Algérie : la richesse de sa gastronomie. La cuisine algérienne est régulièrement classée parmi l’une des meilleures au monde. Au mois de juin dernier, le site spécialisé « Taste Atlas » a classé la gastronomie algérienne au 26e rang des meilleures cuisines au monde et à la première place à l’échelle du Maghreb et des pays arabes.

Ces deux dernières semaines, l’art culinaire algérien s’est à nouveau distingué. En effet, après avoir classé à la fin du mois d’août dernier le « Makrout El Louz », un gâteau traditionnel algérien, quatrième dans le top 50 des meilleurs gâteaux au monde, Taste Atlas a inclus un plat typiquement algérien, la Rechta, dans son classement des 50 meilleurs plats de nouilles à travers le monde.

Un climat agréable

La présence quasi permanente du soleil en Algérie constitue également  un atout touristique pour l’Algérie. En dehors des zones arides du Sahara, dans le pays, quasiment toute l’année, les températures sont douces et le climat est favorable à toutes les activités touristiques. En une journée, un touriste peut visiter les belles plages de Jijel, les Hauts-Plateaux et les ruines romaines de Djemila et passer la nuit dans le Sahara.

À ces atouts naturels et culturels, l’Algérie dispose d’une diaspora nombreuse à l’étranger qui est attachée à son pays. Elle dispose aussi, ce qui est rare, d’ambassadeurs de grande qualité comme Dj Snake, Karim Benzema, Zinedine Zidane, etc.

Les obstacles au développement du tourisme en Algérie

L’Algérie possède incontestablement un fort potentiel touristique, mais de nombreux obstacles freinent le développement de ce secteur.

Le problème des visas

Pour un touriste, obtenir un visa pour l’Algérie est un véritable combat du combattant. Le visa algérien est l’un des plus compliqués à obtenir dans le monde. Le pays applique le principe de la réciprocité et réclame un visa à plus de 191 pays à travers le monde, selon le site passportindex.org. Les délais de traitement des demandes peuvent être aussi assez longs.

Il est à noter que ces dernières années, de nombreux pays étrangers comme l’Arabie saoudite ont adopté le système des e-visas (visas électroniques). Un système qui permet aux touristes de déposer en ligne en quelques minutes leurs demandes de visa et d’obtenir une réponse dans un délai n’excédant pas, en moyenne,  les 72 heures.

Des infrastructures déficientes

L’état déplorable et le manque d’infrastructures touristiques constituent d’autres freins au développement du tourisme en Algérie. Peu d’hébergements sont aux normes internationales, et ceux qui le sont, sont excessivement chers.

Cherté des prix, saleté, manque de professionnalisme du personnel, dans le pays, il n’est pas rare que des clients se plaignent des prestations dans les hôtels.

Bien que des logements de vacances soient proposés à la location sur des sites tels qu’Airbnb et Ouedkniss, l’offre reste relativement faible, et les transports publics sont de mauvaise qualité, avec notamment une flotte d’autobus vieillissante, des trains peu fiables et des routes dangereuses. À cela s’ajoute la délinquance qui prend des proportions inquiétantes dans le pays.

La cherté des billets d’avion pour la destination Algérie est un autre facteur bloquant le développement du tourisme dans le pays. Pour attirer les touristes étrangers, l’Algérie doit augmenter son offre de places dans les avions et les navires.

Absence de bureaux de change

Le dinar algérien n’est pas convertible à l’étranger. En Algérie, le touriste se trouve contraint de changer son argent au marché noir, ce qui est peu rassurant pour une personne habituée à effectuer de telles opérations dans un bureau de change officiel ou des banques.

 Déficit de communication et absence de vision

Il est aujourd’hui clair que le gouvernement doit faire un effort pour la promotion de la destination Algérie. Les campagnes de communication faisant la promotion du patrimoine naturel, culturel et historique sont encore trop peu nombreuses. Quand elles existent, elles sont archaïques et obsolètes.

Les spots de promotion de la destination Algérie sont pour la plupart réalisés par des amateurs, touristes ou créateurs de contenus, et rarement par les autorités chargées de développer le tourisme.

Mais ce qui freine le plus le développement du tourisme en Algérie est certainement le manque de vision et de stratégie. Le pays continue de miser sur la rente des hydrocarbures et de reléguer le tourisme au second plan. Ce secteur pourrait pourtant fortement contribuer à la diversification des sources de revenus en devises du pays.

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