search-form-close
Les champs de colza se multiplient en Algérie

Les champs de colza se multiplient en Algérie

La voiture file sur la route de Aïn Kerma (Annaba). Pendant plusieurs minutes le passager filme le champ qui défile. Il est d’un jaune éclatant, c’est du colza en fleur.

Pour la deuxième année consécutive l’Institut technique des grandes cultures relance la culture de cet oléagineux en Algérie. L’objectif est ambitieux.

| Lire aussi : Culture du colza : l’Algérie affiche ses ambitions

La vidéo est de Nabil Athmania. Cet ingénieur de l’ITGC consacre une bonne partie de son temps à vulgariser cette culture encore peu connue des agriculteurs. Infatigable, il parcourt la région Nord-Est du pays pour conseiller les exploitants qui se sont lancés dans l’aventure.

Des graines triturées par AGC-SIM

Après une première campagne, les services agricoles ont à nouveau encouragé les agriculteurs à semer du colza. Les premiers pas sont parfois maladroits.

| Lire aussi : À Bejaia, immersion dans la « rivière d’huile » de Cevital

Comme cet exploitant du sud de Khenchela qui a semé le colza avec le même écartement réservé à la culture du maïs au lieu des 17 cm réglementaires. Ou cet autre dont le champ est encore bien loin d’arriver en fleur et qui explique : « Mon exploitation a été programmée tardivement pour participer au programme colza. Puis les pluies de fin novembre ont retardé les semis. »

Un autre se plaint de ne trouver sur le marché que des herbicides périmés. Dans la wilaya d’El Tarf, les plants de colza atteignent près de 2 mètres de haut. Hamza Bounour, le délégué local de la firme Basf pose fièrement devant la parcelle.

Il précise que la culture a été semée le 3 novembre et a reçu 3 quintaux d’urée 46% et un traitement fongicide contre le phoma, une maladie des feuilles.

Il s’agit d’une variété à haut rendement de type InVigor importée et commercialisée avec le désherbant qui lui est spécifique. Les plants présentent un développement impressionnant.

Kraïmia Hamid est l’heureux propriétaire de la parcelle. C’est la deuxième année qu’il sème du colza. Le représentant de Basf compte le nombre de tiges à la base d’un pied et en dénombre 12. Déjà les premières siliques (gousses) apparaissent et les abeilles vont de fleurs en fleurs.

Mais précise l’agriculteur, cela n’est obtenu qu’avec 3 quintaux d’azote. La parcelle voisine qui n’en a reçu que deux est nettement moins développée.

Une culture sur les rails?

A Guelma, le service vulgarisation et formation de la chambre d’agriculture publie une notice technique sur les moyens de protéger le colza insectes ravageurs.

Au Sud, même carte postale mais avec en arrière-plan un gigantesque pivot qui irrigue le champ. Ici aussi, on trouve ce jaune caractéristique du colza, même s’il est un peu pâle. Prévoyant, l’investisseur a placé ses ruches à proximité.

La culture est-elle enfin sur les rails? Trop tôt pour le dire même si le prix d’achat du quintal de graines a été relevé par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Sur le marché mondial les prix flambent et ont dépassé les 900 euros la tonne.

Proposé aux agriculteurs des différentes régions, il reste à voir celles où le type de sol et le climat est le plus favorable. Toutes les régions d’Algérie n’ont pas les potentialités de la wilaya d’El Tarf. Pour l’agriculteur, il s’agit d’atteindre le rendement permettant de couvrir ses charges et de dégager une marge bénéficiaire.

Le groupe Avril présent au niveau de la filière oléagineux

Les avantages de cette nouvelle culture sont multiples. Au-delà des graines produites, la culture du colza casse la monoculture des céréales à paille (blé et orge) et donc interrompt le cycle des parasites et ravageurs associés à la culture du blé.

Côté transformation, l’usine AGC-SIM d’El Hamoul (Oran) qui fonctionne avec des graines de soja importées, s’engage à assurer la trituration des graines de colza produites localement.

En 2017, s’exprimant dans le Quotidien d’Oran, Abdelkader Taïeb-Ezzraïmi, le PDG du groupe SIM avait évoqué les retombées économiques de cette culture: « Réduction à 22% de l’importation des huiles brutes, soit un gain de 110 millions de dollars par an, et à 50% de l’importation de tourteaux, soit un gain de 300 millions de dollars par an ainsi qu’un dividende de 50 millions de dollars/an sur la balance des devises. »

A El Hamoul, les tourteaux issus de la trituration de colza devraient rejoindre ceux du soja produits dans l’usine et valorisés en alimentation du bétail.

Cette entreprise développe une coopération avec le groupe français Avril. Un groupe fortement impliqué dans les oléagineux et très présent en Algérie notamment avec son partenaire Djadi. Ce dernier est l’importateur historique de la mayonnaise Lesieur en Algérie.  

En Europe, le groupe Avril développe avec son partenaire néerlandais DSM une production de protéines de colza destinées à l’alimentation humaine. Il s’agit là d’une « première mondiale », comme aime à dire Paul-Joël Derian, directeur Innovation, recherche et développement durable du groupe Avril.

Jusqu’à présent, les tourteaux de colza composés de fibres et de protéines n’étaient utilisés que dans l’alimentation animale. C’est la mise au point d’un procédé industriel permettant de les séparer qui offre de nouvelles utilisations.

La jeune filière colza algérienne mérite tout l’intérêt et pourrait bénéficier de retombées intéressantes.

  • Les derniers articles

close