Comme pour toutes les manifestations économiques ou autres organisées à la Safex, le public algérien a été au rendez-vous de la Foire de la production nationale, qui a pris fin mercredi 26 décembre. Les Algériens étaient nombreux à arpenter, six jours durant, les arcanes des pavillons, où les 430 entreprises, publiques et privées, de différents secteurs d’activité ont pris leurs quartiers en exposant leurs différents produits.
Preuve, si besoin est, que le produit algérien suscite de l’intérêt et que l’embryon d’une industrie naissante est là et qui ne demande qu’à être accompagné pour couvrir les besoins nationaux en divers produits et, pourquoi pas, conquérir des parts de marché à l’étranger.
D’ailleurs la présente édition a été placée sous le slogan de « Réussir les exportations pour une croissance économique durable ». Comme pour donner du sens à ce slogan, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a inauguré la manifestation, a fait part de la disposition de son gouvernement à lever tous les obstacles, fiscaux et douaniers, qui se dressent devant l’exportation des produits algériens. Sa conviction est que « le produit algérien peut être compétitif au niveau des marchés extérieurs ». Il s’est félicité du fait que « l’exportation figure aujourd’hui dans la culture l’entrepreneur algérien aussi bien public que privé ».
Exportations : de louables intentions et peu de chiffres
Sur le terrain qu’en est-il exactement de l’exportation ? Les entreprises algériennes arrivent-elles vraiment à placer leurs produits sur les marchés internationaux ?
Un des ‘’champions’’ des exportateurs algériens, le groupe Condor conforte doucement mais sûrement sa position à l’international. « En 2018 nous avons réalisé 26 millions de dollars d’exportations, soit une croissance de 100%, par rapport à l’année 2017, où on avait fait 13 millions de dollars à l’export », affirme Adel Hadji, senior PR manager chez Condor. Il ajoute : « Une grande partie de ce chiffre est fait en Afrique, et le marché tunisien est le plus important pour nous sur le continent noir ».
Le groupe exporte vers trois continents : Europe, Afrique et Asie. Il est présent dans pas moins de 16 pays et dispose de showrooms dans certains d’entre eux (Sénégal, Mauritanie, Benin et Congo). Les objectifs du groupe en 2019 en matière d’exportations ? Réponse de M. Hadji : « Nous tablons sur 52 millions de dollars d’exportations. C’est-à-dire une croissance de 100% avec un plan d’expansion sur 35 pays, notamment en Afrique de l’est ».
Mieux, le groupe de la famille Benhamadi a dans ses tablettes, un projet d’installation d’une unité de production et d’assemblage de téléviseurs et un autre d’insertion automatique pour les cartes mères en Tunisie. « Ça va se faire très rapidement suite à la rencontre entre le président du conseil d’administration du groupe, Abderrahmane Benhammadi et le président de la République tunisienne Beji Caid Essebsi. L’usine entrera en production en 2019 », affirme M. Hadji.
Qu’en est-il pour IRIS, l’autre groupe spécialisé dans l’électronique grand public ? « On a commencé à exporter vers les pays voisins comme la Mauritanie et certains pays du Golfe. Et notre stratégie d’exportation est d’élargir notre présence à l’international », explique Mme Imene Sayah, responsable communication et relations publiques de IRIS.
Dans le secteur des cosmétiques, les laboratoires Venus, leader des marques locales sur le marché algérien, exporte vers quatre pays (Sénégal, Mauritanie Tunisie et Libye) dans lesquels ils ont des représentants. L’entreprise dirigée par Kamel Moula a participé, en 2018, à plusieurs foires internationales où « le produit Venus a été mis en avant ». « A l’international, en Afrique plus précisément, notre produit a été présent dans plusieurs foires. Actuellement, on est en train de faire le dépôt de marque pour éviter toute contrefaçon », assure Nawel Benbournane, assistante marketing chez Venus. Les quantités exportées sont-elles importantes ? « Pour un début, on peut dire ça va », a-t-elle sobrement rétorqué. Sans fournir de chiffres.
Pour sa part, Djallal Bouabdallah, directeur de la communication du groupe Amor Benamor, se contente de livrer quelques généralités, se gardant de donner le moindre chiffre. « C’est sensible », explique-t-il. « En matière d’exportation ce que je peux vous dire est qu’on est présent sur trois continents : en Amérique du Nord, au Canada plus précisément, en Europe, en Belgique et en France et, enfin, au Moyen-Orient, aux Emirats arabes unis. On a déjà participé à la foire de Nouakchott, qui a été assez fructueuse et on est en train de travailler sur un nouveau partenariat en Afrique pour l’année 2019 », explique-t-il. Et d’ajouter : « Il y a beaucoup de pays qui nous demande d’être présent chez eux et on est en train de voir et d’étudier les conditions pour pouvoir concrétiser ces partenariats ».
Ceci dit, M. Bouabdellah ne semble pas trop effrayé par la concurrence féroce qui règne sur les marchés extérieurs. « Ce qui fait que les produits Amar Benamor sont demandés, c’est leur qualité. On est déjà certifié ISO 22000 et ISO 9000 c’est-à-dire qu’on est irréprochable sur les plans qualité et sécurité alimentaire. Notre produit respecte les normes internationales, ce qui explique pourquoi on a pu le placer en Europe. Nous n’avons pas peur d’aller en Afrique ou dans un autre continent », dit-il, sûr des atouts de son groupe.
Quoiqu’il en soit, les dividendes tirés des exportations par les entreprises algériennes restent minimes. Les rasions ? M. Hadji évoque nombre de contraintes dans la logistique, le rapatriement des devises, les taxes, etc. Les promesses du gouvernement d’aider les entreprises exportatrices sont-elles alors des paroles en l’air ? « Non. Ça a commencé en 2018. Il y a la participation algérienne dans différentes foires et salons à l’international, l’organisation par le ministère du commerce de plusieurs foires spécifiques algériennes à l’étranger. Il y a le fond d’aide à l’exportation avec la prise en charge par l’État d’une partie des frais de participation aux manifestations économiques à l’étranger », détaille-t-il.
Autre question : les entreprises algériennes sont-elles capables de relever le challenge de l’exportation ? M. Hadji, n’en doute point. « Les entreprises sont-elles bien ‘’armées‘’ pour relever le défi de l’exportation ? « Oui, on a l’espoir car il y a le potentiel. On est vraiment confiant. On croit à l’export. Le produit algérien peut concurrencer les meilleures marques à l’international », conclut-il.