Les navires méthaniers algériens se font rares dans les ports espagnols alors que les relations entre l’Algérie et l’Espagne sont en crise depuis la décision du gouvernement de Madrid de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental.

Les livraisons algériennes de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Espagne ont atteint leur plus bas niveau historique, rapporte le journal El Mundo ce mardi 27 décembre.

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Entre janvier et novembre 2022, l’Espagne a reçu 5400 GWh de GNL en provenance d’Algérie, indique El Mundo. Les livraisons de gaz naturel liquéfié depuis l’Algérie vers l’Espagne ont chuté de 74% par rapport à la même période en 2021, ajoute la même source.

« L’Algérie a appuyé sur la pédale de frein en ce qui concerne l’envoi de GNL par bateau vers l’Espagne », commente El Mundo. En 2021, l’Espagne a reçu 21.100 GWh durant la période entre janvier et novembre, poursuit le journal espagnol.

Depuis sept ans, la quantité de gaz naturel liquéfié algérien envoyé en Espagne par le biais de navire méthaniers n’a jamais baissé en dessous des 10 000 GWh, note El Mundo, à l’exception de l’année 2020 où il y avait une baisse de la demande en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19.

Ce recul historique du niveau de livraison de GNL intervient dans un contexte très difficile entre l’Algérie et l’Espagne. Les deux pays entretiennent des relations compliquées depuis le revirement espagnol sur la question du Sahara occidental en mars dernier.

Le gouvernement espagnol présidé par le socialiste Pedro Sanchez a décidé en mars 2022 de s’aligner sur la position marocaine dans le dossier sahraoui, ce qui a engendré des tensions avec l’Algérie.

En plus d’avoir rappelé son ambassadeur à Madrid au lendemain du revirement espagnol, l’Algérie a suspendu les relations commerciales avec l’Espagne en juin 2022.

La nette baisse de l’arrivée de GNL d’Algérie vers l’Espagne tombe également dans un contexte difficile en Europe où la tension sur l’énergie bat son plein notamment en raison de la guerre en Ukraine, fait remarquer El Mundo.

Profitant des tensions entre l’Algérie et l’Espagne, des pays comme l’Italie, Malte et la Grèce ont gagné du terrain en matière d’importation de gaz naturel liquéfié algérien, précise la même source.

GNL – Espagne : les États-Unis passent devant l’Algérie

L’entreprise énergétique espagnole Enagas, citée par El Mundo, relativise l’impact de la chute des livraisons de GNL algérien en évoquant des importations importantes de gaz via le gazoduc Medgaz qui fait que l’Algérie demeure le deuxième fournisseur de l’Espagne de cette énergie après les États-Unis.

Dans le domaine du gaz, les États-Unis ont couvert, jusqu’à fin novembre, les demandes espagnoles à hauteur de 28,5%, indique El Mundo, ce qui les place devant l’Algérie avec une part de marché de 23,7%. L’essentiel des exportations algériennes de gaz vers l’Espahne se fait historiquement par gazoducs. Les deux pays sont reliés par deux tubes : le Medgaz et le GME qui traverse le Maroc. Ce dernier a été fermé par l’Algérie en novembre 2021.

Selon des chiffres de la commission nationale espagnole des marchés, que cite El Mundo, le prix est estimé à 77,7€ pour 1 MWh contre 39,3€ pour la même quantité transféré par un gazoduc.