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Les gravissimes aveux de Liamine Zeroual

Les gravissimes aveux de Liamine Zeroual

Sur ces mêmes colonnes, on s’interrogeait il y a deux semaines sur la partie qui chercherait à parachuter Liamine Zeroual pour gérer la période de transition. La réponse est venue ce mardi 2 avril du premier concerné et ne peut de ce fait être démentie.

L’ancien président de la République avoue avoir rencontré l’ancien patron du DRS qui lui a proposé de revenir aux affaires. Précision de taille : la proposition lui a été faite après l’accord de Saïd Bouteflika.

« J’ai reçu, le 30 mars, à sa demande, le général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediene, qui m’a proposé de présider l’instance de gestion de la période transition. Il m’a confirmé que cette proposition est le fruit d’un accord avec Saïd Bouteflika, conseiller à la présidence de la République », écrit Zeroual dans un communiqué remis à la presse.

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Certes, l’ancien président affirme qu’il était aux côtés du peuple dès la première manifestation et qu’il a rappelé à son interlocuteur « la nécessité de ne pas entraver la marche du peuple algérien qui a récupéré sa souveraineté ». « Aujourd’hui, et devant la gravité de la situation, il est du devoir des décideurs de faire preuve de raison et se montrer à la hauteur de notre peuple pour éviter tout dérapage », ajoute-t-il.

Il n’y a aucune raison de ne pas le croire, mais ses révélations risquent de lui être très préjudiciables. Samedi 30 mars, un communiqué du MDN révélait qu’une réunion a été tenue par « des individus connus, dont l’identité sera dévoilée en temps opportun », et visait, entre autres « à contourner les revendications légitimes du peuple ». Les accusations sont gravissimes. En d’autres termes, au moment où les Algériens manifestaient par millions pour réclamer le changement, des personnages qui n’ont aucune qualité officielle, donc ni habilités ni mandatés, cherchaient à décider à sa place. Aujourd’hui, il s’avère que Gaïd-Salah avait tiré le 30 mars au canon et n’a pas raté sa cible. Les révélations, ou les aveux de Liamine Zeroual montrent au moins que la belle révolte populaire vient d’échapper au pire.

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L’ancien président (1994-1999) dit qu’il n’a pas marché dans le plan, mais il s’y est pris très maladroitement et se met aujourd’hui dans une position très inconfortable. Le mieux qu’il avait à faire, si l’on doit considérer qu’il n’était effectivement pas au courant de la teneur de la réunion à laquelle il a été convié, était de s’exprimer publiquement et de signifier clairement, comme l’a fait Mouloud Hamrouche par exemple, qu’il n’était candidat à rien.

Zeroual ne l’a pas fait et attendu que l’affaire fasse du bruit, notamment après le coup de semonce du chef d’état-major et la diffusion d’images compromettantes, pour réagir. Il tente de se dédouaner, mais l’exercice est difficile. L’opinion nationale, dont une partie gardait encore de l’estime pour lui, aura du mal à admettre que l’ancien président ait pu se déplacer de Batna à Alger pour une rencontre dont il ignorait l’objet.

Son silence pendant tout ce temps ne fait que l’enfoncer et les aveux qu’il a faits ce mardi sont d’une extrême gravité. Les trois personnages cités n’occupent aucune fonction officielle et ne sont donc pas habilités à discuter d’une question d’une telle importance. Zeroual a quitté la présidence il y a vingt ans, Toufik est à la retraite depuis 2015 et Saïd Bouteflika est frère du président, on dit aussi qu’il est son conseiller, mais cela ne lui confère guère la prérogative de mener de tels conciliabules.

Toufik n’a pas dit à Zeroual qu’il a eu l’accord de Abdelaziz Bouteflika, mais celui de Saïd. Ceux qui, depuis quelques semaines, dénoncent la mainmise de forces extraconstitutionnelles sur les institutions de l’Etat, ne divaguaient pas et la confirmation vient d’être apportée par un ancien président de la République.

La sortie de Liamine Zeroual confirme aussi que son portrait n’avait pas été brandi spontanément par des manifestants innocents. L’idée était de faire croire que l’option Zeroual était une demande du peuple. Le traquenard était presque parfait.

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