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Les lois de finances se suivent et se ressemblent !

Les lois de finances se suivent et se ressemblent !

TRIBUNE. La loi de finances 2024 est entrée en vigueur ce 1ᵉʳ janvier 2024.

Une loi de finances qui contient des mesures judicieuses tendant à soutenir le développement des activités liées aux nouvelles technologies et à alléger les taxes pour les entreprises et les promoteurs d’investissements afin de leur permettre de mieux orienter les capacités financières ainsi dégagées.

Mais une loi de finances qui fait, une fois de plus, la part belle aux dépenses publiques, qui ne sont pas toutes financées, et ramenées, cette année, à un haut niveau du fait des nombreuses et importantes redistributions sociales et salariales consenties, auxquelles s’ajoutent l’allègement de la fiscalité des particuliers et les subventions directes et généralisées, car non ciblées, des produits de 1ʳᵉ nécessité. Le tout étant censé soutenir le pouvoir d’achat et lutter contre l’inflation.

Autant de facteurs qui ne permettent pas de porter et de soutenir une stratégie de développement suffisant de la production intérieure et qui soit à même de dynamiser l’économie nationale, de désensibiliser plus rapidement le pays vis-à-vis des revenus volatiles des hydrocarbures et de créer de la valeur pour booster le marché de l’emploi et redonner du pouvoir d’achat ainsi généré par la production.

De fait, la loi de finances 2024, non seulement, ne promeut pas des leviers de croissance interne suffisants, va donc générer un déficit budgétaire qui va être difficile à compenser.

Ce déficit budgétaire « planifié » va réduire davantage les marges de manœuvres utiles en cas de brutal retournement des marchés extérieurs (ce qui est loin d’être une vue de l’esprit ou une simple hypothèse), car il sera nécessairement financé, accessoirement, par le marché des valeurs du trésor, et principalement par une ponction du fond de régulation des recettes (FRR), alimenté par la fiscalité pétrolière, à condition que le marché du pétrole ne s’essouffle pas et ne se situe pas en deçà du seuil fixé, ce qui ne peut être définitivement exclu.

Et comme personne ne peut garantir qu’il n’y aura pas en 2024 d’autres chocs sur le marché mondial du pétrole et des produits stratégiques importés, nous avons un risque que le fond de régulation des recettes soit compromis après avoir servi à financer le déficit budgétaire induit par la loi de finances 2024. Par conséquent, le moindre choc pourra potentiellement remettre en cause le maintien des subventions directes et non ciblées ainsi que les redistributions sociales, sauf à recourir de nouveau à la planche à billets pour éviter des soubresauts, surtout dans une année électorale !

Dans une telle situation, qui une fois de plus n’est pas qu’hypothétique, ce sont aussi nos réserves de change qui seront affectées par un brutal choc sur le marché mondial et toute ponction qui ne pourrait être rapidement compensée réduirait d’autant nos capacités à assurer l’intégralité des besoins importés et créerait des tensions, y compris sur le marché interne, avec une perte de pouvoir d’achat qui serait causée par une inflation insoutenable, même si, à date, les réserves de change représentent plus d’une année d’importations, réserve d’or comprise.

Nous sommes donc, une fois de plus, une fois de trop (?), face à une situation qui ne nous est pas étrangère et pourtant nous continuons à vouloir construire nos ambitions sur la base de paris que nous faisons sur le cours des choses sur le marché mondial alors que les tensions internationales n’ont jamais été aussi fortes et aussi impactantes (conflit ukrainien et son impact sur le prix des matières premières alimentaires et la guerre à Gaza et son escalade, avec un impact sur la logistique internationale, dont le coût du transport).

La loi de finances 2024, si elle peut, en effet, s’apprécier dans un contexte électoral à court terme, ne répond à aucun de nos enjeux de transformation et de développement stratégiques à court, moyen et long terme.

Les potentialités objectives de notre pays (humaines, territoriales, énergétiques…) doivent nous engager à appuyer davantage le développement de l’investissement privé créateur de richesses et à soutenir et à accompagner ceux qui cherchent à développer de nouvelles opportunités pour les exportations hors hydrocarbures et la captation d’investissements étrangers intéressés par les avantages comparatifs qu’offre notre pays en matière de main d’œuvre, de fiscalité, d’espace, de foncier et d’énergie, pour délocaliser sur le territoire national leurs outils de production.

Autant de leviers qui peuvent nous permettre d’alimenter le marché local avec les produits fabriqués localement en préservant le pouvoir d’achat, de tarir les importations de ces produits et d’augmenter la part de nos exportations hors hydrocarbures.

Le tout à l’appui d’une stratégie d’acquisition de savoir-faire et de technologies utiles pour développer le marché de l’emploi, créateur de valeur et de croissance et générateur de pouvoir d’achat, mais aussi pour développer nos territoires qui pourraient ainsi bénéficier d’une fiscalité locale suffisante (ce qui allégera d’autant la dotation de l’État et creusera moins son budget) pour leur permettre de prendre en charge les besoins en infrastructures locales, de financer une politique de solidarité volontariste, mais ciblée, et de contribuer à l’épanouissement culturel de nos concitoyens.

C’est cette stratégie de mise en valeur et d’exploitation de nos atouts, de diversification et de sécurisation qui fait cruellement défaut à cette loi de finances 2024 et qui fait que les lois de finances se suivent et se ressemblent comme un perpétuel renouvellement des conditions de fragilisation et d’ajournement des réformes de fonds absolument nécessaires.

Important : les tribunes publiées sur TSA ont pour but de permettre aux lecteurs de participer au débat. Elles ne reflètent pas la position de la rédaction de notre média.

*Vice-président de Jil Jadid

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