Économie

Les plats cuisinés arrivent en Algérie

Les plats cuisinés font leur entrée sur le marché algérien. La dernière foire de la production algérienne, qui s’est tenue à la Safex d’Alger, a été l’objet de nombreuses découvertes.

Le stand du groupe Benamor a connu une large affluence. Le motif, une dégustation qui a ravi les consommateurs : des haricots et lentilles en conserve.

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Loin d’être anecdotique, cette innovation concerne les plats cuisinés peu développés en Algérie et des aliments riches en protéines. Un produit stratégique alors que le prix de la viande atteint des sommets en Algérie.

Coiffées de casquettes portant le logo de l’entreprise, des hôtesses ont fait déguster ce nouveau produit. Des haricots cuits dans une sauce tomate déclinés dans des boîtes de conserve d’un kilo comme le montre un reportage du groupe.

Pour la dégustation, les visiteurs se sont vus offrir des portions dans des bols après que le produit ait été réchauffé. Dès les premières cuillerées, les réactions recueillies ont été positives.

Des consommateurs sous le charme

Un consommateur, la cinquantaine, apparemment ravi, a déclaré : « Ces haricots sont bons, très épicés, super, c’est extraordinaire ».

Même un enfant dans sa poussette a qui est présentée une cuillerée semble satisfait. Un autre consommateur interrogé : « Que vous dire de plus ? Même sans huile d’olive, ces haricots sont très bons ».

Un autre plus prolixe : « Quelqu’un de célibataire ou qui ne sait pas cuisiner, il achète une boîte et n’a plus à aller au restaurant. » Il est vrai que les boîtes bénéficient d’un opercule pour ouverture facile et n’ont plus rien à voir avec les boîtes de conserve d’antan.

Le stand dispose d’une scénographie étudiée : posters géants, logo hyper présent et surtout dégustation dans le respect des conditions d’hygiène strictes.

Entre deux cuillerées, l’avis d’une consommatrice : « Succulent comme produit, à la maison on n’en cuisine pas d’aussi bons. »

Le jeune public également conquis

Le public semble réellement conquis. Du moins, les plus de 40 ans. Reste à voir avec les plus jeunes. Justement, un jeune adulte, coupe de cheveux à la mode, semble intéressé par l’attroupement et s’approche du stand.

Premières cuillerées et réaction immédiate quand on lui demande son avis, il lève le pouce en l’air et confie : « Franchement, elle me plaît votre idée. On n’en peut plus de ces sandwichs dehors. Cela fait plaisir quand on sort et qu’on peut trouver des produits de la sorte. Franchement c’est une belle chose. »

Une collégienne n’a qu’un mot à la bouche : « Bnina (bonne) ». Un autre jeune consommateur, sourire aux lèvres, entre deux bouchées lance : « Bon appétit ».

Les visiteurs  affluent et les hôtesses continuent de remplir les bols et de tendre des tranches de pain. Les boîtes de conserve sont régulièrement ouvertes et versées dans de grandes casseroles pour être réchauffées avant dégustation.

Les équipes du groupe Benamor possèdent une large expérience dans l’offre de dégustation pour le large public comme en 2018 à la  » Flanders Expo  » en Belgique ou lors du Salon des Industries Agro-alimentaires de Paris ou visiteurs et invités de marque dégustent un couscous.

Conserverie Benamor, une longue tradition

La Conserverie Amor Benamor (CAB) bénéficie d’une expérience de plusieurs dizaines d’années dans la production de concentré de tomate. Comme le revendique le Groupe Benamor, la production « a été multipliée par plus de 20 entre 1986 à et 2017 passant de 3 000 à 90 000 tonnes. »

Avec trois unités dans les wilayas de Guelma et Skikda, l’entreprise est devenue le leader algérien et s’est diversifiée dans la conserve d’harissa et de confitures, mais aussi dans la semoulerie et les pâtes alimentaires.

La production de haricots et de lentilles en conserve présente l’avantage de faire fonctionner les chaînes de production une fois passée le pic lié à la tomate de conserve.

Contrairement aux lentilles, les haricots utilisés sont importés. Ces produits n’en demeurent pas moins d’une grande importance pour leur richesse en protéines végétales. Or, la consommation de légumes secs a tendance à diminuer en particulier chez les jeunes consommateurs notamment sous l’effet de la restauration rapide hors du domicile. Une restauration où domine le sandwich omelette-frites.

Un administrateur de justice à la tête de l’entreprise

Ces dernières années, l’actualité du groupe Benamor a été marquée par des affaires de justice. Ainsi, en août 2020, les activités du groupe ont cessé suite au placement en détention provisoire de Mohamed Laid Benamor.

Face aux craintes du personnel, dès 2021, la désignation d’un administrateur par la justice a permis la poursuite des activités du groupe et la pérennité de l’emploi du millier de collaborateurs du groupe a pu être maintenue.

Sur le plan technique, les équipes du groupe ont souvent été en pointe concernant l’innovation. Ces dernières années, dans le cadre des activités de minoterie, un réseau d’appui aux producteurs de blé dur a vu le jour.

Concernant la production de tomate de conserve, très tôt, le groupe Benamor a développé pour les agriculteurs sous contrat la production d’une pépinière de plants à haut rendement. Des plants cultivés sous serre avant repiquage. La mécanisation des opérations de récolte a également été entamée.

Des cadres techniques à leur poste

Dans cette période délicate pour l’entreprise, il semble que l’administrateur de justice ait laissé le staff technique de l’entreprise vaquer à ses occupations comme en témoigne l’innovation des haricots en boîte.

En mars dernier, lors du procès des dirigeants de l’entreprise, le quotidien Liberté avait rapporté les propos de Laïd Benamor : « Aujourd’hui, nous sommes en prison, mais Dieu merci, nos entreprises continuent de fonctionner grâce aux cadres que nous avons formés. »

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