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Les prisons commencent à se vider, mais est-ce vraiment l’apaisement ?

Les prisons commencent à se vider, mais est-ce vraiment l’apaisement ?

Les prisons se vident petit à petit des détenus d’opinion. Ce lundi 30 décembre, huit autres détenus ont quitté la prison d’El Harrach. Samira Messouci, Hadi Kichou, Mustapha Aouissi et Amokrane Chaâlal ont été libérés après avoir purgé leur peine, étant précédemment condamnés par le tribunal de Sidi M’hamed à six mois de prison ferme.

Dans l’après-midi, le même tribunal a prononcé une peine de deux mois de prison avec sursis à l’encontre de neuf manifestants, dont quatre étaient en détention et qui retrouvent donc la liberté, et cinq sous contrôle judiciaire. Celui de Dar El Beida a relaxé un détenu qui était en prison depuis le 1er novembre.

La libération des détenus du hirak a commencé le 23 décembre, lorsque treize manifestants, arrêtés l’été dernier et condamnés pour port du drapeau amazigh, ont quitté la prison d’El Harrach après avoir purgé leur peine. Le lendemain, mardi 24 décembre, neuf autres manifestants détenus depuis juin pour le même motif ont vu leur peine réduite en appel par la Cour d’Alger de six à trois mois de prison ferme, et retrouvé leur liberté le jour même. Smaïl Chebili a lui aussi bénéficié de la même réduction, mais il n’a quitté la prison d’El Harrach que dimanche 29 décembre, étant arrêté le 27 septembre.

Le 25 décembre, c’était au tour de cinq détenus, dont un Palestinien, de sortir de prison après avoir purgé une peine de six mois ferme. Eux aussi ils avaient bénéficié d’une réduction de peine en appel, étant condamnés en première instance à une année de prison ferme.

Ce sont pas moins de 35 détenus qui ont recouvré leur liberté depuis une semaine, sans compter ceux qui étaient en liberté provisoire et qui ont été relaxés ou condamnés à des peines avec sursis, comme les cinq manifestants relaxés dimanche par le tribunal de Skikda.

En revanche, des dizaines de détenus croupissent toujours à la prison d’El Harrach et d’autres établissements pénitentiaires du pays et de lourdes condamnations continuent à être prononcées. Le 19 décembre, le poète du hirak Mohamed Tadjadit a été condamné par le tribunal de Sidi M’hamed à 18 mois de prison ferme. Soit la même peine dont a écopé l’activiste Hadj Ghermoul devant le tribunal de Mascara le 25 décembre. Hadj Ghermoul est en quelque sorte le doyen des hirakistes pour avoir été le premier à manifester contre le cinquième mandat de Bouteflika dès janvier dernier. Un geste qui lui a valu une première condamnation à six mois de prison ferme qu’il a purgée entièrement.

Le 24 décembre, Hicham Aissaoui a été présenté devant le tribunal de Bab El Oued en citation directe et condamné à une année de prison ferme, « en l’absence des avocats », selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Les placements en détention se poursuivent aussi. Dimanche 29 décembre, l’étudiant Mohamed Amine Benalia a été placé sous mandat de dépôt après son audition par le procureur et le juge d’instruction du tribunal de Biskra.

Les observateurs retiennent aussi que la Cour d’Alger a rejeté, le même jour, les demandes de remise en liberté de Fodil Boumala et Samir Benlarbi, deux figures du hirak, après avoir pris la même décision pour Karim Tabbou, le 22 décembre.

Le fait que quelques dizaines de détenus retrouvent la liberté presque simultanément peut-il être mis dans la case des mesures d’apaisement unanimement réclamées ? Contacté par TSA, l’avocat et défenseur des droits humains, Saïd Salhi, reconnait que le fait que le tribunal de Sidi M’hamed prononce des peines avec sursis pour des porteurs du drapeau amazigh constitue une « nouveauté », mais tient à préciser que « la plupart de ceux qui ont été libérés sont ceux qui ont purgé leur peine ». « Sinon, pour les autres, on ne voit pas de signe clair en faveur de leur libération. On ne peut pas encore parler de volonté affichée pour la libération des détenus », tempère-t-il.

Me Seddik Mouhous, membre du collectif de défense des détenus condamnés ce lundi à des peines avec sursis, confirme qu’ils étaient poursuivis pour « atteinte à l’unité nationale », donc pour port du drapeau amazigh. « On aurait aimé qu’ils soient relaxés. Est-ce le début d’apaisement ? On constate que les manifestants arrêtés commencent à être libérés, mais on ne voit rien venir pour les figures connues du hirak. C’est peut-être un début d’apaisement, mais on reste toujours méfiants », dit-il.

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