
Dans une lettre adressée mercredi à son Premier ministre François Bayrou, le président français, Emmanuel Macron, s’est exprimé sur le bras de fer entre la France et l’Algérie, en optant pour l’escalade, sur les pas du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Ce jeudi 7 août, le ministère algérien des Affaires étrangères a apporté, via un communiqué, des éléments de réponse à la lettre de Macron, mais aussi aux explications fournies ce jour même au chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie en France par le Quai d’Orsay.
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Les autorités algériennes « ont examiné avec beaucoup d’attention » ces nouveaux développements dans la relation algéro-française, indique d’emblée la diplomatie algérienne, précisant que « l’examen de ladite lettre et des explications qui l’ont accompagnée autorisent des observations préalables importantes ».
Le MAE algérien explique que la lettre de Macron « exonère la France de l’intégralité de ses responsabilités et fait porter tous les torts à la partie algérienne ». Or, « rien n’est plus loin de la vérité et de la réalité », précise-t-on.
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La partie algérienne explique en effet que dans toutes les phases de la crise entre les deux pays, des communiqués officiels du ministère algérien des Affaires étrangères ont été rendus publics. Ces documents révèlent à chaque fois que les contre-mesures et les réactions de l’Algérie « s’inscrivaient strictement et rigoureusement dans le cadre de l’application du principe de réciprocité ».
Le ministère algérien indique aussi que, dans sa lettre, Emmanuel Macron tente de donner de la France de « l’image d’un pays hautement soucieux du respect de ses obligations bilatérales et internationales » et « l’Algérie de celle d’un État en violation continue des siennes ». Or, rien de tout cela n’est vrai, dénonce encore la diplomatie algérienne.
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« L’Algérie ne cède pas à la pression, à la menace et au chantage, quels qu’ils soient »
Et pour étayer ses propos, le MAE indique que « c’est la France qui a contrevenu à sa propre législation interne. C’est la France, également, qui a manqué au respect de ses engagements au triple titre de l’accord algéro-français de 1968 (…) de la convention consulaire algéro-française de 1974 et de l’accord algéro-français de 2013 ».
Rappelons que ce dernier accord est relatif à l’exemption des visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service, qu’Emmanuel Macron a décidé de suspendre.
De plus, c’est également la France, ajoute la même source, « qui s’est donné pour seul et unique objet de fixation l’accord algéro-français de 1994 relatif à la réadmission des ressortissants algériens vivants en situation irrégulière en France ».
L’ensemble de ces manquements français « n’ont eu pour but que de passer outre le respect des droits acquis des ressortissants algériens éloignés souvent arbitrairement et abusivement du territoire français et leur privation des possibilités de recours administratifs et judiciaires », peut-on encore lire dans le document.
Dès le début de la crise, en juillet 2024, la France « a posé sa gestion en termes de rapports de force. C’est elle qui a procédé par injonctions, ultimatums et sommations », ignorant que « l’Algérie ne cède pas à la pression, ni à la menace et au chantage, quels qu’ils soient », souligne encore le communiqué du MAE.
Visas aux passeports diplomatiques : l’Algérie ressort la carte de la réciprocité
Dans sa réponse, l’Algérie rappelle également « qu’elle n’a été historiquement à l’origine d’aucune demande de conclusion d’un accord bilatéral d’exemption de visas au profit des titulaires de passeports diplomatiques et de service ». C’est la France, qui était, « à maintes reprises, à l’origine d’une telle demande », selon toujours la diplomatie algérienne.
En réaction à la décision de Macron de suspendre l’accord de 2013, l’Algérie indique que la France lui a offert « l’opportunité idoine » d’annoncer, elle aussi, « la dénonciation pure et simple de ce même accord ».
Suivant ainsi le principe de la réciprocité, l’Algérie décide que les visas qui seront accordés aux titulaires français de passeports diplomatiques et de service obéiront désormais « aux mêmes conditions que celles que la partie française imposera à leurs homologues algériens ».
L’Algérie se dit prête à la résolution des différends avec la France
Concernant l’annonce de la réactivation du levier visa-réadmission, le Gouvernement algérien tient à constater que « ce levier est en flagrante violation de l’accord algéro-français de 1968 et de la convention européenne des droits de l’homme de 1950 ».
Ainsi, la protection consulaire de l’Algérie à l’égard de ses ressortissants en France, pour notamment les aider à faire valoir leurs droits et à faire respecter tout ce que les législations française et européenne leur garantissent, « sera sans faille », tient à préciser le ministère des Affaires étrangères.
La diplomatie algérienne remarque que dans la lettre de Macron énumère un « certain nombre de contentieux bilatéraux devant faire l’objet d’une recherche de règlements. L’Algérie entend, elle-aussi, saisir, par la voie diplomatique, la partie française d’autres contentieux devant faire l’objet d’une même recherche de règlements », conclut le communiqué.