Le secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a appelé, ce mardi 10 mars, le président de la République Abdelmadjid Tebboune afin d’intervenir « immédiatement » pour qu’il « soit mis fin à des poursuites abusives, attentatoires » à la liberté de la presse.
« Monsieur le Président, le 5 janvier 2020, lors de votre premier Conseil des ministres, vous avez appelé le gouvernement à consolider la liberté de la presse, ce dont nous nous sommes réjouis. Cette déclaration ne saurait être démentie par les faits. Nous nous adressons à vous en tant que garant du respect et de la mise en œuvre de la Constitution et des obligations internationales de votre pays. Nous vous appelons à intervenir immédiatement pour qu’il soit mis fin à des poursuites abusives, attentatoires à la liberté de la presse », écrit Christophe Deloire, dans une lettre adressée à Abdelmadjid Tebboune.
Cette lettre intervient alors que le correspondant de RSF venait d’être inculpé « pour atteinte à l’unité nationale » par le tribunal de Sidi M’Hamed qui l’a placé sous contrôle judiciaire.
« Le journaliste Khaled Drareni, directeur du site Casbah Tribune et correspondant de Reporters sans frontières (RSF) et de TV5 Monde en Algérie, a été mis en examen pour « atteinte à l’unité nationale » avec interdiction de quitter le territoire, à l’issue de trois jours en garde à vue. Il risque jusqu’à dix ans de prison ferme », rappelle l’ONG.
« Lors de son interpellation le 7 mars dernier, Khaled Drareni ne faisait qu’exercer son métier de journaliste en couvrant une marche comme il le fait depuis le déclenchement des manifestations le 22 février 2019. Depuis cette date, il a été convoqué à de nombreuses reprises et a été victime d’intimidations de la part des services de sécurité qui visent à le dissuader de faire son travail », souligne-t-elle.
S’il s’est dit « soulagé » de la libération de Khaled Drareni, Christophe Deloire n’a pas caché ses « inquiétudes » concernant la charge retenue contre lui. «Un grand merci à tous ceux qui ont exprimé leur soutien à Khaled Drareni. Nous nous engageons maintenant dans une lutte pour l’abandon des charges contre ce journaliste, harcelé par les services sécuritaires parce qu’il incarne l’esprit de liberté en Algérie », avait écrit plutôt, dans un tweet, Christophe Deloire.