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Libye : les contradictions de la diplomatie algérienne

Libye : les contradictions de la diplomatie algérienne

Toufik Doudou / NEWPRESS
Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines et de la Ligue arabe

Abdelkader Messahel vient de clôturer une deuxième tournée en Libye en l’espace de deux semaines. Après avoir visité les régions de l’Est libyen, du 19 au 21 avril, le ministre des Affaires maghrébines et de la Ligue arabe était ce week-end dans le Sud de la Libye.

Si la première tournée s’est déroulée sans accrocs, le second voyage a suscité des critiques en Libye. Dans un communiqué, le Parlement libyen (dit également de Tobrouk), soutien du maréchal Haftar, a mis en garde le ministre algérien contre « les conséquences » de « ses dépassements » ainsi que de « sa violation flagrante de la souveraineté libyenne ».

Le camp du général Hafter a dénoncé « l’entrée du ministre algérien des Affaires étrangères et sa tournée dans les villes du Sud libyen sans autorisation préalable comme s’il s’agissait d’une wilaya algérienne ».

De retour à Alger, Abdelkader Messahel a répondu indirectement à ces critiques. Il a rappelé les principes de la diplomatie algérienne. « Nous avons en Algérie des principes sacrés en vertu desquels nous n’acceptons pas l’ingérence dans les affaires de quiconque ni dans nos affaires », a-t-il déclaré, selon l’agence officielle. « Mais quand il s’agit d’un pays voisin, nous sommes au service de la paix et ne recherchons pas la gloire », a-t-il ajouté.

Le ministre algérien avait d’ailleurs tenu des propos similaires devant les Libyens, comme si l’Algérie n’était pas un pays étranger pour la Libye. Mais les soutiens de Haftar ne voient pas les choses de la même façon. Pour eux, l’Algérie est bien une puissance étrangère et une tournée de Messahel en Libye « une ingérence » dans leurs affaires.

| LIRE AUSSI : Le Parlement de Tobrouk dénonce « une atteinte à la souveraineté nationale » après la tournée de Messahel en Libye

De quoi compliquer un peu plus les relations entre Alger et le maréchal libyen, déjà très mauvaises. Haftar avait en effet refusé de venir à Alger rencontrer son rival Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d’union nationale (GNA) soutenu par l’ONU, avant de le faire la semaine dernière aux Émirats arabes unis.

Habituellement, les médiations dans le règlement des conflits se font de manière discrète, voire secrète. La discrétion permet plus d’efficacité et évite de froisser des parties impliquées dans le conflit. Et la diplomatie algérienne a souvent été bonne élève en la matière. Pourquoi donc Messahel, et à travers lui la diplomatie algérienne, a-t-il pris la décision d’effectuer cette tournée médiatisée qui ressemble à une ingérence dans les affaires libyennes ?

Avec cette tournée, l’Algérie vient de perdre une nouvelle occasion de se positionner comme un acteur neutre dans ce conflit. Ses relations difficiles avec Haftar affaiblissent sérieusement sa position. D’autres pays pourraient en profiter pour se positionner.

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