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Libye : reprise des combats, l’embargo sur les armes violé

Le cessez-le-feu fragile mis en place le 12 janvier dernier en Libye à la demande la Russie et la Turquie a formellement pris fin après la reprise des hostilités entre les forces du maréchal Haftar et celles du gouvernement d’union nationale (GNA), alors que l’embargo international sur la livraison d’armes en Libye n’est toujours pas respecté, rapportent plusieurs médias.

Ce weekend, les forces du maréchal Khalifa Haftar ont progressé vers l’ouest du pays depuis Sirte et affronté des milices à Misrata, ville fournissant nombre de combattants pour le GNA, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, rapporte Financial Times. Les forces de Haftar, dénommées Armée nationale libyenne (ANL) ont même brièvement occupé la ville d’Abu Graïn (120km au sud-est de Misrata et 140 km à l’ouest de Sirte) avant de battre en retraite, précise la même source.

Signe formel de la fin de la trêve fragile mise en place, le porte-parole de l’ANL a affirmé ce dimanche qu’il ne peut y avoir de solution politique au conflit opposant les deux factions. « Il n’y a que la solution militaire car ces milices [protégeant le GNA] ne rendront jamais leurs armes ou se soumettraient au Conseil de sécurité ou à l’Onu », a affirmé Ahmed al-Mismari, cité par Financial Times.

Alors que la conférence de Berlin avait pour objectif de réunir les différents acteurs internationaux de la crise libyenne autour d’une table afin de réaffirmer le respect de l’embargo sur les armes imposés à la Libye, le transfert d’armes vers les forces du GNA et du maréchal Haftar ont connu une recrudescence ces deux dernières semaines.

« Durant les dix derniers jours, de nombreux avions-cargos et autres vols ont été observés en train d’atterrir dans les aéroports libyens dans les parties ouest (pro-GNA, ndlr) et est (pro-Haftar, ndlr) du pays pour fournir les deux parties des armes, des véhicules blindés et des combattants », a affirmé la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), citée par le New York Times.

« La mission condamne ces violations en cours, qui risquent de plonger le pays dans une nouvelle série de combats intensifiés », a dénoncé la Manul.

Soutien du maréchal Haftar, les Émirats arabes unis ont notamment été pointés du point comme étant un fournisseur majeur d’armes pour l’Armée nationale libyenne. Elle a également envoyé des avions de chasse en soutien aux forces de Haftar, rapporte le journal américain. Des analystes ont notamment détecté une forte augmentation des vols depuis les Émirats vers les zones contrôlées par les forces de Haftar.

Ainsi en deux semaines, du 12 au 26 janvier, pas moins de 37 avions-cargos ont décollé des Émirats arabes unis, pour venir en soutien aux forces du maréchal Haftar, rapporte le journal français La Croix. « Si l’on compte en moyenne 75 tonnes de matériel par avion, ce sont quelque 2 700 tonnes de matériel qui ont été acheminées en quinze jours », calcule Jalel Harchaoui, chercheur à l’institut néerlandais de relations internationales Clingendael, cité par la même source, ajoutant que « depuis dimanche, des rumeurs se font insistantes sur la livraison de chars d’assaut ».

Les forces du gouvernement d’union nationale ne sont cependant pas en reste, bénéficiant d’un soutien militaire franc de la Turquie. La Turquie a notamment envoyé des armes de défense, de brouillage antiaérien, et des renforts en hommes, a indiqué Jalal Harchaoui, soulignant cependant le déséquilibre entre les deux camps depuis le lancement par les forces du maréchal Haftar d’une offensive sur Tripoli en avril dernier.

« En neuf mois, le camp d’Haftar a mené trois à quatre fois plus de frappes aériennes que le camp de Tripoli ; la colère internationale contre l’intervention de la Turquie, de fait très isolée, est en décalage avec la réalité du terrain », a expliqué l’analyste.

L’ancien ministre Abdelaziz Rahabi a estimé que les pays qui « détiennent les clés de la solution en Libye sont ceux qui approvisionnement les parties en conflit dans ce pays ». Il a plaidé pour l’arrêt des fournitures d’armes aux belligérants.

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