Politique

« L’offre de dialogue proposée par le pouvoir vise seulement à aller vers les élections »

Belkacem Benameur, premier secrétaire national du FFS, met en garde le régime contre un éventuel échec de la révolution populaire en cours depuis le 22 février 2019.

« Le mouvement populaire ne doit pas échouer. Le régime manquerait sérieusement d’imagination s’il ne mesure pas les conséquences d’un éventuel échec de cette révolution. On a vécu une expérience qui n’est pas assez lointaine, celle de la décennie noire. Il y avait une multitude de moyens et d’instruments pour éviter la guerre civile, mais les tenants du régime à l’époque n’avaient pas eu cette intelligence d’être patients, de faire confiance à notre peuple et aux forces politiques afin de dépasser la situation d’une manière politique et pacifique », explique-t-il.

Belkacem Benameur exhorte le régime à restituer le pouvoir au peuple, un préalable à tout dialogue pour une sortie de crise, selon lui. « Tant que le pouvoir réel n’a pas cette volonté de restituer le pouvoir au peuple, on ne peut pas se réunir pour discuter des mécanismes à mettre en place pour dire comment sortir de l’impasse politique. Le fait de réunir les partis politiques sans rendre le pouvoir au peuple fait partie de la contre-révolution. Toute discussion est alors destinée à sauver le régime » », ajoute l’ex-député du FFS.

Selon lui, il existe aujourd’hui une guerre des clans au sein du pouvoir mais qui ne doit pas intéresser le peuple algérien. « Si des partis politiques et des organisations de la société civile considèrent que la crise c’est cette guerre des clans, pour nous au FFS nous disons non. Nous n’allons pas entrer dans ce conflit clanique. La vraie crise, c’est cette crise institutionnelle profonde que nous vivons. C’est pour cela que nous ne pouvons pas parler maintenant des mécanismes techniques pour la transition démocratique », souligne-t-il.

Belkacem Benameur expose la démarche du FFS pour une sortie de crise. « Notre démarche est claire : c’est passer par une transition démocratique discutée et accepter par tous, aller une vers assemblée nationale constituante souveraine représentative de tout le peuple algérien, élaborer la Loi fondamentale avec la participation de tous les algériens », détaille-t-il tout en déplorant l’existence d’ « une espèce de frayeur chez certains algériens concernant cette solution de la constituante, avec cette peur de perdre certains acquis ».

Aux yeux de l’ancien député FFS, l’offre de dialogue proposée par le pouvoir vise seulement à aller directement vers les élections présidentielles. « Ces pourparlers pour aller vers une élection présidentielle visent à résorber une crise clanique à l’intérieur du sérail. Le peuple demande autre chose. L’élection présidentielle a toujours été celle du régime, elle n’a jamais été celle du peuple. Aujourd’hui, ce n’est pas la revendication portée par la population. Pourquoi, alors, un parti politique sérieux va-t-il discuter de cette question ? » s’interroge-t-il.

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