
C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre deux coups. Avec Luca Zinédine Zidane, qui a choisi la nationalité sportive algérienne, l’équipe d’Algérie de football dispose d’une option supplémentaire au poste de gardien de but, qui reste l’un de ses talons d’Achille en ce moment.
Dans la foulée de cette recrue de qualité, les Verts s’offrent aussi un énorme coup de projecteur sur la scène internationale. Toute la presse mondiale en parle en effet.
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Sa venue constitue un signal fort pour les autres joueurs binationaux, après les revers liés à Rayan Cherki et Maghnes Akliouche qui ont préféré les Bleus aux Verts.
Le rôle de la FAF
Pour le fils de Zizou, il s’agit d’une opportunité de booster sa carrière, avec le statut d’international. Conjoncture oblige, l’annonce a suscité un vif débat sur la binationalité en France avec, fatalement, des commentaires biaisés de la sphère extrémiste.
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Luca Zidane, fils de la star du football mondial Zinédine Zidane, évolue comme gardien de but à Grenade, en deuxième division espagnole. Il vient d’opter, à 27 ans, pour la nationalité sportive algérienne.
L’annonce a été faite vendredi 19 septembre par la Fédération algérienne de football (FAF). « La Fédération algérienne de football a le plaisir d’annoncer que la FIFA a officiellement accordé, ce vendredi 19 septembre 2025, au gardien de but Luca Zinédine Zidane l’autorisation de représenter l’équipe nationale d’Algérie », a écrit l’instance fédérale sur son site Internet.
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Selon nos sources, le joueur a été approché par la FAF qui lui a proposé d’intégrer l’équipe nationale. « Il a été approché, a discuté avec lui pour intégrer l’équipe nationale. Les démarches pour le changement de nationalité ont été effectuées en concertation avec le jouer », expliquent nos sources.
Beaucoup diraient que recruter un joueur de deuxième division espagnole n’est pas ce qu’on peut appeler un renfort de choix pour une sélection passée à un autre niveau avec des joueurs évoluant dans de grands clubs européens. Mais le jugement est à atténuer pour au moins deux raisons.
D’abord, le niveau de l’antichambre de la Liga espagnole est très relevé et Luca Zidane n’est pas un gardien quelconque.
Il a fait sa formation à la Castilla du Real Madrid, l’une des meilleures écoles au monde, et a joué deux ans avec l’équipe pro du Real, comme remplaçant certes.
Outre le Real, Luca a gardé les buts de quatre autres clubs espagnols : Santander, Rayo Vallecano, Eibar et Grenade. Il a joué pour les équipes de France des jeunes de -16 ans à -20 ans, entre 2014 et 2018, remportant le championnat d’Europe des moins de 17 ans avec les Bleus.
Ensuite, l’équipe d’Algérie n’a pas vraiment l’embarras du choix en ce moment concernant le poste de gardien de but. Depuis la retraite de Raïs M’Bolhi, toutes les options essayées, Mandrea, Zeghba ou Guendouz, n’ont pas donné entièrement satisfaction. Le poste est unanimement désigné comme l’une des faiblesses de l’équipe nationale depuis quelques mois.
Luca Zidane, un choix très symbolique
Du reste, on sait d’expérience qu’un gardien qui ne fait pas une grosse carrière en club peut bien réussir en sélection.
L’exemple le plus édifiant est évidemment celui de Raïs Ouahab M’bolhi qui a gardé les bois de l’Algérie avec brio pendant 14 ans sans évoluer dans aucun des grands championnats d’Europe, si l’on excepte de brefs passages en France.
Zidane peut donc bien être la solution pour l’équipe d’Algérie au poste de gardien, du moins une option à essayer. Le sélectionneur Vladimir Petković lui donnera sa chance, c’est sûr. Il appartiendra ensuite au joueur de la saisir.
Néanmoins, la nouvelle fait parler plus par son côté symbolique que par son intérêt sportif. Luca est le fils de l’un des meilleurs footballeurs de tous les temps, d’origine algérienne de surcroît. Zinédine n’a pas joué pour l’Algérie et les Algériens le regrettent évidemment, tout en comprenant les considérations pragmatiques qui l’ont amené à défendre les couleurs de la France.
Pendant et avant sa carrière, le champion du monde 1998 a toujours exprimé de différentes manières son attachement au pays de ses origines, ainsi que toute sa famille, dont le patriarche Smaïl Zidane.
En attendant ce qu’il fera sur le terrain, Luca apporte avec lui le poids de son nom. À l’avenir, son choix pourrait aider à déterminer celui d’autres binationaux hésitants. Il s’agit en tout cas d’un énorme coup de projecteur pour l’Algérie et son équipe nationale, comme en témoigne l’intérêt que porte à l’annonce la presse française et mondiale.
Lucas Zidane snobe la France et va jouer pour l’équipe nationale d’Algérie.
Pourquoi ? pic.twitter.com/Z02cFs3LJw— Tom Boyer (@tomalxbr) September 20, 2025
Dans une conjoncture de crise avec l’Algérie et de vif débat en France sur la place des binationaux, la nouvelle ne pouvait pas passer dans la case du non-événement.
Dans les réactions et commentaires, on trouve de tout. Il y a d’abord l’éternelle accusation de « choix par défaut » qui revient.
Le reproche a été fait à tous les binationaux qui ont opté pour l’Algérie, y compris ceux qui se sont imposés dans de grands clubs, comme Riyad Mahrez. Zidane est ainsi soupçonné de chercher à garantir une place en coupe du monde pour une meilleure visibilité.
La fachosphère et l’illusion de « l’intégration »
Des internautes ont aussi fait une lecture très politique du choix du fils de Zinédine Zidane, précisément en ce moment. Pour certains, le joueur est poussé dans les bras de l’Algérie par le climat de stigmatisation et de suspicion autour des Franco-Algériens.
Pour la fachosphère, le cas Luca Zidane illustre l’échec de « l’illusion » de « l’intégration ». Le responsable jeunesse du Rassemblement national (RN), Julien Rocher, ne s’est pas embarrassé des formes, livrant une lecture ouvertement raciste. « Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français » et « l’huile et le vinaigre » ne se mélangent pas.
À ceux qui comparent les cas de Zidane fils et père pour conclure que les anciennes générations étaient plus intégrées, de nombreux internautes se sont chargés d’apporter cette réponse cinglante : peut-être qu’avant, le racisme n’était pas aussi débridé qu’il l’est aujourd’hui.
Lucas Zidane est français, algérien, espagnol.
Mais c’est en France qu’on lui demande de choisir.
L’Espagne l’accueille, l’Algérie l’honore la France, elle, l’interroge.— Sir Sid🇩🇿🅰️li☪️علي🇮🇹سيد (@bilal_educ) September 20, 2025