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Lutte anti-Covid : « Cher ami, tu es le seul à porter la bavette… »

Lutte anti-Covid : « Cher ami, tu es le seul à porter la bavette… »

La scène se passe à Boumerdès, à l’est d’Alger. « La situation est inquiétante. Les contaminations au coronavirus reprennent », lance le chauffeur de taxi pour aborder la discussion avec ses passagers.

Mais le bonhomme, la soixantaine, ne semble pas lui-même prendre trop au sérieux le virus. Il n’est pas sans savoir que, mise sous le menton, la bavette n’est d’aucune utilité. C’est ainsi qu’il la porte, pourtant. Et il est loin d’être le seul à faire semblant se protéger et de protéger les autres.

Depuis le déconfinement progressif du 15 août, à la faveur duquel les plages, les mosquées et de nombreux autres espaces publics avaient été autorisés à rouvrir, les gestes-barrières pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 se font de moins en moins visibles, trop peu observés, pour ne pas dire complètement ignorés.

« Le relâchement est total et pour tout le monde. Même dans les administrations, les mesures ne sont pas respectées. Les affiches (indiquant les mesures-barrières obligatoires, ndlr) sont là pour décorer les entrées », se désole le Dr Adel Boudahdir, du service réanimation du CHU de Blida. « Alors pour les commerces, n’en parlons pas !», regrette-t-il.

De norme lors des premières semaines de la pandémie au printemps dernier, le port du masque est peu à peu devenu exception en Algérie. « Cher ami, tu es le seul à porter la bavette. Il n’y a plus de coronavirus », dit un commerçant à un client masqué dans un commerce d’alimentation générale, toujours à Boumerdès. Le commerçant est pourtant censé non seulement porter le masque, mais aussi l’exiger à ses clients.

C’est à cette condition que le gouvernement avait autorisé la reprise des activités commerciales et économiques. Suivies pendant un moment, les mesures de protection du coronavirus ont été peu à peu abandonnées par les Algériens.

Le relâchement est général, à quelques exceptions cependant. Comme cet agent immobilier rencontré dans son agence. Bavette portée correctement, il s’indigne du fait que beaucoup de clients entrent dans le local sans porter de masque. Notre interlocuteur avoue qu’il est gêné à chaque fois qu’il doit le rappeler à ses nombreux visiteurs.

Etablissements d’enseignement, l’exception

Peu à peu donc, les choses se sont inversées et la gêne est désormais chez ceux qui ont encore du civisme. « Ce sont ceux qui  portent une bavette de protection qui se sentent maintenant bizarres », confirme Dr Boudahdir.

Contrairement aux commerces et à certaines administrations, les consignes de prévention et les mesures-barrières sont scrupuleusement respectées dans les entités qui risquent gros si les agents de contrôle venaient à constater une quelconque défaillance. C’est le cas notamment des crèches et des écoles privées.

Comme on le constate dans cette école du préscolaire, au chef-lieu de la wilaya de Boumerdès, on ne badine pas avec les mesures-barrières en particulier le port du masque et la désinfection des mains.

Les parents qui accompagnent leurs enfants ne sont pas autorisés à pénétrer à l’intérieur de l’établissement où le personnel est également assujetti aux règles précisées dans le protocole sanitaire élaboré pour les écoles et les établissements relevant du ministère de l’Éducation nationale.

Heureusement d’ailleurs, car dans cette wilaya côtière, la situation sanitaire est alarmante depuis quelques semaines. L’hôpital de Thénia, le plus grand de la wilaya, connaît une saturation. Seuls les patients Covid-19 souffrant de difficultés respiratoires y sont admis. Les autres sont traités en ambulatoire.

C’est le cas aussi dans les hôpitaux de Bordj-Menaiel et de Dellys, très sollicités ces derniers jours.  Les professionnels de la santé sont unanimes : cette  recrudescence est due au relâchement observé dans l’application des mesures-barrières.

Hormis dans certains types d’établissements, rien n’est fait pour les imposer partout et pour tous. Il reste à espérer que le coup de semonce lancé ce mercredi 4 novembre par Abdelaziz Djerad, puisse faire bouger les choses.

Le Premier ministre a menacé de prendre des mesures plus strictes en cas de détérioration de la situation sanitaire liée au Covid-19. Hier jeudi, l’Algérie a enregistré une autre flambée spectaculaire des cas quotidiens de Covid-19 pour franchir la barre des 600 cas par jour. Celle des 500 cas a été franchie mercredi.

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