
L’Algérie veut réduire l’utilisation des espèces dans les transactions commerciales et développer des moyens de paiement électronique. Une stratégie en cinq axes a été adoptée par le gouvernement pour accélérer la modernisation et la généralisation des moyens de paiement, a dévoilé le ministre des Finances Abdelkrim Bouzerd dans une réponse à un député sur cette question.
Le premier argentier rappelle que la création du Comité national des paiements a été créé en vertu de la nouvelle loi monétaire et bancaire qui a été promulguée le 21 juin 2023. Ce comité a pour mission de mettre en place une stratégie nationale pour le développement des moyens de paiement scripturaux (chèques, cartes bancaires, virement). Objectif : faciliter les transactions bancaires et renforcer l’inclusion financière.
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Dans cette réponse consultée par TSA, le ministre des Finances dévoile un plan autour de cinq axes stratégiques :
· Adaptation du cadre réglementaire relatif aux paiements électroniques,
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· Modernisation de l’infrastructure de paiement électronique
· Développement de techniques de paiement innovantes
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· Accélération de la numérisation des flux de paiement
· Promotion d’une culture financière favorisant l’utilisation des moyens de paiement électroniques.
Cadre réglementaire
Le ministre des Finances détaille ensuite les grands axes de cette feuille de route. Le premier axe concerne l’adaptation du cadre réglementaire, une « étape indispensable » pour moderniser des systèmes de paiement à travers « l’intégration de nouvelles technologies, les prestataires de services de paiement (PSP) et les banques numériques ». Cette modernisation doit garantir la sécurité des transactions et protéger les acteurs économiques contre les cybermenaces, conformément aux normes internationales. »
Modernisation de l’infrastructure de paiement électronique
Le deuxième axe porte sur la modernisation de l’infrastructure de paiement électronique en Algérie qui, soutient le ministre des Finances, est « essentielle pour sécuriser et promouvoir l’adoption des paiements électroniques ». Cela passe par le développement d’un cadre technique, des investissements dans la cybersécurité et la mise en place de trois datacenter afin de garantir la résilience du système. L’interopérabilité et l’inclusion financière sont également renforcées avec le lancement du Mobile Switch, alors que la formation continue des professionnels du secteur est essentielle pour garantir l’efficacité et le développement du système ».
Le ministre des Finances ajoute que le « développement de nouvelles technologies de paiement vise à améliorer la rapidité, la sécurité et l’accessibilité des transactions, et ce avec l’inclusion des « cartes sans contact, les cartes à débit différé et les cartes virtuelles offrant une meilleure protection grâce au cryptage ». « Les paiements mobiles, notamment via les QR codes, sont essentiels pour pallier la pénurie de systèmes de paiement électronique (TPE) et faciliter les paiements », détaille le ministre. Cette stratégie encourage les banques à développer leurs « propres applications de paiement, dont l’interopérabilité sera assurée par le Mobile Switch. »
Numérisation des flux de paiement
Le troisième grand axe de cette feuille de route concerne la numérisation des flux de paiement qui repose, selon le ministre des Finances, sur la « généralisation des paiements électroniques, avec des incitations pour les secteurs public et privé. L’adoption des paiements électroniques par les organismes gouvernementaux et les entreprises publiques (facturation, impôts et taxes) augmentera la transparence et facilitera l’accès aux services ». Dans le secteur privé, Abdelkrim Bouzerd ajoute qu’il a été décidé de « rendre obligatoire d’installer des moyens de paiement électronique dans les supermarchés et les supérettes », alors les incitations fiscales telles que des réductions de TVA et des exonérations fiscales pour les commerçants et les consommateurs visent à accélérer l’adoption des paiements numériques ».
Campagne de vulgarisation des moyens de paiement électronique
Le quatrième axe de cette stratégie a trait à la vulgarisation des moyens de paiement électronique avec des campagnes de sensibilisation ciblant les consommateurs et les commerçants, pour mettre en avant la sécurité et les avantages économiques des transactions numériques. Ces campagnes, d’intérêt général, seront « diffusées gratuitement sur différents canaux, notamment la télévision, la radio et les réseaux sociaux, en collaboration avec les secteurs concernés. La formation des commerçants à l’utilisation des appareils et à la gestion des transactions est également indispensable. Enfin, des sondages d’opinion et des ateliers seront organisés pour recueillir des retours d’expérience afin d’améliorer les systèmes existants », détaille Abdelkrim Bouzerd.
Algérie : 49 mesures mises en œuvre pour réduire le cash dans les transactions commerciales
Dans le cinquième et dernier axe de cette feuille de route figure un ensemble de 49 mesures à appliquer pour concrétiser ce programme. « Sur les 49 mesures incluses dans la feuille de route initiales, plus de 21 ont déjà été mises en œuvre », révèle le ministre des Finances, en annonçant qu’une nouvelle feuille de route est en « cours d’élaboration » pour intégrer les mesures « non encore finalisées de la première phase, tout en proposant de nouvelles mesures considérées comme prioritaires ».
L’Algérie compte plus de 20 millions de cartes bancaires
L’application de ces mesures devrait « accélérer considérablement » le développement des moyens de paiement électronique en Algérie, anticipe le ministre qui souligne que cette feuille de route « reflète l’engagement clair des pouvoirs publics à renforcer et moderniser le système de paiement par une approche progressive, globale et systématique visant à renforcer la confiance, à améliorer l’accessibilité et à encourager l’utilisation des solutions de paiement électronique à l’échelle nationale ».
M. Bouzerd a ensuite que jusqu’à fin avril 2025, l’Algérie comptait 20.498.350 de cartes dont 16 189 017 Dahabia d’Algérie Poste, 4.309.333 CIB (carte interbancaire) qui sont délivrées par les banques commerciales et 4.577 DAB (distributeurs de billets) et 77.576 TPE (terminaux de paiement électronique). Il a ajouté que jusqu’à fin 2024, 197.323.075 transactions pour un montant total de 3,691 milliards de dinars algériens ont été effectuées via les DAB, et 5 579 708 transactions pour une valeur totale de 44,5 milliards de dinars algériens ont été opérées via les TPE.