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Macron reconnaîtra-t-il les crimes du colonialisme français en Algérie ?

Macron reconnaîtra-t-il les crimes du colonialisme français en Algérie ?

NEWPRESS

Emmanuel Macron ira-t-il plus loin que ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande en reconnaissant les crimes du colonialisme français en Algérie ? Le 14 février 2017, Macron, alors candidat en visite à Alger, avait affirmé que la colonisation était « un crime contre l’humanité ».  

« Je pense qu’il est inadmissible de faire la glorification de la colonisation. Certain ont voulu faire cela en France, il y a dix ans. Jamais vous ne m’entendrez tenir ce genre de propos. J’ai toujours condamné la colonisation comme un acte de barbarie. La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime contre l’humanité », a-t-il dit dans une interview à Echrorouk News. « La colonisation fait partie d’un passé que nous devons regarder en face en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes », a-t-il ajouté.

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Ces déclarations ont soulevé un tollé en France. Critiqué de toutes parts, le leader du mouvement En Marche ! a été forcé de « préciser » son propos.

Il a d’abord indiqué que la définition de crime contre l’humanité n’était pas « réductible aux génocides ». Il a ensuite souligné que « la notion juridique » de crime contre l’humanité est « plus large en droit international comme en droit français ». « Je n’ai pas appelé à une reconnaissance juridique de ce qu’il s’est passé », a-t-il affirmé.

Le président Abdelaziz Bouteflika a rappelé, dans son message de félicitation envoyé ce lundi 8 mai, les déclarations faites en Algérie par Emmanuel Macron. « Votre récente visite à Alger, dans le contexte du lancement de votre remarquable marche vers l’accomplissement de votre haute destinée nationale, a déposé, pour toujours, dans le patrimoine commun de nos deux pays et au-delà, la pétition de principe empreinte de courage politique et de sincérité humaine hors du commun quant à la nature irrécusablement condamnable du colonialisme », a écrit le chef de l’État.

Une manière, probablement, d’inviter le nouveau locataire du Palais de l’Élysée d’aller plus loin dans sa démarche de dénonciation de l’entreprise coloniale. Par exemple, les massacres du 8 mai 1945 en Algérie ne sont toujours pas reconnus en France en tant que tels malgré les appels incessants des Algériens depuis l’indépendance du pays.

En 2010, le film de Rachid Bouchoureb, « Hors la loi », a été attaqué en France pour avoir restitué les scènes de massacre de civils par l’armée coloniale française dans la région de Sétif.

En février 2005, Hubert Colin de la Verdière, alors ambassadeur de France à Alger, s’est rendu à Sétif pour se recueillir devant le mémorial de Saad Bouzid, premier manifestant à tomber sous les balles des soldats français le 8 mai 1945. « Cette tragédie a particulièrement endeuillé votre région. Je veux parler des massacres du 8 mai 1945 : une tragédie inexcusable. Fallait-il, hélas, qu’il y ait sur cette terre un abîme d’incompréhensions entre les communautés, pour que se produise cet enchaînement d’un climat de peur, de manifestations de répression, d’assassinats et de massacres ? », s’est-il interrogé.

C’était la première fois qu’un responsable français évoque « les massacres » de 1945 qui ont eu lieu également à Guelma et à Kherrata (45.000 morts, selon les historiens). Douze ans sont passés après les déclarations courageuses de Hubert Colin de la Verdière sans que la France ne reconnaisse officiellement avoir tué massivement des civils désarmés lors de manifestations nationalistes.

Emmanuel Macron, qui dit être d’une génération qui n’a pas « connu la guerre », fera-t-il ce geste fort en reconnaissant ces crimes et en présentant des excuses ? D’autres dossiers liés à l’histoire attendent aussi le nouveau président français, comme la restitution des archives, la réparation des victimes des essais nucléaires du Sud algérien (les années 1960) et la question des 2000 disparus algériens durant la période coloniale, la plupart après avoir été détenus ou convoqués par la police. Selon le ministère des Moudjahidin, les autorités françaises n’ont reconnu que la disparition de 60 Algériens.

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