Politique

Makri réitère sa proposition de reporter l’élection présidentielle

Le président du MSP livre sa vision de la situation politique à l’orée de la présidentielle de 2019 et énumère les scénarios probables en prévision de cette échéance, parmi lesquels l’entrée en scène de l’armée pour imposer un de ses membres, soit un militaire à la tête de l’État. Une éventualité qu’Abderrazak Makri rejette sans ambages.

« L’armée pourrait intervenir pour imposer un nouveau président et si elle choisit un militaire, cela signifierait le retour à la militarisation de l’État. Même si le candidat de l’armée descend dans l’arène en habit civil, ce serait de la comédie. Nous voulons une personnalité civile à la Présidence. Nous ne voyons pas d’inconvénient à ce que ce soit un ancien militaire reconverti dans la politique depuis longtemps, mais qu’une personnalité saute de son poste de militaire pour se reconvertir subitement en civil qui veut diriger le pays, cela est inacceptable », met en garde le chef du MSP dans un entretien à El Khabar, publié ce lundi.

M. Makri estime qu’en l’absence du président de la République, « il est évident que c’est l’institution militaire qui désignera le prochain président ». « Depuis l’alliance entre le président Benbella et le chef d’état-major Boumediene, le pouvoir de décision est partagé entre l’armée et le président. Si les deux sont sur la même longueur d’onde, les choses se passent normalement, mais lorsqu’il y a désaccord ou cassure, la balance penche en faveur de l’institution militaire », explique-t-il.

Cela dit, M. Makri, se référant aux déclarations publiques des deux parties, ne croit pas qu’il y a une cassure entre l’armée et la présidence en ce moment. Le désaccord, le président du parti islamiste le situe dans l’entourage immédiat du président. « L’absence d’informations sur les intentions du président a fait naître des ambitions dans son entourage. Plusieurs personnalités proches du chef de l’État et soutenues par des cercles d’influence se voient aptes à lui succéder », estime-t-il.

Dans le même ordre d’idées, il explique que les mises en garde contenues dans le dernier discours présidentiel étaient destinées à des parties au sein du pouvoir, ajoutant que « toutes les personnalités du système qui aspirent à succéder à Bouteflika sont des personnalités dictatoriales, qui plus est n’ont aucune compétence pour la gestion de l’économie et constituent un danger pour le pays, pour la démocratie et pour le MSP ».

Allusion à Ahmed Ouyahia ? « Notre avis sur Ouyahia est connu, il n’est pas le seul visé. Quiconque accédera à la présidence sans consensus et avec l’idée d’utiliser l’État pour dominer et se maintenir au pouvoir constituera un danger pour le pays », répond Makri qui persiste à croire que la solution, c’est le « consensus » : « L’idée d’un candidat du consensus est acceptée de tous, par le pouvoir et par une grande partie de l’opposition. Le problème, c’est que nous n’arrivons pas à mettre en œuvre l’idée. Dans l’entourage du président, plusieurs personnalités veulent lui succéder, tandis que dans l’opposition, le débat n’a pas été posé avec acuité à cause du manque de confiance dans les garanties du pouvoir. »

D’où, soutient Makri, la nécessité de reporter la prochaine présidentielle, une idée qu’il a lancée récemment et qu’il explique : « Aller aux élections sans consensus est porteur de dangers. L’idée de consensus est acceptée de tous, mais elle pourrait être contrariée par le manque de temps. C’est pour cela que nous avons proposé l’idée de reporter l’élection présidentielle d’une année au maximum. Cela permettra à toutes les parties de dégager un consensus qui évitera bien des dangers au pays. »


Sur le même sujet :

Les plus lus